Après un premier tour qui l'avait placé en tête et fait mentir les sondages, la réélection de Recep Tayip Erdogan ne faisait plus guère de doute. Les résultats de dimanche le confirment tout en enregistrant une très forte poussée des milieux ultra-nationalistes.
52,16 % des suffrages, contre 47,84 %, le résultat est net. Donné perdant ou du moins en grande difficulté à la veille du premier tour, le président turc Recep Tayip Erdogan, 69 ans, a pourtant été réélu haut la main le 29 mai. Au pouvoir depuis vingt ans, il garde donc son fauteuil de président pour au moins les cinq prochaines années.
De son quartier général d'Ankara, Kemal Kilicdaroglu, candidat battu de l’opposition, a exprimé sa « tristesse face aux difficultés qui attendent le pays » qualifiant le récent scrutin de l'un des «plus injustes» de l'histoire du pays, où « tous les moyens de l'État ont été mobilisés au service d'un parti politique et d'un homme ». Au lendemain du premier tour et des élections législatives du 14 mai, la victoire des partis ultra-nationalistes et d'extrême droite avait poussé le chef de l'opposition à tenter un virage à droite. En place des messages d'unité sociale et de liberté du premier tour, ses discours sur la nécessité d'expulser les migrants et de lutter contre le terrorisme n'ont pas convaincu, son alliance informelle avec un parti pro-kurde l'exposant bien au contraire aux accusations de collaboration avec ceux qu'Erdogan appelle des "terroristes".
Si la Turquie des grandes villes et les régions de l'Est ou de l'Ouest ont clairement soutenu l'opposition, le centre rural du pays a massivement voté pour Erdogan, adulé par les classes les plus pauvres et les plus rurales d'une société turque fracturée.