Résilience culturelle arménienne – un projet défendu par KASA

17.09.2025
Complément spécial KASA

A travers son projet de revalorisation du patrimoine culturel immatériel, KASA a voulu mettre en place des moyens concrets pour préserver, transmettre et revitaliser la richesse arménienne à travers la responsabilisation d’une jeunesse qui continuera de porter cette ambition avec fierté.

 

Par Béatrice Ramos

De fait, donner aux Arméniens les moyens de se réapproprier leur identité culturelle se révèle essentiel pour faire face à des défis tels que les transitions sociétales, la mondialisation, et l’instabilité géopolitique actuelle, qui menacent le patrimoine culturel immatériel du pays. Il s’agit de protéger les traditions orales, la musique, l’artisanat, et d’autres pratiques historiques qui forgent l’identité arménienne et renforcent sa résilience.

Fortement impliquée dans le domaine éducatif, la Fondation KASA a mis en place ce projet après avoir constaté que les écoles et les enseignants ne disposent pas des moyens nécessaires pour mettre en action la réforme scolaire visant à transmettre une compétence culturelle aux élèves à travers les différentes matières enseignées comme le préconisait pourtant la réforme culturelle étatique. Elle a donc proposé un certain nombre d’outils et de méthodes pédagogiques, aussi novateurs que attrayants.

 

Un projet effectif : entre participants engagés et créations méthodologiques innovantes

De janvier à août 2025, durant ces 8 mois de travail acharné, la fondation KASA est parvenue à traduire de manière concrète et mesurable les objectifs qu’elle s’était fixée :

 

            1. Sensibiliser à l’importance du patrimoine culturel immatériel (PCI).

Grâce à des campagnes vidéos suivies par des milliers de personnes et à l’implication du ministère arménien de la Culture, le projet a permis d’ancrer le PCI au sein de la société, en sensibilisant tant les adultes que les jeunes. Une enseignante rapporte désormais « Tout ce que je vois je le vois à travers le prisme de la culture », tandis qu’une élève affirme que « la culture est le voix de notre identité. Elle est vivante si nous la transmettons ».
 

            2. Former une génération de jeunes ambassadeurs.

Dix équipes issues de régions variées, y compris des communautés déplacées d’Artsakh, ont travaillé sur des projets locaux, touchant plus de 200 jeunes. Comme l’atteste ce témoigne : « Nous repartons d'ici avec la grande responsabilité d'être les dignes enfants de notre culture », ces initiatives ont renforcé l’appartenance et la fierté identitaire des participants.

 

            3. Utiliser des méthodes créatives pour promouvoir le PCI.

Du documentaire à la photographie, de la cartographie communautaire aux jeux éducatifs, en passant par la création d’un livre illustré pour enfants intitulé Un peuple né de la pierre , le projet a montré que la culture peut se transmettre par des voies à la fois modernes et ludiques.

           

             4. Renforcer les capacités des enseignants à transmettre la compétence culturelle via des méthodes non formelles.

Un point fort de l’identité de la fondation KASA repose sur l’importance accordée à l’éducation informelle comme méthode de transmission efficace, engageante, et ludique. C’est ainsi que les 20 enseignants sélectionnés parmi 140 candidats ont bénéficié de formations et de webinaires spécialisés. Ensemble, ils ont co-créé quinze outils pédagogiques innovants désormais diffusés à un large réseau éducatif.
 

            5. Favoriser la transmission intergénérationnelle.

Les jeunes et les enseignants ont œuvré ensemble, aux côtés d’experts et de porteurs de traditions, pour vivre directement des rituels et fêtes ancestraux. Le livre illustré intègre même des conseils aux parents, prolongeant la transmission au sein des familles. Ces actions ont eu un impact réel en rendant les participants conscients de l’importance de la transmission comme le raconte une enseignante qui s’est mise « à parcourir le village, à parler aux personnes âgées, à leur demander de raconter leur vie, les traditions, leurs histoires », convaincue que le patrimoine culturel doit être honoré.

 

            6. Célébrer la diversité culturelle.

Le festival de clôture a rassemblé plus de 200 personnes autour de danses, chants, contes, ateliers et expositions, illustrant la pluralité du patrimoine arménien, y compris celui des minorités yézidies et des déplacés d’Artsakh.

 

Festival de clôture : Relier les générations

Le 16 juillet 2025, la fondation KASA a donc organisé au musée Komitas à Erevan le festival de clôture du projet sous l’intitulé Relier les générations. Cet événement, qui a rassemblé près de 200 participants – jeunes, enseignants, experts, représentants institutionnels et membres du corps diplomatique – a été l’occasion de présenter les résultats du programme et de mettre en lumière les productions réalisées.

 

 

Des ateliers, des expositions et des démonstrations se sont succédé : l’Église comme acteur de la préservation culturelle, les mythes arméniens pour petits et grands, les jeux nationaux, ou encore l’apprentissage de danses traditionnelles avec l’ensemble « Karin ». Les jeunes et les enseignants y ont présenté leurs projets, allant de jeux de piste culturels à des contes illustrés, en passant par des créations artistiques, donnant au public un aperçu concret de la richesse et de la diversité du patrimoine vivant de l’Arménie. Parmi les moments marquants, Zara Lavtchian, cheffe de projet à KASA à Erevan, a animé un atelier consacré aux légendes arméniennes. Chaque récit était accompagné de ressources pédagogiques à destination des enseignants et des parents, afin de leur offrir des outils pour expliquer le sens symbolique de ces histoires.

Ce festival a incarné l’esprit du projet : unir les générations, croiser les savoirs et renforcer la fierté identitaire autour d’une culture en constante réinvention. Les stands animés par les équipes régionales ont permis de (re)découvrir des traditions parfois méconnues hors de leur territoire d’origine : costumes, dialectes, gastronomie ou récits populaires. La question de la langue, et notamment du dialecte d’Artsakh, a occupé une place centrale, soulignant l’urgence de protéger ce patrimoine menacé. À travers ces échanges et présentations, l’événement a montré que le patrimoine culturel immatériel n’est pas seulement à préserver mais aussi à vivre et transmettre.

 

KASA a également réalisé une vidéo sur ce projet : (3109) Relier les générations : un film final du projet - YouTube
 

 

Un projet qui ne fait que commencer

C’est ainsi que s’est achevé ce projet de huit mois d’efforts collectifs mis en place grâce aux efforts de Zaruhi Lavchyan, Ani Ghazaryan, Milena Avertisyan, Lilit Simonyan, Lusine Saghatekyan, Narine Teknejyan, Vahram Petrosyan, Ani Ghasaryan, de tous les enseignants, élèves, et intervenants extérieurs, professionnels, experts.

Toutefois, pour que perdure cette dynamique qui contribue à faire rayonner le patrimoine culturel arménien, il est fondamental de continuer et de développer ce projet. KASA invite tous ceux qui souhaitent s’investir à les rejoindre en tant que volontaires pour contribuer concrètement à la préservation et à la transmission de ces trésors culturels. 

 

Pour information :

Site de la fondation KASA : kasa.am

Pour contribuer à des projets significatifs et concrets, vous pouvez faire un don à la fondation en suivant ce lien : dons-kasa.ch -