Avec sa promotion 2025, l’Université française en Arménie célèbre les vingt-cinq ans de son existence

Complément spécial UFAR
22.09.2025

La remise de leurs diplômes à la promotion Komitas de l’Université française en Arménie a coïncidé cette année avec les vingt-cinq ans de l’établissement. L’occasion de jeter un regard rétrospectif sur cette réussite franco-arménienne.

 

Par Marius Heinisch

Il n’est pas encore treize heures mais l’Opéra national d’Erevan bruisse déjà. De part et d’autre de son seuil, dans ses travées, les étudiants presque diplômés se font photographier par leurs familles et leurs amis avec leur tenues d'apparat (on les reconnaît immédiatement à leur chapeau carré), pendant que bavardent en petites grappes diplomates, professeurs et personnels des universités. C’est que l’Université française en Arménie (UFAR) ne remet pas seulement, ce 16 septembre, leurs diplômes à sa promotion 2025 : elle célèbre par la même occasion ses vingt-cinq ans d’existence.

La vaste salle du Théâtre d’Opéra et de Ballet se remplit paresseusement, mais non sans respecter un plan d’occupation serré. Face à une batterie de photographes aux appareils crépitants, les deux premiers rangs du parterre sont occupés par les officiels : hauts-gradés de la diplomatie, représentants de l’Etat arménien et de l’université Lyon III, personnalités diverses de la société civile. Les rangs suivants composent une dense forêt de chapeaux carrés, chacun recouvrant la tête d’un futur diplômé. Puis viennent la fin du parterre et le balcon et leur population hétéroclite de familles, amis et curieux en tous genres.

 

Un roulement de tambour annonce le début des festivités. La salle se lève d’un bond au son des hymnes nationaux arménien puis français, et le silence se fait. Mme Salwa Nacouzi, rectrice de l’UFAR est la première à monter sur scène. Encadrée par les trois étendards arménien, français et européen, elle amorce un discours en français. Elle y félicite la promotion Komitas - en hommage à Vardapet Komitas (1869-1935), prêtre et musicien arménien - pour l’obtention du diplôme qui vient achever leur cycle ’études à l’UFAR. Outre les habituelles formules de félicitations, elle adresse aux diplômés 2025 une requête : conserver la mémoire des étudiants de l’UFAR, leurs camarades, tombés au combat en 2020 dans la guerre contre l’Azerbaïdjan. Dans son propos, l’accent est mis sur la responsabilité qui incombe aux “ufariens” d’hier et d’aujourd’hui dans la participation au bien commun de la société arménienne.

 

A sa suite se succèdent à la tribune M. Artur Martirosyan, vice-ministre de l'Éducation, Xavier Richard, conseiller de coopération et d’action culturelle à l’Ambassade de France en Arménie et Ludovic Pailler, vice-président de l’Université de Lyon III. Tous trois insistent sur le rôle central de l’UFAR dans le lien qui unit les peuples français et arménien. Ils annoncent aussi une nouvelle ère à venir, dans laquelle les progrès de l’intelligence artificielle auront bouleversé en profondeur le monde professionnel, et appellent les étudiants de l’UFAR à en être conscients, à saisir ce bouleversement comme un défi, leur indiquant que leur formation fait d’eux les acteurs privilégiés de ce nouveau monde.

Plusieurs enseignants et étudiants, issus des toutes les facultés se font remettre un prix des mains de Mme Nacouzi, à l’issue du vote de leurs pairs. Une prise de parole des partenaires commerciaux de l’UFAR retarde encore un peu le moment tant attendu : voilà enfin, un à un, les étudiants de la promotion 2025 qui se succèdent sur scène pour y recevoir, des mains de Mme Nacouzi, le diplôme auquel ils ont consacré tant d’efforts.

La salle se vide alors pour mieux remplir le Hall, où flûtes de champagne et macarons à volonté font une ambiance de fête. Une ultime photo en tenue devant les kakémonos des partenaires, et les étudiants ôtent chapeaux et capes, redescendent par les grands escaliers de marbre, toujours en troupes. Déversés sur le parvis de l’Opéra, ils viennent de terminer leurs études.

Qui l’emporte, entre la fierté et la mélancolie ? Interrogée, Astrikh (son prénom a été modifié à sa demande) exprime son soulagement. “Les études à l’Université française sont très exigeantes. Je suis heureuse d’avoir réussi à les achever, même si je ne me rends pas encore compte que c’est vraiment fini. Dans quelques semaines, la vie d’étudiant me manquera peut-être.” Diplômée de la faculté de marketing, Astrikh a déjà une promesse d’emploi dans une grande banque arménienne. “Je ne regrette pas d’avoir choisi l’UFAR. C’est un avantage pour trouver facilement un emploi.” Le taux d’employabilité des anciens étudiants, fer de lance de la communication ufarienne, s’élève à plus de 97% en sortie d’études - M. Martirosyan n’avait pas manqué de le rappeler dans son allocution. La scolarité à l’UFAR est souvent vue comme un investissement sur le futur par les familles d’étudiants. C’est le cas des parents d’Astrikh, venus assister à la cérémonie.

 

A l’UFAR, les cohortes d’étudiants se succèdent ainsi depuis déjà vingt-cinq ans. Issue d’une décision bilatérale des gouvernements français et arménien en 1998, l’université a accueilli ses premiers étudiants lors de la rentrée 2000. Elle ne proposait alors que trois parcours, en droit, gestion et marketing ; il y en a aujourd’hui deux de plus en licence, avec la finance, l’informatique et un tout nouveau cursus en master autour de l’intelligence artificielle. Le total des étudiants dépasse les deux mille. L’université est donc une réussite aussi bien diplomatique qu’académique, La formation est désormais reconnue dans tout le pays, aussi bien pour les qualités professionnelles que pour l’excellence linguistique des étudiants.

 

En effet, non seulement chaque “ufarien” suit des cours de français - et, à partir de la troisième année, des cours de spécialité en français, assurés par des professeurs des universités partenaires de Lyon III et Toulouse - mais il est aussi vivement incité à apprendre d’autres langues, comme l’anglais, l’allemand ou l’espagnol. Le diplôme de l’Université française en Arménie permet l’emploi aussi bien en Arménie qu’à l’étranger. Pour autant, la plupart des anciens étudiants travaillent en Arménie.

Créée il y a vingt-cinq ans comme une petite université francophone, l’UFAR est aujourd’hui l’un des fleurons de l’éducation supérieure en Arménie et fournit chaque année, aux grandes entreprises et administrations publiques arméniennes, un contingent de cadres compétents et ambitieux. Elle propose même, depuis 2016, des doctorats à certains étudiants.Mais le chemin parcouru n’efface pas les ambitions pour le futur : sont prévus, pour les prochaines années, l’intégration de formations à l’intelligence artificielle dans tous les cursus, et le développement du réseau alumni, de plus en plus important, au travers d’événements ciblés. Le slogan répété tout au long de l’événement, “votre avenir est notre mission”, résonne comme un gage de confiance de l’Arménie envers sa jeunesse.