C'est en fait depuis Copenhague, au Danemark, où se tient depuis hier, 14 mai, le "Sommet de la démocratie", que le Premier ministre a tenu un discours intitulé "Depuis la ligne de front : la défense de la démocratie par l'Arménie".
« Chers participants au Sommet de la Démocratie de Copenhague,
Mesdames et Messieurs,
C'est un honneur pour moi de pouvoir partager avec vous les défis auxquels la démocratie arménienne est confrontée. La bonne nouvelle est que la démocratie est devenue une réalité en Arménie. Mais qu'est-ce que la démocratie réelle a changé pour les citoyens arméniens ?
Avant la Révolution de velours de 2018, les élections étaient généralement accompagnées de fraudes électorales massives. Les citoyens n'étaient pas convaincus qu'ils avaient une chance réelle d'élire et de former le Parlement et le Gouvernement.
Aujourd'hui, la situation est totalement différente, les citoyens savent qu'ils sont suffisamment puissants pour décider. Les deux élections générales qui ont eu lieu en Arménie après la Révolution de velours ont été reconnues comme démocratiques, libres et compétitives tant par la société arménienne que par la communauté internationale.
L'Arménie a fait d'énormes progrès dans le renforcement des institutions démocratiques. Une réussite qui se reflète très bien dans divers indices de démocratie réputés. L'Arménie occupe désormais la 43e place dans l'indice de liberté d'expression de Reporters sans frontières, alors qu'elle était 79e en 2017. Classé comme ayant un internet partiellement libre en 2017 par Freedom House, nous bénéficions désormais du statut de pays avec un internet libre. Dans l'indice de perception de la corruption de Transparency International, l'Arménie se situe désormais à la 62e place au lieu de la 107e en 2017. Dans l'indice de démocratie de l'Economist Intelligence Unit, nous sommes maintenant 84e contre 111e en 2017.
Pour évaluer ces progrès, il est essentiel de noter que, parallèlement aux réformes démocratiques, l'Arménie a été confrontée aux défis de la sécurité extérieure. La guerre de 44 jours dans le Haut-Karabakh, l'invasion des troupes azerbaïdjanaises dans les territoires souverains de l'Arménie en 2021 et 2022 et l'occupation de plus de 200 kilomètres carrés de territoires arméniens dans l'indifférence et l'inaction de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), le déplacement forcé de plus de 100 000 Arméniens du Haut-Karabakh ont semé le doute parmi les citoyens arméniens, à savoir si la démocratie est le bon choix ou si la démocratie signifie moins de sécurité ?
La démocratie doit donc prouver son efficacité face aux défis sécuritaires, économiques et humanitaires. Nous espérons que la démocratie mondiale sera à nos côtés pour relever tous ces défis. Nous nous réjouissons du déploiement de la mission d'observation de l'UE le long de la frontière entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Et nous saluons la décision de l'UE d'étendre ses capacités. D'autre part, nous espérons que l'Arménie sera incluse dans la Facilité européenne de soutien à la paix et, à cet égard, nous comptons sur le soutien de tous les États membres de l'UE.
Une nouvelle série d'engagements visant à renforcer la résilience économique de l'Arménie, les institutions de l'État et à répondre aux besoins humanitaires des réfugiés du Haut-Karabakh a été prise par l'Union européenne et les États-Unis lors de la réunion de haut niveau entre la présidente de la Commission européenne Ursula von der Layen, le secrétaire d'État américain Antony Blinken et moi-même, qui s'est tenue le 5 avril à Bruxelles.
La mise en œuvre rapide et efficace de ces engagements est de la plus haute importance.
Mesdames et Messieurs.
Malgré tous les défis, nous pensons que le véritable compagnon de la démocratie, celui qui y aspire le plus, est une paix durable. Et mon gouvernement a pris sa part de responsabilité à cet égard. Récemment, nous avons conclu un accord avec l'Azerbaïdjan pour commencer la délimitation de nos frontières interétatiques sur la base de la déclaration d'Alma Ata de 1991.
Cela signifie qu'au cours de la délimitation, nous devrions simplement reproduire les frontières administratives entre l'Arménie soviétique et l'Azerbaïdjan soviétique, qui sont devenues des frontières d'État conformément à la déclaration d'Alma Ata. Le début de la délimitation des frontières est la mise en œuvre de l'accord conclu lors de la réunion quadrilatérale du 6 octobre 2022, entre le président de la France Emmanuel Macron, le président du Conseil européen Charles Michel, le président Aliyev de l'Azerbaïdjan et moi-même. Il est maintenant temps d'incorporer et de refléter ces accords dans le traité de paix et de le faire signer.
Un autre élément clé pour notre stabilité régionale est le projet "Carrefour de la paix", initié par mon gouvernement. Ce projet implique que l'Arménie et l'Azerbaïdjan rétablissent et ouvrent les transports et autres communications conformément à la souveraineté et à la juridiction des pays qu'ils traversent, et qu'ils respectent les principes d'égalité et de réciprocité. Ces éléments du concept ont été convenus lors de la réunion du 15 juillet 2023 entre le président de l'Azerbaïdjan et moi-même, facilitée par le président du Conseil européen Charles Michel, et sont reflétés dans la déclaration publique faite par le président Michel à la suite de la réunion. Nous sommes prêts à mettre en œuvre ce qui a été convenu.
La démocratie est une stratégie pour l'Arménie. C'est la démocratie à laquelle nous croyons, c'est la démocratie dans laquelle nous vivons ».