Il y a 25 jours aujourd'hui que le corridor de Latchin, reliant au reste du monde le Haut Karabakh et ses 120 000 habitants dont 30 000 enfants est bloqué. De nouvelles voix s'élèvent, inattendues, pour condamner la barbarie azerbaïdjanaise
Par Olivier Merlet
Au mépris des multiples condamnations de la communauté internationale et de ses plus hautes instances, les autorités azerbaïdjanaises poursuivent leur blocus sauvage et illégal, profitant de l'assentiment au moins tacite des autorités russes, contraintes, pour des raisons extérieures de politique étrangère (dans la meilleure des hypothèses), à ne pouvoir que contenir la situation sans y remédier.
Tout approvisionnement en vivres, denrées alimentaires et produits de première nécessité est de fait interdit, la Croix-Rouge ayant tout juste obtenu l'autorisation d'acheminer depuis l'Arménie un stock limité de médicaments indispensables et d’aliments pour nourrissons, c'était le 26 décembre. Au terme de longues et difficiles tractations, elle a également pu faire évacuer vers l'Arménie 8 malades en situation critique, 350 autres dont l'état ou la survie dépend de soins et de traitements indisponibles à l'hôpital de Stepanakert ne peuvent quitter le Karabakh.
Le 1er janvier le défenseur des droits de l'homme du Karabakh Gegham Stepanyan twittait : « En raison du blocus de l'Artsakh par l'Azerbaïdjan, des milliers de personnes suivant un régime alimentaire particulier dans divers établissements (jardins d'enfants, hôpitaux, centres psychiatriques, orphelinats, maisons de retraite, etc.) sont privées du droit à une alimentation adéquate ».
Aujourd'hui encore, de nouvelles voix se sont élevées pour condamner la barbarie azerbaïdjanaise. Celles de Kern Bass aux Etats-Unis, la maire de Los Angeles, mais surtout, celles de représentants du parlement et de la Chambre des Lords de Grande Bretagne, soutenues par de nombreuses personnalités politiques et religieuses du pays qui lancent un nouvel appel à la communauté internationale. Lorsque l'on connait les liens étroits qui unissent traditionnellement les gouvernement britanniques et azerbaïdjanais, le fait est d'autant plus remarquable.
Lord David Alton de Liverpool, cosignataire d'une lettre publique dit écrire « dans une grande urgence sur l'échec lamentable de la communauté internationale à résoudre la guerre de terreur continue menée par l'Azerbaïdjan, soutenant au 21ème siècle un siège de style médiéval, infligé et se poursuivant à ce jour contre le peuple arménien sur sa terre historique du Nagorny Karabakh, relocalisée par Staline en Azerbaïdjan. Peut-être déchirés et préoccupés par les horreurs en Ukraine, le silence virtuel des médias permet tragiquement à de terribles atrocités de se produire dans l'ombre des ténèbres. »
Le parlementaire britannique de poursuivre : «L'Azerbaïdjan a bloqué le seul corridor disponible depuis l'Arménie pour le transport de nourriture et de médicaments essentiels ainsi que pour les personnes séparées de leurs familles. Les pénuries aiguës de fournitures essentielles sont très préoccupantes et des décès dus à l'impossibilité d'accéder à des soins médicaux vitaux en Arménie ont déjà eu lieu.
En vertu du droit international, il existe une responsabilité de prévoir et de prévenir le génocide, de protéger les victimes et de punir l'agresseur.
Malgré la condamnation du Conseil de sécurité des Nations unies, de l'UNICEF et d'autres organismes internationaux, le black-out médiatique virtuel de cette violence par l'Azerbaïdjan se poursuit, permettant à ce pays de développer ses politiques génocidaires en toute impunité.
Nous appelons les dirigeants internationaux à s'engager de toute urgence dans cette tragédie épouvantable et nous espérons que des journalistes courageux et distingués feront la lumière sur la souffrance d'un peuple qui ne connaît malheureusement que trop bien la nature des crimes génocidaires. »