La conférence « Eugène Ionesco : le phénomène intemporel de l’Absurde », organisée dans le cadre de la 6ème édition des Rencontres théâtrales francophones en Arménie, du 4 au 7 novembre 2024, a offert aux participants un espace de réflexion et de partage autour de l’œuvre d’Ionesco. Cet événement a rassemblé un public varié : des universitaires, des professionnels du théâtre, des étudiants et des passionnés de littérature absurde. Dès l’ouverture, l’ambiance était marquée par la curiosité intellectuelle et un profond respect pour l’héritage d’Ionesco.
Par Layla Khamlichi - Riou
Parallèlement, la conférence était accompagnée par des représentations théâtrales de certaines pièces de Ionesco, qui ont permis aux spectateurs de voir ces réflexions théoriques prendre vie sur scène. La force du langage, la vacuité des dialogues et la mécanique absurde des situations, autant de thèmes abordés lors des échanges, se sont incarnés dans des performances vibrantes. Le public, constitué d'amateurs comme d’experts, a ainsi pu apprécier l’actualité de l’œuvre de Ionesco et saisir la portée universelle de son théâtre, au-delà des limites culturelles et temporelles.
Les spectateurs ont eu l'occasion de découvrir plusieurs de ses œuvres majeures, à travers des pièces interprétées en arménien, en français, et même en roumain, enrichissant ainsi l'expérience avec des sous-titres et des lectures en différentes langues. Chaque représentation a exploré les thèmes chers à Ionesco, comme l'absurdité des relations humaines, la perte d'identité et la critique de la société. Les œuvres présentées, telles que Délire à deux, La Cantatrice chauve, Rhinocéros et La Leçon, ont permis d’appréhender la richesse du théâtre de l’absurde, mettant en lumière son caractère universel tout en offrant des perspectives interculturelles grâce aux diverses interprétations. Ces rencontres ont ainsi renforcé l'attrait de l'œuvre de Ionesco, en soulignant sa pertinence dans le monde contemporain.
Tout a débuté au Théâtre Artistique « Mher Mkrtchyan » d’Erevan avec la représentation de Délire à deux, explorant les absurdités et les conflits de couple dans un contexte surréaliste. La pièce, jouée en arménien avec des sous-titres en français, a introduit les spectateurs dans l’univers absurde et souvent décalé de l'auteur. Après la représentation, Eva et Mohagen ont partagé leurs impressions sur la pièce et leur expérience avec le théâtre. Eva a souligné que la pièce « capture vraiment bien comment les hommes et les femmes interagissent en général », faisant référence à la manière dont elle illustre les relations humaines. Bien qu'ils n'aient pas vu d'autres pièces de Ionesco auparavant, Mohagen a précisé : « Non, je n'ai jamais vu une pièce de Ionesco, mais celle-ci, je l'ai lue et je l'ai aussi vue. » Concernant le festival, Eva a exprimé sa surprise en découvrant qu'il faisait partie du cadre de la Francophonie : « Vraiment ? C'est un festival de théâtre français en Arménie ? » Après avoir confirmé sa participation précédente, Mohagen a ajouté avec enthousiasme : « Oui, je participerai certainement au prochain. Parce que je pense qu'ils sont nos amis, c'est pour cela. » Ces échanges ont révélé leur appréciation de la pièce et leur volonté de revenir pour la prochaine édition du festival.
De même, Tatevik et Mariam ont partagé leurs impressions sur la pièce. Tatevik, qui a étudié au sein de l'institut de théâtre, a expliqué qu’elle avait déjà vu la pièce auparavant, précisant : « J'ai regardé pour la deuxième fois. » Mariam, quant à elle, était enthousiaste de découvrir la pièce pour la première fois et a confié : « C'était ma première fois, et j'ai beaucoup aimé parce que c'est quelque chose de différent. Je n'ai jamais vu une pièce comme celle-ci auparavant. » Les deux spectatrices ont également noté leur lien personnel avec les acteurs, puisque certains d'entre eux étaient des amis de Tatevik, ce qui a enrichi leur expérience de la pièce. Concernant l'œuvre de Ionesco, Tatevik a souligné que l'auteur « travaille sur l'absurdité de la vie et du monde », ce qui l’a amenée à réfléchir sur la façon dont la pièce représentait ces thèmes. Mariam a ajouté qu’elle connaissait son travail par l’intermédiaire d’une amie, mais elles n’avaient pas encore eu l’occasion de lire ses œuvres. Lorsqu'elles ont appris que la pièce faisait partie d'un festival de théâtre français, elles ont exprimé leur surprise : « C'est pour ça que les sous-titres étaient en français ? », mais elles ont avoué ne pas être au courant du festival. En apprenant son nom, elles ont indiqué qu'elles ne connaissaient pas cet événement auparavant, mais elles se sont montrées intéressées à l'idée d'y participer à l'avenir. Elles ont également exprimé leur désir de revoir la pièce, Tatevik déclarant : « C'était le genre de pièce que j'aimerais revoir une deuxième fois. » Mariam a ajouté que, selon elle, un second visionnage permettrait de « voir la pièce sous un autre angle » et de mieux comprendre le message. Les deux spectatrices ont affirmé qu'elles recommanderaient la pièce à d'autres, et elles ont particulièrement apprécié « le jeu d’acteur et la lumière étaient fantastiques », ainsi que « le son, qui était très impressionnant ».
Le festival s’est clôturé par la représentation de La Cantatrice chauve, jouée par le Théâtre Municipal « Matei Visniec » de Suceava en roumain, avec des sous-titres en arménien, ajoutant une dimension interculturelle à l'événement. Cette version en roumain a permis au public arménien de voir une interprétation étrangère de cette œuvre fondatrice du théâtre de l'absurde.
Finalement, sur les trois jours, 600 personnes ont assisté aux représentations théâtrales. Un grand succès pour l’héritage de Ionesco, pour Erevan et pour la francophonie !!!