Le tout nouveau "Conseil pan-arménien des diplomates"' réunissant notamment d'anciens diplomates arméniens de haut-rang a publié le 29 avril une déclaration proposant l'établissement une politique étrangère alternative et la formation urgente d'une « autorité qualitativement nouvelle ».
Par Olivier Merlet
L'Arménie a le secret de ces organisations spontanées et "réactionnelles" qui rentrent dans l'ombre aussi vite qu'elles ont été mises en lumière. Combien de mouvements et de tentatives éphémères se sont ainsi créées pour vite disparaitre depuis la fin de la guerre des 44 jours ? Le pays n'en finit plus de débattre et se débattre.
Le 18 avril dernier, plusieurs anciens diplomates et personnalités de la scène politique arménienne décidaient de se constituer en un "Conseil pan-arménien des diplomates", («Դիվանագետների համահայկական խորհուրդ») dans l'objectif de proposer un agenda alternatif de politique étrangère pour le pays. Ils entendaient ainsi réagir aux annonces du gouvernement sur la démarcation des frontières du Tavush, d'une part, et sur la requalification sémantique par les plus hautes autorités du génocide arménien. en “Grand Crime” Metz Yeghern, d'autre part,
Parmi les figures de cette organisation, dument enregistrée et reconnue par l'État, on retrouve plusieurs personnes ayant occupé par le passé des postes importants au sein de l'administration gouvernementale arménienne dont l'ancien secrétaire général des Affaires étrangères du premier gouvernement Pashinyan, Vahagn Melikyan. Ara Ayvazyan, éphémère ministre des Affaires étrangères nommé après la guerre de 44 jours, mais aussi Vardan Oskanyan, ministre des Affaires étrangères de Robert Kocharyan pendant dix ans de 1998 à 2008
L'ONG se veut une plate-forme apolitique, ouverte à toute coopération et « unificatrice » autour d'objectifs nationaux et étatiques pour « protéger et faire progresser les intérêts de la République d'Arménie et du monde arménien ». Outre l'intégrité territoriale et la sécurité de l'Arménie, elle souhaite également intervenir en tant que « référence cohérente » sur la question de la reconnaissance internationale du génocide, le règlement juste et global du problème de l'Artsakh et la libération des otages et prisonniers de guerre arméniens.
Le 29 avril, le "Conseil pan-arménien des diplomates" tenait réunion à Erevan pour discuter d'autres moyens que ceux décidés par le Premier ministre Nikol Pashinyan, de garantir la sécurité de l'Arménie dans ses frontières, conformément à ses intérêts. « En terminant une petite section et en y brisant les lignes de front, en effondrant une barrière de sécurité solide, vous ouvrez simplement la porte à votre ennemi vers d'autres colonies. C'est sans équivoque », a ainsi déclaré l'ancien secrétaire général des Affaires étrangères Vahagn Melikyan. « Le processus de délimitation de la frontière doit être une continuation dont le préalable doit être de pouvoir enregistrer les grands principes de cet accord ».
En attendant de plus concrètes propositions, les membres du "Conseil pan-arménien des diplomates" ont publié à l'issue de leur réunion une déclaration que nous reproduisons sous ces lignes.
« Les nouveaux défis existentiels et sécuritaires qui menacent l’État de la République d’Arménie et augmentent de jour en jour sont le résultat de la politique antiétatique et antinationale menée par les autorités actuelles. En raison de la ligne défaitiste et aventureuse adoptée par l’administration actuelle, l’Arménie s’est retrouvée dans une situation de lourdes pertes.
Dans de telles conditions, où des facteurs externes conditionnent principalement le comportement international et l'agenda interne de l'Arménie, la diplomatie devient inévitablement la principale caractéristique de la protection de l'État. Afin de garantir l'existence d'un État indépendant, souverain, complet et viable, nous proposons un ensemble de solutions réalistes qui permettront d'arrêter la chaîne sans fin des concessions unilatérales et qui, en même temps, seront compréhensibles pour le grand public ainsi que par les acteurs internationaux.
Afin de sortir l’Arménie de cette situation extrêmement difficile et d’éviter de nouvelles pertes irréversibles, les mesures urgentes suivantes sont nécessaires :
- Un changement fondamental dans la stratégie de politique étrangère avec l'adoption d'une politique de confinement flexible, adaptée à son contexte. Parallèlement, la formation d’alliances naturelles et situationnelles est considérée comme un véritable mécanisme pour contrebalancer le tandem azerbaïdjanais-turc.
- Afin d'établir une paix durable et stable dans la région, réinscrire en priorité la question de l'Artsakh à l'agenda de la politique étrangère de l'Arménie. Il est de l'obligation de la République d'Arménie de défendre le droit inaliénable du peuple d'Artsakh de retourner dans sa patrie, d'exiger la libération immédiate de tous les prisonniers de guerre et otages, ainsi que d'assurer l'intégrité du patrimoine spirituel et culturel arménien en Artsakh, comme le prévoient les garanties collectives et internationales.
- Le processus de délimitation et de démarcation doit être fondé sur les principes fondamentaux du droit international et la pratique acceptée. 1) l'inadmissibilité de tout accord obtenu par le recours à la force, à la menace ou à la coercition et 2) rien n'est convenu tant que tout n'est pas convenu. Dans le même temps, tout retrait ou changement de position des forces armées arméniennes doit être exclu jusqu'à l'achèvement du processus complet de démarcation et de démarcation de la frontière arméno-azerbaïdjanaise.
- Afin de surmonter la crise nationale, une nouvelle formulation du pan-arménisme est une nécessité vitale, et le seul moyen d'y parvenir est d'envisager la consolidation du potentiel pan-arménien, la réconciliation interne et la solidarité. Le leadership irremplaçable et le rôle actif de la Sainte Église apostolique arménienne, des structures pan-arméniennes et des autorités judiciaires de la République d'Artsakh sont indéniables dans cette affaire.
Afin de relever les défis mentionnés ci-dessus et de mettre en œuvre la solution aux problèmes existants, la République d'Arménie a besoin de toute urgence de la formation d'une autorité qualitativement nouvelle grâce à la consolidation de toutes les forces nationales, qui assumeront un engagement et une responsabilité clairs en faveur d'une stabilité durable et d'une paix digne dans la région ».