"Aurora’s sunrise" au Festival du film d’animation d’Annecy

Arts et culture
09.05.2022

Une animation documentaire de 96 minutes sur la vie et d’Aurora Mardiganian, l’une des stars les plus représentatives de l’âge d’or du cinéma muet, a été sélectionnée pour sa première internationale au Festival international du film d’animation d’Annecy du 13 au 18 juin prochain. Intitulée "Aurora’s sunrise", elle participera au programme du concours de films.

Par Lusine Abgarian

Réalisé par Inna Sahakyan et une équipe arménienne, cette coproduction arménienne allemande et lituanienne s'est donné l’objectif d’assurer une perspective internationale au récit du film, l’odyssée d’Aurora Mardiganian, une jeune survivante du génocide des Arméniens. Le film se prête aussi à la sensibilisation à la question du négationnisme de ce génocide à travers un angle de vue différent, car à ce jour, comme le remarque la réalisatrice « les représentations arméniennes du génocide sont très auto-victimisées et fatalistes ». La présence de l’équipe internationale a aidé à apporter un autre regard à cette histoire, à en transcender les tropes sans altérer pour autant l’histoire d’Aurora.

Ayant traversé la marche de la mort avec sa famille, Aurora Mardiganian, cette jeune fille de 14 ans, passe par l’enfer de l’esclavage sexuel et réussit à s’en échapper grâce à son courage, sa détermination et son intelligence. Elle s’enfuit vers les Etats-Unis. De là-bas, elle parlera des horreurs que son peuple avait traversées, d’abord à travers son témoignage écrit qui ne tardera pas de devenir un scénario de film, où, elle-même, incarnera son propre rôle. « Aurora est devenue une célébrité majeure et le visage du plus grand personnage dans la campagne humanitaire de l'histoire des États-Unis. Mais sa forte ascension vers la gloire avait un côté sombre. Elle ne jouait pas devant la caméra - elle revivait les plus sombres traumatismes imaginables. Et son choix de le faire, sa volonté d'y aller à travers l'enfer, pour sensibiliser et aider à sauver son peuple, a été opportunément exploitée par la machine hollywoodienne », rappelle le synopsis du film d’animation.

Pourtant, « elle refusa de devenir un objet d’histoire », note la réalisatrice de l’animation. Et c’est ce caractère-là, celui d'une jeune fille, qu’Inna Sahakyan a essayé d'illustrer. Croisant plusieurs médiums, la réalisatrice confie avoir souhaité créer un film accompagnant le public au-delà des faits froids du génocide. « La pièce maîtresse est l'animation, qui redonne vie à l'histoire oubliée d'Aurora. Elle communique non seulement ses couleurs, mais aussi ses odeurs, ses goûts et ses textures. Au-delà de la reproduction des événements, elle les interprète comme notre cerveau le fait avec les souvenirs, permettant aux symboles et aux motifs de parler au cœur ».