Énergie - Diversification est-elle raison ?

Economie
25.05.2023

Après avoir reçu le patron de Rosatom il y a moins d'un mois, Nikol Pashinyan évoque la possibilité d'équiper l'Arménie de réacteurs nucléaires modulaires de technologie et de fabrication américaine.

Par Olivier Merlet

 

Le 24 mai devant l'Assemblée nationale, Nikol Pashinyan a confirmé l'intention de son gouvernement de développer les capacités énergétiques nucléaires de l'Arménie. La nouvelle n'en était pas vraiment une puisqu'à deux reprises déjà depuis le début de l'année, le président de Rosatom avait fait le déplacement en Arménie pour fixer, d'une part, le cahier des charges de la réfection de la centrale de Metsamor, et d'autre part, pour définir les principes de construction d'un nouveau réacteur.

La surprise, en fait, est venue de cette autre confirmation de la part du Premier ministre : l'étude attentive, par son gouvernement, de la possibilité d'ouvrir le secteur arménien de l'énergie, notamment atomique, à la technologie et aux investissements  américains. .

« Notre centrale nucléaire a une date limite, après laquelle nous ne pouvons pas l'exploiter. Nous négocions actuellement très activement avec plusieurs partenaires sur la construction d'une nouvelle centrale nucléaire, ces négociations sont menées à la fois avec la Russie, les États-Unis et des pays tiers. Nous examinons laquelle de ces options est économiquement la plus rentable », a déclaré Nikol Pashinyan lors de la session des questions-réponses au gouvernement à l'Assemblée nationale, hier mercredi.

L'information circulait d'ailleurs déjà depuis l'audition devant de la Chambre des représentants américains le 23 mai, de la coordinatrice de l'assistance à l'Europe et l'Eurasie du département d'État,  Maria Longi : « Dans un certain nombre de pays, dont l'Arménie, nous étudions la faisabilité de petits réacteurs nucléaires modulaires construits à l'aide de la technologie américaine, pour leur permettre une plus grande indépendance énergétique vis-à-vis de la Russie et de la Chine » avait-elle déclaré, sans plus de précisions.

C'est un nouveau et énorme pavé dans la mare, plutôt trouble ces derniers temps, des relations entre Moscou et l'Arménie. Ses besoins en énergie sont en effet couverts en très grande partie par la Russie - plus de 70 % selon les sources -, que ce soit au travers de ses importations de gaz ou du fonctionnement et de la maintenance des unités de production implantées sur son territoire.

Quant à ces petits réacteurs modulaires, ou SMR, ils utilisent, au même titre que les centrales traditionnelles, la fission de l'atome pour créer de la chaleur et générer de l'énergie. S'ils varient en taille et en puissance, ils sont toutefois conçus pour être plus petits et n'impliquent pas, notamment, la construction de ces énormes tours de refroidissement emblématiques. Ils sont conçus de manière à ce que tous leurs composants soient fabriqués dans une usine centrale et assemblés sur site. Si leur mise en fonctionnement est ainsi beaucoup moins coûteuse et plus rapide, elle s'avérerait en revanche beaucoup moins propres que les systèmes classiques. Une étude récente de l'université californienne de Stanford démontrerait que ces petits réacteurs modulaires, longtemps présentés comme l'avenir de l'énergie nucléaire, produisent en fait davantage de déchets radioactifs.

« Les autres propositions nous posent problème, car elles envisagent la construction d'une seule centrale nucléaire de 1000 mégawatts d'un coup, et les experts disent qu'il y a encore beaucoup de questions », a souligné le Premier ministre. Il a d'ailleurs annoncé dans la foulée la visite aux États-Unis d'une délégation de spécialistes arméniens, prochainement, dans le but d' en savoir davantage sur cette technologie et « évaluer laquelle de ces options est la plus avantageuse sur le plan économique ».