La lettre d'abdication de Napoléon Bonaparte est conservée en Arménie

Arts et culture
18.11.2019

L'un des documents historiques les plus importants – la première lettre d’abdication de Napoléon Bonaparte - se trouve en Arménie. Il est conservé dans les archives du Musée de la littérature et des arts Charents d’Erevan.

Le 31 mars 1814, les armées alliées qui s'unirent contre Napoléon entrèrent dans Paris, sous la direction du tsar russe Alexandre Ier. L’empereur français, vaincu, se réfugie au château de Fontainebleau et observe de loin les événements qui se déroulent.

Le 6 avril, après avoir reçu un ultimatum des Alliés exigeant une reddition complète, Bonaparte, qui évalue sobrement la situation, ne dort pas toute la nuit. A l'aube, il lit un court texte écrit de sa main au sujet de son abdication et le signe.

« Les puissances alliées ayant proclamé que l’empereur Napoléon était le seul obstacle au rétablissement de la paix en Europe, l’empereur Napoléon, fidèle à son serment, déclare qu’il renonce, pour lui et ses héritiers, aux Trônes de France et d’Italie, et qu’il n’est aucun sacrifice personnel, même celui de la vie, qu’il ne soit prêt à faire à l’intérêt de la France. », écrit Napoléon dans la lettre conservée en Arménie.

Le certificat dactylographié en russe joint à la lettre montre l’itinéraire de ce document.

Selon des chercheurs, cette version de la lettre d'abdication aurait été conservée pendant des années dans les archives impériales russes, puis remise au général Astafiev. Des archives de la famille Astafiev, le document historique été vendu au bibliophile Prince Argutinsky de Tbilissi, puis au musicologue Vasili Korganov.

Après la mort de Korganov, ses riches archives documentaires ont été données à la bibliothèque nationale, à partir de laquelle la lettre de Napoléon et plusieurs autres documents historiques ont été transférés au musée Musée de la littérature et des arts Charents.

« Vous savez qu'en signant une lettre d’abdication, le chef d'un Etat envoie des copies de son texte à plusieurs dirigeants de son temps. Le document qui se trouve maintenant dans notre musée ne faisait pas exception et je ne pense pas que ce soit le seul exemplaire. », dit Mme Marine Musheghyan, chercheur principal du musée.

« Il y a quelques années, une étude a été menée pour vérifier l'authenticité de ce document. Mais aucune réponse finale absolue n'a été reçue », a déclaré l'expert.

Et le philologue, traducteur Artsvi Bakhchinyan, qui étudie ce document depuis environ 20 ans, a souligné : « Un échantillon de papier a été examiné, à partir duquel il a été conclu qu'il s'agissait d'un duplicata, mais comme son original n'existe pas, il a reçu le statut de l'original ».

Quant au fait que cette lettre d’abdication de Napoléon, après avoir erré dans le monde entier, ait atteint l’Arménie, Bakhchinyan ne le trouve pas étrange. Vasili Korganov possédait une grande collection de manuscrits. Il a ensuite vendu une grande partie de cette collection pour gagner sa vie.

« Il y a des gens qui aiment acheter et collectionner des manuscrits, tout comme certains aiment collectionner des peintures. Passé de main en main, ce document est parvenu à Korganov, puis est arrivé ici », explique M. Bakhchinyan.

Les experts ont du mal à dire à qui cette copie de l'abdication a été adressée, car il n'y a pas de destinataire dans la lettre. D’après l’une des versions, c’est le brouillon de la lettre.

Mais le fait qu’un des exemplaires du texte de l’abdication de Napoléon se trouve en Arménie est quelque peu symbolique. De nombreux faits historiques témoignent des liens de Napoléon avec des personnalités arméniennes.

« Il convient de souligner le fait qu'après la conquête de l'Italie, après avoir dissous toutes les organisations religieuses et tous les syndicats, il a fait l'unique exception pour la Congrégation des pères Mékhitaristes, en appréciant son caractère scientifique et académique. Ceci est un fait beaucoup plus important que l’origine arménienne de l’un de ses maréchaux - Joachim Murat », dit M. Bakhchinyan.

Il ajoute : « Nous sommes une nation qui a toujours été en contact avec le monde, et nous ne devrions pas être surpris que nos archives contiennent également des manuscrits de Beethoven, Goethe, Balzac, Pouchkine et autres ».

Les valeurs conservées dans les fonds arméniens, selon Bakhchinyan, devraient être considérées comme un trésor national, dont la société devrait être consciente.

D’après Armenia Im