"Femmes de tête, femmes d’action" : on parle développement durable à l’UFAR

Complément spécial UFAR
17.03.2023

Au lendemain de la Journée internationale des droits de femmes, le 9 mars, l’UFAR, en partenariat avec l’Institut français d’Arménie, organisait la troisième édition de sa table ronde "Femmes de tête, femmes d’action", consacrée cette année aux initiatives féminines dans le domaine du développement durable.

Par Lusine Abgaryan

 

Le choix du sujet n’était pas anodin : « l'UFAR est membre de la chaire UNESCO de l'université de Bordeaux sur le développement durable », a expliqué sa rectrice, Salwa Nacouzi, tout en rajoutant, non sans humour, que la discussion était bien sûr dédiée « non pas aux femmes comme objets du développement durable, mais aux actrices du développement durable ».

Invitée à la rencontre, l’Ambassadrice de France en Arménie, Anne Louyot, a présenté les actions de la politique étrangère française inscrites « au cœur du 5e objectif du développement durable définit par l’ONU, celui de l'égalité entre les sexes, nécessaire pour l'instauration d'un monde pacifique. Si de par le monde, 70 % des personnes vivant en-deçà du seuil de pauvreté sont des femmes, elles sont aussi deux fois plus nombreuses que les hommes à s’impliquer sur des projets qui concourent à la lutte contre le changement climatique et à l’amélioration de la situation de l’environnement », a dit l’Ambassadrice. « Elles doivent donc être encouragées et soutenues dans leurs projets, souvent innovants. Plus de la moitié des projets financés par l’Agence française de développement associent parité et développement durable ». Anne Louyot a également tenu à souligner que l’Ambassade de France en Arménie apporte, pour sa part, un soutien aux ONG qui se mobilisent contre les violences faites aux femmes, ainsi qu'aux projets ayant trait à la santé des femmes et à leur sécurité.

La représentante permanente de l’UNDP (United Nations Development Program) en Arménie, Natia Natsvlishvili, invitée spéciale de la rencontre, a tenu à illustrer l’essence de la notion du développement par les propos d’Amartya Sen, lauréat du prix Nobel en économie en 1998. « Le développement est une liberté, c’est la possibilité de choisir ce que l'on veut faire, l’éducation que l'on veut recevoir, qui l'on veut être dans la vie, qui doit être ton gouvernement, etc. ».

En évoquant la question de l’égalité entre homme et femme en Arménie, la représentante de l’UNDP a noté leur faible participation à la vie politique et économique du pays. Bien que la situation se soit améliorée ces dernières années avec 30% de femmes parlementaires, il y a quelques années encore, elles n'étaient que 3%. « Tant que la moitié des sièges n'est pas atteinte, on ne peut pas parler d’égalité », soutient Natia Natsvlishvi. La raison, selon elle, est que le rôle de la femme dans la société arménienne reste encore prédominé par la famille et une implication dans la vie politique à plein temps n’est pas toujours un choix réalisable. « Les stéréotypes demeurent aussi : la politique n’est pas une place pour les femmes, c’est une occupation ingrate, difficile, etc. Mais c’est une vision erronée car la femme apporte beaucoup de valeur à la politique, des opinions différentes de celles des hommes. Les femmes privilégient l’équilibre et le calme dans les négociations de paix », dit-elle.

Dans l’économie non plus, l’implication des femmes n’est pas plus flagrante. Selon les statistiques évoquées, plus de la moitié de femmes qui font des études supérieures et qui ont de meilleurs résultats que les hommes, n’entrent pas sur le marché de travail : « C’est une grande perte pour elles, pour leurs familles et pour le pays », affirme-t-elle.

Les trois invitées ont évoqué les projets de développement durable dans lequels elles sont engagées et qu'elles essaient de promouvoir en Arménie, l’écologie pour Yana Mkrtchyan, fondatrice et directrice d' "EcoHub" pour le  développement durable et la citoyenneté active, l’entreprenariat des femmes pour Zara Ohanyan, analyste senior et coordinatrice du programme "Femmes d'affaires en Arménie'' pour la "Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), et enfin l’urbanisme pour Gayané Melkom Melkomyan, adjointe au Maire d’Erevan de  2020 à 2022 et co-fondatrice de l'initiative "Nous sommes les maitres de cette ville".