Les autorités du Saint-Siège arménien d'Etchmiadzine ont réagi et condamnent fermement les récents propos et menaces du Ministre de La Culture Azerbaidjanais sur l'héritage culturel et religieux arménien de la région du Haut Karabakh.
Par Olivier Merlet
Dans un communiqué officiel, le Saint-Siège arménien d'Etchmiadzine en appelle directement aux co-présidents du Groupe de Minsk et d'"autres organisations internationales spécialisées" afin qu'eux-mêmes "réagissent fermement à ce fait ouvert de génocide culturel commis par l'Azerbaïdjan, pour qu'ils prennent arrêtent et préviennent ces manifestations de vandalisme ainsi que d'autres du même type".
Rappelons que dans une déclaration publique du 3 février, le ministre de la culture azerbaidjanais tenait pour "falsifications" et "de "traces fictives" les vestiges et bas-reliefs en langue arménienne des églises chrétiennes arméniennes du Haut Karabakh, menaçant de faire "supprimer les traces fictives écrites par les Arméniens sur les temples religieux albanais".
Face au tollé international provoque par ces déclarations, le même ministère tentait dans une nouvelle déclaration le 7 février d'atténuer les propos négationnistes de son haut-responsable.
L'histoire n'est pas nouvelle. Les responsables azerbaïdjanais prétendent régulièrement que les monuments anciens de la région du Haut-Karabakh sont d'origine albanaise caucasienne, et non arménienne. Ilham Aliyev lui-même, lors d'une visite à l'Église "Sainte Mère de Dieu" de Tsakuri dans la province de Hadrout en mars 2021 (seul vestige du complexe monastique de "Tsaghkavank" du XIIe siècle), déclarait que "toutes ces inscriptions [étaient] postérieures à [l'époque de] sa construction", suggérant ainsi que l'église avait des origines albanaises caucasiennes. Dans les années 1950, l'universitaire azerbaïdjanais controversé Ziya Bunyadov a lancé la théorie selon laquelle les églises arméniennes antiques du Haut-Karabakh avaient été construites par des tribus albanaises disparues et non par des Arméniens. Cette affirmation a été amplifiée ces dernières années par les responsables azerbaïdjanais mais largement rejetée par les spécialistes internationaux. Thomas de Waal, expert britannique du Caucase, qualifie les affirmations azerbaïdjanaises de "plutôt bizarres" et note que l'argument "a un fort sous-texte politique", à savoir que les Arméniens "n'avaient aucun droit sur [le Haut-Karabakh]".
Un arrêt rendu par la Cour internationale de justice de la Haye le 7 décembre 2021 stipule que l'Azerbaïdjan doit "prendre toutes les mesures nécessaires pour prévenir et punir les actes de vandalisme et de profanation touchant le patrimoine culturel arménien" dans les territoires reconquis. Malgré tout, les autorités azerbaïdjanaises continuent de refuser catégoriquement l'accès des représentants de l'UNESCO aux territoires qu'elles contrôlent.