Annulation des pourparlers de Bruxelles

Actualité
28.11.2022

L'annulation des pourparlers de paix prévus à Bruxelles le 7 décembre et le rejet, par Ilham Aliyev, de toute participation de la France à leur processus remettent Moscou au coeur des débats.

Par Olivier Merlet

Alors qu'il participait le 25 novembre à Bakou à une conférence internationale intitulée "Le long du corridor médian", Ilham Aliyev a annoncé son refus de participer aux prochains pourparlers de paix qui devaient se tenir le 7 décembre à Bruxelles. En cause selon lui : l'insistance de Nikol Pashinyan à réclamer la présence d'Emmanuel Macron a la table des négociations. « Moins d'une semaine après la réunion de Prague, le président français Macron a critiqué l'Azerbaïdjan dans une interview et nous a accusés de choses que nous n’avons pas commises », a déclaré le président azerbaidjanais. « La demande de Pashinyan concernant la participation de la France aux négociations signifie que la réunion du 7 décembre ne se réalisera pas.

C'est un revers pour Nikol Pashinyan qui s'était efforcé depuis de longs mois à ouvrir et offrir une visibilité internationale à la question d'un juste règlement du conflit avec l'Azerbaïdjan. Depuis l'accord de cessez-le-feu du 9 novembre 2020, la Russie n'y avait pas démontré le meilleur zèle, et la confiance de l'Arménie envers l'allié traditionnel s'estompait peu à peu au fur et à mesure de l'inaction, voire des signaux négatifs envoyés par Moscou, singulièrement depuis son rapprochement stratégique avec Bakou en février dernier, quelques jours avant de pouvoir vaquer à ses affaires ukrainiennes sans contrainte sur son agenda caucasien.

Après avoir vainement espéré la résurrection d'un Groupe de Minsk depuis longtemps moribond, c'est vers l'Europe et les États-Unis que s'était tourné le chef d'état arménien et, plus particulièrement ces dernières semaines, vers la France, où l'agression des forces armées azéries sur le territoire arménien en septembre avait déclenché une vague massive d'indignation et l'implication personnelle du président Macron.

Rencontrant Nikol Pashinyan à trois reprises en six semaines, Emmanuel Macron avait régulièrement témoigné de son soutien à l'Arménie, non seulement dans les médias mais également au cours de ses derniers grands-rendez-vous internationaux.

« Le Sénat français a adopté une résolution bien connue, totalement inacceptable et offensante », a précisé Ilham Aliyev au cours de la même conférence. « L'Assemblée nationale française devrait adopter un autre projet de résolution anti-azerbaïdjanais. Ensuite, il y a eu la tentative française de nous attaquer à travers le Sommet de la Francophonie. C'est inacceptable parce que la Francophonie est une organisation à vocation humanitaire. Ce parti pris évident rend impossible la participation de Paris aux négociations. C'est leur faute, pas la nôtre ».

Le rejet catégorique par le président azerbaidjanais de la médiation française fait clairement le jeu de Moscou et repositionne cette dernière au cœur des négociations, si jamais elle s'en était éloignée. « Nous envisagerons d'autres alternatives. Nous verrons qui jouera le rôle de médiateur et sur quelle plateforme cela aura lieu » a indiqué Ilham Aliyev. C'est vraisemblablement un coup de pouce du dirigeant de Bakou à maintenir les négociations arméno-azerbaïdjanaises dans une optique de médiation russo-turque qui lui est indéniablement plus favorable. Il profite également en ce sens des dissensions entre l'Arménie et l'OTSC, le refus de Nikol Pashinyan, la semaine dernière, de signer la déclaration commune du Sommet d'Erevan ayant entrainé le report des décisions de soutien à l'Arménie. La présidence tournante de l'OTSC sera transférée à la Biélorussie, grande amie de l'Azerbaïdjan, dans un mois tout juste.