C’est dans la cité de Tsaghkadzor, au cœur des montagnes d’Arménie, que se sont déroulées les 47e Assises de l’Union internationale de la Presse francophone (UPF). Près de 270 journalistes venus d’Europe, d’Afrique et d’Asie ont, du 9 au 12 octobre, débattu autour de la thématique des « Médias et migrations ».
Par Tigrane Yégavian
Dans les couloirs feutrés de l’hôtel Marriott, des journalistes africains, européens échangent carte de visite : des discussions enflammées, des échanges policés… En réunissant plus de 270 délégués venus de 49 pays, les organisateurs ont remporté leur pari en invitant une palette de journalistes de la presse écrite et audiovisuelle de renom venus du Maghreb, de l’Afrique subsaharienne, d’Europe, d’Asie. Ce sont en effet 49 des 52 sections de l’UPF réparties dans 110 pays ou régions du monde qui ont fait le voyage jusque dans cette cité balnéaire de l’Arménie, dont le nom signifiée « vallée des fleurs ».
Née en 1950, l’Union internationale de la Presse francophone (UPF) est la plus ancienne association francophone qui est reconnue par plusieurs organisations internationales (ONU, UNESCO…). Sa particularité est de créer sa mission autour de la notion de Francophonie, se faisant le précurseur d’un mouvement d’abord associatif, qui s’est progressivement institutionnalisé pour devenir une Organisation internationale non gouvernementale (OING). En cela, l’UPF est bien plus ancienne que l’OIF.
Des Assises pour débattre de la question migratoire
Ces 47e Assises ont été l’occasion de susciter un forum d’expressions propices à l’échange, au débat et à la réflexion autour des sujets de préoccupation pour la profession journalistique au sein de l’espace francophone. Ainsi, pendant trois jours, Tsaghkadzor, endormie dans sa torpeur extra saisonnière, a été l’hôte d’une agitation journalistique sans précédent qui s’est déroulée en parallèle au XVII Sommet de Chefs d’Etats et de Gouvernements de l’OIF et au forum économique.
« La question de la migration est centrale ; elle est une donnée essentielle de la mondialisation et des sociétés humaines » a souligné Tidiane Dioh, responsable des médias à l’OIF, tordant le cou aux discours alarmistes sur les migrants perçus comme un fardeau et non une chance pour les pays d’accueil. A ses yeux, il faut penser la Francophonie comme la coexistence « de milliers de langues et d’habiter plusieurs mondes en même temps ». Et d’appeler à « casser les mythes qui y sont associés et les fantasmes qui tournent autour. »
« La question de la migration est centrale ; elle est une donnée essentielle de la mondialisation et des sociétés humaines »
Pendant trois jours, les journalistes se sont penchés ainsi sur différents thèmes liés aux migrations : sont-elles suffisamment traitées par les médias ? Existe-t-il des stéréotypes dans la couverture des flux migratoires ? Comment les combattre ? Quel peut être le rôle que les médias jouent dans la dynamique migratoire ? L’usage des réseaux sociaux a-t-il un impact sur les projets migratoires des jeunes ? Quelle utilité des médias issus de l’immigration ? Les journalistes sont-ils formés pour rendre compte de ce domaine ? Comment mieux comprendre et informer au plus juste ? Quelle est le rôle des images, et comment les choisir etc.
Au cours de ces Assises, les journalistes de l’UPF ont notamment édigé un communiqué de solidarité envers l’équipage de l’Aquarius, navire de l’ONG « SOS Méditerranée », demandant qu’un nouveau pavillon soit hissé afin de sauver les membres de l’équipage et leurs passagers.
Zara Nazarian élue secrétaire générale
Réunis le 9 octobre en Assemblée Générale, les présidents des sections nationales de l’UPF ont procédé au vote du nouveau bureau l’organisation. A l’issue de ce vote à bulletin secret, Madiambal Diagne (Sénégal) a été réélu Président à l’unanimité moins un vote blanc. Il va travailler avec un nouveau bureau qui sera dirigé par une nouvelle Secrétaire générale de l’organisation, présidente de la section arménienne Zara Nazarian.
Elue avec 42 voix sur 50, Zara Nazarian est la première Arménienne mais aussi la première femme à occuper le poste de Secrétaire général de l'Union internationale de la Presse francophone. Parmi les prérogatives qui lui incombent celle d’insuffler une nouvelle dynamique, porteuse de sens et de perspectives dans cette organisation. Elle pourra compter sur la solidité de son équipe, qui aspire de concert à poursuivre le travail de rénovation d’une organisation en quête d’un nouveau souffle.