La ministre française de la Culture réaffirme le lien « très spécial » de l'Arménie et de la France

Actualité
27.10.2023

Une délégation très éclectique et "multisectorielle" menée par la  ministre française de la Culture, Rima Abdul-Malak, est en visite officielle de deux jours en Arménie.

Par Olivier Merlet

 

Après le volet diplomatique et le déplacement à Erevan de Catherine Collona au début du mois, celui de la défense avec les accords de Paris la semaine dernière, c'est à travers la culture cette fois que la France déploie ses énergies pour poursuivre et réaffirmer haut et fort le renforcement de ses liens avec l'Arménie.

A la tête d'une délégations de onze personnes dont elle-même, Rima Abdul-Malak, la ministre française de la Culture est arrivée hier, 26 octobre, à Erevan pour une visite de travail de deux jours avec son homologue arménienne, Zhanna Andreasyan, et les autorités du pays. Des artistes de la musique, de la danse, du théâtre et du cinéma, dont Simon Abgarian et André Manoukian, la directrice du Louvre, Laurence des Cars, des parlementaires et des politiques, tous les secteurs de la culture et des arts français sont représentés, « pour engager avec l'Arménie de nouvelles pistes de coopération et consolider celles qui existent ».

Au cours d'une conférence de presse commune des deux ministres au musée-institut du Matenadaran, Rima Abdul-Malak a ainsi annoncé le jumelage entre la Maison Carrée de Nimes et le temple de Garni qui devrait permettre de soutenir la candidature à son inscription au registre du patrimoine mondial de l'UNESCO. « Nous allons poursuivre tous les projets de soutien au patrimoine et à la formation de ses personnels, des restaurateurs, en coopération entre nos musées », a continué la ministre, « nous allons aussi créer une nouvelle coopération entre nos deux Centres nationaux de cinéma pour des échanges et des expertises communes ». Dans le domaine de la danse, la France va également accompagner la collaboration du ballet Preljocaj, basé à Aix-en-Provence et de l'Ensemble national de Danse d'Arménie. « D'autres idées dans le domaine du théâtre et de la musique sont en train de naître de ce voyage, elles mettront quelques semaines à se concrétiser mais les pistes sont tracées ».

À ce titre, l'année 2024 marquera « une année particulièrement exceptionnelle pour les relations franco-arméniennes », selon la ministre française, dont celle notamment des centenaires de Charles Aznavour et de Sergeï Paradjanov qui donneront lieu à l'organisation dans les deux pays de plusieurs évènements et manifestations. De même, le 21 février 2024, l'entrée au Panthéon de Missak Manouchian sera retransmise à la télévision française et relayée en Arménie, comme témoignage  « de toutes les valeurs communes qu'elle incarne ». Enfin, notant la tenue en France du Sommet de la Francophonie à l'automne 2024 et le nombre croissant d'apprenants du français en Arménie, Rima Abdul-Malak a promis son appui au développement de ce secteur.

La question du patrimoine historique et culturel du Haut-Karabagh n'était pas absente échanges des deux ministres. Bien au contraire, celle-ci était même au centre de toutes les attentions. Zhanna Andreasyan a rappelé les efforts de l'Arménie pour «trouver des mécanismes internationaux efficaces qui contribueront à garantir leur protection». «Malheureusement », note-t-elle ,« depuis 2020, il n’est plus possible d’envoyer de mission de recherche au Haut-Karabakh, qui serait en mesure de répertorier sur place le patrimoine culturel ». La ministre arménienne a par ailleurs souligné que dans un Karabagh désormais vidé de sa population arménienne,  les menaces se sont encore aggravées au regard « de plus de 5 000 monuments et 20 musées restés sur le territoire ».

Rima Abdul-Malak a fait part de ses « très grandes préoccupations par rapport à ce sujet ».  Une demande officielle a été transmise par ses services à l'UNESCO dans l'espoir que celle-ci obtienne enfin l'autorisation de visiter la zone et de procéder au recensement de l'intégralité de ce patrimoine. « Je me suis engagée à tout faire » a-t-elle assuré de nouveau, « nous tous, ministres en France, pour peser de tout notre poids dans les discussions internationales pour qu'une vigilance totale soit observée quant à la préservation de ce patrimoine ». Elle a également évoqué la présence au sein de sa délégation de Valery Freland, directeur exécutif de "l' ALIPH (Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones en conflit), qui procède actuellement à la digitalisation des monuments et vestiges d'Artsakh. « ALIPH a pu les identifier grâce à des images satellite. La base de données existe déjà illustrant leur état actuel pour prévenir de leur éventuelle dégradation ».

« Nous avons des coopérations culturelles avec des beaucoup de pays dans le monde mais l'Arménie et la France ont un lien vraiment très spécial. Il revêt une âme particulière, une sensibilité particulière et une dévotion particulière », a souligné la ministre française de la Culture. « Comme vous le voyez, nous avons beaucoup de projets pour consolider notre relation. Elle puise dans l'histoire profonde de nos deux pays et regarde l'avenir en pensant à la jeunesse », a-t-elle conclu.