L’université Brusov fête ses 90 ans en musique

Ֆրանկոֆոն Հայաստան
26.11.2025

La salle de concert Aram Khachaturian de l’Opéra d’Erevan a réuni, lundi 24 novembre, les amis de l’université Brusov pour célébrer ses 90 ans. En presque un siècle d’existence, l’établissement peut se prévaloir d’une riche histoire et de glorieuses figures.

 

Par Marius Heinisch 

Cérémonie-anniversaire

Pour ses neuf décennies d’existence, Brusov a décidé de marquer le coup. Le bâtiment de l’Opéra, construit sur plan de l’architecte Tamanian en 1933, date de la même période que l’université Brusov. Il accueillait, lundi 24 novembre au soir, officiels de la diplomatie comme personnalités de la société civile, pour un concert de l’orchestre philharmonique. 

Avant de laisser la scène aux musiciens, le vice-Premier Ministre de la République d’Arménie et la Ministre de l’Education, de la jeunesse et des sports, ont pris chacun la parole pour renouveler leur engagement aux côtés de cette institution publique, précieuse pour la formation des jeunes esprits arméniens. 

 

90 ans et des changements

La longue histoire de l’université Brusov est une histoire en mouvement. Fondée en 1935, elle propose initialement des formations en deux ans à la langue russe - particulièrement utile dans la décennie où le pays se soviétise à toute vitesse. Rapidement, l’affaire grandit. Victime de son succès, l’établissement devient un Institut des langues, ajoutant à son offre l’Allemand, l’Anglais et le Français.

C’est en 1962 que l’université prend le nom de Brusov, en l’honneur du poète et traducteur Valery Brusov. Bien que d’origine russe, celui-ci jouit en effet d’un grand prestige en Arménie pour avoir rendu,  en russe, le poème épique David de Sassoun.
 


Portrait de Valery Brusov par Sergueï Malyutin

Pour le faire connaître aux étudiants, les locaux de l'université abritent un musée en son honneur. On y peut découvrir la vie et l'œuvre d’un homme curieux, érudit, lecteur aussi bien de Darwin que des symbolistes français, et dont l’activité œuvra pour le rapprochement entre les peuples. Plusieurs de ses manuscrits attestent de son goût pour la littérature arménienne. 

A côté de sa figure tutélaire, l’université Brusov peut aussi s’enorgueillir de grands alumnis. Parmi eux, mis en avant par le film projeté à l’Opéra, Gevork Vartanian, espion de l’URSS, dont l’action a empêché le IIIe Reich d’éliminer, à la conférence de Téhéran en 1943, Staline, Churchill et Roosevelt... 

 

Université polyglotte

Aujourd’hui, l’université Brusov peut se prévaloir de 20 langues au catalogue de sa formation, dont l’enseignement est assuré aussi bien par des professeurs arméniens que des étrangers, natifs de la langue qu’ils professent. Par exemple, la bibliothèque autrichienne fait la part belle à la culture germanique, permettant à des chercheurs et enseignants originaires d’Allemagne, de Suisse et d’Autriche de découvrir l’Arménie.

Mis en valeur lors de la cérémonie-anniversaire, les alumnis de Brusov exercent pour la plupart, en cohérence avec leurs études, dans les domaines de la traduction et de la linguistique. Leur diversité vient de leur lieu de résidence : grâce à leurs compétences en langues, beaucoup d’entre eux vivent désormais hors des frontières de l’Arménie. De quoi donner corps à la devise de Brusov, « Une fenêtre ouverte sur le monde ».