Une délégation de sept sénateurs français du Groupe d'Amitié France Arménie conduite par Gilbert-Luc Devinaz s'est rendue à l'Université française en Arménie le 23 avril pour saluer les étudiants mais surtout pour s'informer de l'avancement du projet de relocalisation.
Propos recueillis par Olivier Merlet
Quel est le but de votre voyage en Arménie ?
Il y a des groupes d'amitié dans les Parlement et au Sénat, nous faisons partie du groupe d'amitié France-Arménie et une fois tous les deux ans, nous venons dans le pays, l'année suivante, nous recevons une délégation de l'Arménie. C'est de la diplomatie parlementaire qui permet en particulier de faire passer des messages beaucoup plus facilement que par la voie diplomatique, messages que nous faisons ensuite remonter auprès de nos institutions. Lors de notre passage en 2019 par exemple, les députés Arméniens ont attiré notre attention sur le risque de guerre avec l'Azerbaïdjan au Haut-Karabagh. Nous en avons tenu compte puisque le Sénat français a fait adopter très rapidement des résolutions pour soutenir l'Arménie.
Aujourd'hui, notre voyage a deux buts. Le Sénat est le représentant dans nos institutions des collectivités territoriales qui animent la coopération décentralisée française. C'est pour cette raison que nous sommes allés dans le Syunik où la région Rhône-Alpes et la ville de Vienne, avec Goris, sont historiquement impliquées. Nous sommes également montés dans le Tavush parce que nous avons là des projets liés au département des Hauts-de-Seine avec la ferme de Lusadzor et le lycée Devedjian. Toujours dans la même région, nous avons enfin l'Association des Maires ruraux de France qui s’investit dans le développement d'une autre ferme à caractère circulaire. Nous avons pour objectif de "venir voir" et de rencontrer les acteurs locaux pour appuyer les projets de nos collectivités territoriales.
Le deuxième but de ce voyage consiste en des rencontres officielles, des échanges comme ceux que nous avons eus ce matin avec le ministre de la Défense et que nous aurons cet après-midi avec le Premier ministre, et en même temps, de venir se rendre compte de ce qui dépend de la France, notamment l'UFAR qui est largement reconnue et qui forme beaucoup d'étudiants qui obtiennent souvent plus tard des emplois importants dans l'administration arménienne.
Nous sommes bien informés des problèmes immobiliers sérieux que rencontre l’UFAR et qui l’empêchent de maintenir des conditions correctes de fonctionnement et de développement. Nous sommes là aussi pour appuyer la demande de relocalisation temporaire urgente , avant la construction de la cité académique dont l’achèvement est prévu dans 10 ans.
Le Sénat peut avoir une influence sur l'obtention de nouveaux locaux ?
Ça joue. Le problème de cette solution intermédiaire fait que ce n'est pas tant la France qui décide, c'est une décision qui doit être prise au niveau arménien. La France s'est prononcée pour que l'on quitte ces locaux, l'ambassadeur ne souhaite pas que les étudiants reprennent leurs cours ici en septembre, il faut donc faire accélérer les choses. Oui, cela a une influence parce que nous pouvons en parler au Premier ministre avant de revenir en parler en France, mais surtout au Premier ministre.
Vous avez voté au mois de janvier une résolution très saluée ici qui appelait à une condamnation de l'Azerbaïdjan et à prévenir toute autre tentative d'agression. A-t-elle été suivie d'effets ?
La résolution du mois de janvier a un peu tardé, initialement elle devait être votée avant la fin de l'année 2023. Elle fait suite à une visite qu'on avait effectuée en avril dernier avec le président Retailleau et deux collègues sénatrices. Une journaliste m'avait demandé de préciser ce que j'entendais par « soutenir » l'Arménie. J'ai répondu qu'il fallait aider l'Arménie à acquérir de l'armement défensif pour assurer la sûreté de ses frontières. Nous l'avons intégré et fait partager, nous l'avons transformé en résolution. Il faut noter que sur les huit groupes politiques que compte le sénat français, tous, sauf une collègue, ont voté cette résolution. Même si nous ne représentons pas l'exécutif de notre pays, cette décision pèse et je pense que dans les décisions qui ont été prises d'accélérer la fourniture en armement défensif, la position du Sénat y a contribué.
L'influence que nous pouvons avoir par rapport aux situations que vit l'Arménie s'exprime par les résolutions que l'on vote. La dernière que mes collègues sénateurs et sénatrices ont rédigée concerne une proposition de résolution au niveau européen parce que la France est présente aux côtés de l'Arménie, mais il faut que d'autres pays s'engagent beaucoup plus fortement qu'ils ne le font.