« Nous devons créer des opportunités égales pour toutes les femmes dans les décisions politiques de la nouvelle Arménie », déclarait Nikol Pashinian après sa prise de pouvoir en 2018. Si cette révolution a mis les femmes au cœur du changement, leur représentation politique demeure limitée, avec seulement deux postes ministériels pour les femmes dans le nouveau gouvernement. Pour explorer cette situation, et comprendre la place des femmes en politique en Arménie, nous avons recueilli les témoignages de la ministre de la Santé, Anahit Avanesyan, de la ministre de la l’Éducation, des sciences, de la culture et du sport, Zhanna Andreassian ainsi que de la députée Hrisprime Grigoryan, ainsi que d'autres personnes moins publiques mais tout aussi engagées.
Par Layla Khamlichi - Riou
Femmes en politique en Arménie : Entre progrès et obstacles persistants
Sur 13 ministres, deux sont des femmes : Anahit Avanessian, ministre de la Santé, et Zhanna Andreassian, ministre de l’Education, de la Science et de la Culture et du Sport. De même sur 107 députés, l’Assemblée nationale compte 39 femmes, soit 36,4 % des députés. En outre, l'Arménie compte environ 502 communautés locales dirigées par des maires. Cependant, la place des femmes dans ces postes reste très limitée. En 2019, il n'y avait qu'une seule femme maire (Dianna Gasparyán, maire d’Etchmiadzin). C'est bien la première fois qu'une femme occupe ce poste en Arménie.
Face à cette réalité, Anahit Avanesyan souligne que « les femmes hésitent souvent à se présenter pour des postes à responsabilités, doutant de leurs capacités et se demandant si elles sont prêtes. (…) Beaucoup de femmes hésitent à se lancer en politique, parce qu'elles ont l'impression que leurs efforts ne seront pas reconnus. Il faut changer cette mentalité et valoriser leur travail. » Elle insiste sur l’importance de créer un environnement encourageant : « Il est crucial d’instaurer un sentiment de confiance pour leur montrer qu’elles sont capables et qu’elles doivent prendre plus de responsabilités. »
Elle ajoute que les quotas ont joué un rôle positif, notamment dans son parti : « Nous avons instauré des quotas pour les femmes, ce qui a permis d’augmenter leur participation, notamment dans les élections municipales et les positions au sein du parti. ». Pour autant, la ministre reconnaît que ces mesures ne suffisent pas à corriger les inégalités structurelles et qu'il est nécessaire de faire davantage.
Pour Zhanna Andreassian, l’implication des femmes en politique est en constante progression. Elle indique : « Nous avons quatre femmes ministres sur douze, ce qui est vraiment un record pour notre gouvernement, et cela montre que notre gouvernement est très encouragé à augmenter la participation des femmes dans différents postes. » En outre, la ministre insiste sur le fait que « c'est très important que nous ayons de nouvelles femmes ministres dans des domaines traditionnellement considérés comme non appropriés pour les femmes, comme les affaires intérieures, qui incluent la police, et la justice ». Elle a aussi mis l’accent sur l’importance de valoriser les compétences plutôt que le genre « Si nous avons une candidate pour un poste, alors malgré le genre, elle est impliquée si les qualifications, capacités et compétences nécessaires sont là (…) Cela signifie que si nous avons une candidate qualifiée pour un poste, elle est impliquée malgré le genre, tant que les compétences et les capacités nécessaires sont présentes. »
Sur les barrières culturelles, Avanesyan pointe également les pressions sociales qui pèsent sur les femmes en politique, confrontées à un « langage agressif sur les réseaux sociaux et à des critiques souvent focalisées sur leur apparence ou leur comportement, plutôt que sur leurs compétences. » Malgré tout, elle reste optimiste, affirmant que « la présence de femmes à des postes de décision incite la jeune génération à s’impliquer davantage en politique, » une dynamique qu’elle espère voir s’amplifier à l’avenir. Si les femmes arméniennes affichent un niveau d’éducation souvent supérieur à celui des hommes, comme le rappelle la ministre, leur accès aux postes de décision reste limité par un mélange de normes sociales et de contraintes structurelles. « Si nous voulons des solutions qui représentent toute la population, nous devons écouter la voix des femmes, qui constituent la moitié de cette population. »
Pour Hrisprime Grigoryan, la sous-représentation des femmes dans des rôles décisionnels est symptomatique d’une culture encore fortement marquée par les stéréotypes de genre. « Durant la période post-guerre, beaucoup ont cherché des figures masculines perçues comme « fortes » pour diriger, écartant ainsi les femmes sous prétexte qu'elles ne seraient pas adaptées à ces rôles, » déplore-t-elle. La députée plaide également pour une approche inclusive afin de dépasser ces barrières. « La clé réside dans la communication et l’inclusion de tous, y compris les hommes, pour déconstruire les normes sociales qui limitent les femmes. Le dialogue constant est essentiel pour changer les mentalités. »
Elle met également en avant l'importance des quotas : « Dans une société encore largement masculine, ces mesures permettent d’instaurer une base d’égalité et d’amorcer un changement culturel. » En dépit des avancées, le contexte social et les défis structurels restent des obstacles majeurs. Grigoryan note que « les réseaux sociaux et les médias jouent un rôle dans la perpétuation des discriminations, rendant l’environnement politique particulièrement hostile pour les femmes. » Cette hostilité pousse parfois les jeunes femmes à se détourner de la politique ou à privilégier le secteur privé, jugé moins contraignant.
Bien que des progrès aient été réalisés dans la représentation des femmes, comme l'augmentation de leur présence au Parlement grâce aux quotas, ces avancées sont encore insuffisantes pour briser les barrières culturelles et structurelles profondément ancrées. Ainsi, bien que des figures féminines se soient imposées dans le monde politique, elles continuent de lutter contre des attentes patriarcales persistantes.
Obstacles structurels et culturels : le poids des traditions patriarcales
Les témoignages recueillis mettent en lumière les principaux freins à l’engagement politique des femmes en Arménie, révélant une combinaison de normes sociales restrictives, d’un environnement politique hostile et de contraintes pratiques. Les attentes traditionnelles envers les femmes constituent un frein majeur à leur participation en politique. Mariam témoigne : « Dans notre société, on considère encore que les femmes devraient se consacrer à leur famille et rester en retrait des postes de pouvoir. » Elle ajoute que cette vision conservatrice limite considérablement les ambitions des jeunes femmes. Cette autocensure, nourrie par les stéréotypes de genre, est également pointée par Anahit Avanesyan : « Les femmes se demandent souvent : « Suis-je prête ? Serais-je à la hauteur ? » Ces doutes viennent du fait qu’on ne leur a jamais donné la confiance nécessaire pour avancer. » Diana, de son côté, explique que ces normes influencent même les choix de carrière :
« Peu de familles encourageraient leurs filles à se lancer en politique. On m’a souvent dit que ce n’était pas une carrière appropriée pour une femme. » Cette mentalité freine non seulement les ambitions politiques, mais renforce aussi l’idée que ces rôles sont exclusivement masculins.
Cette vision a été approuvée par Zhanna Andreassian, indiquant : « Quand je propose des postes, les hommes ne demanderont jamais s’ils peuvent le faire, mais les femmes posent toujours cette question : 'Est-ce que je peux répondre à ces exigences ? Est-ce que je peux faire ce travail que vous me proposez ? » » Elle estime que l'éducation joue un rôle crucial pour combattre ces doutes et les stéréotypes de genre : « Nous devons encourager nos filles dès le début, dès la maternelle et l'école, à créer un environnement où elles peuvent chanter, où elles peuvent tout faire ce qu'elles veulent. »
En outre, le sexisme dans les médias et sur les réseaux sociaux crée un climat d’hostilité qui dissuade de nombreuses femmes. « Le langage utilisé pour parler des femmes politiques est souvent dégradant. Les critiques ciblent leur apparence ou leur personnalité au lieu de leurs compétences, » déplore la ministre Avanesyan. Hrisprime Grigoryan souligne : « Dans ces conditions, les femmes qui souhaitent s’engager sont souvent marginalisées ou découragées. » Les critiques ne viennent pas uniquement des médias, mais aussi des sphères professionnelles et sociales. Diana évoque : « On m’a dit que, comme femme, je devrais rester dans mon rôle « naturel » au lieu de vouloir diriger. Cela montre à quel point ces idées sont encore ancrées (…) Quand je parle de politique, certains me disent encore : « C'est un domaine pour les hommes, pourquoi t'y mets-tu ? » C'est ce genre de mentalité qu'il faut changer. » Ce même aspect a été reconnu par Madame Andreassian : « Dans les médias, beaucoup de gens commentent en disant : « Regardez ce qu’elle porte, comment elle se coiffe, comment elle s’habille. » Ce genre de choses est très courant dans nos médias. (…) Quand vous êtes un homme, personne ne parlera de vos vêtements ou de votre apparence. »
Les défis matériels et organisationnels constituent également un autre frein majeur à l’implication politique des femmes. Les longues heures de travail, combinées aux responsabilités domestiques, créent une surcharge difficile à gérer. Avanesyan explique : « La politique exige un investissement énorme en temps, mais beaucoup de femmes doivent aussi gérer leur foyer. Sans soutien institutionnel, cela devient presque impossible (…) Les femmes doivent jongler avec des attentes sociales et familiales élevées, et c'est souvent difficile de concilier tout cela avec une carrière politique. »
Hrisprime Grigoryan met également en lumière les barrières financières : « L’indépendance économique est essentielle pour mener une campagne, mais les femmes disposent souvent de moins de ressources que leurs homologues masculins. Cela les met à un désavantage dès le départ. » Elle insiste sur la nécessité de réformer ces systèmes pour rendre l’accès à la politique plus équitable. Cependant, comme le souligne Grigoryan, des changements sont possibles grâce à un dialogue inclusif : « Il faut inclure tout le monde dans cette lutte, hommes et femmes. C’est ensemble que nous pouvons éliminer les barrières et changer les mentalités. » Avanesyan partage cet espoir, rappelant que « chaque femme qui ose franchir ces obstacles pave le chemin pour la génération suivante. »
De même pour faire face à ce sexisme, Madame Andreassian garde une attitude optimiste :« Je pense que c'est une dynamique par laquelle nous devons passer. Plus de femmes seront activement impliquées, et après un certain temps, ils ne prêteront plus attention au fait d’être une femme, parce que ce sera habituel. »
Face à ces défis, le cadre législatif en Arménie a tenté de répondre aux besoins d'une plus grande inclusion des femmes en politique. Les réformes législatives, telles que l’introduction de quotas de genre, sont devenues des instruments essentiels pour favoriser cette inclusion. Cependant, malgré ces avancées, des obstacles demeurent, comme le soulignent les responsables politiques et les militantes.
Réformes et Quotas : Les Avancées Législatives en faveur des Femmes
En 1993, peu après son indépendance, l’Arménie a ratifié la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW). Elle s’est ainsi engagée à prendre des mesures législatives et administratives pour garantir l'égalité des sexes et lutter contre toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.
Découlant de ce texte, plusieurs réformes ont été adoptées, notamment la loi sur l'égalité des droits et des chances entre les femmes et les hommes de 2013. Cette loi a introduit des dispositions pour promouvoir l'égalité des sexes dans le travail, la politique et d'autres domaines de la vie publique. L’une de ces dispositions est la mise en place des quotas de genre : en 2021, une réforme électorale a relevé le quota de 25 % à 30 % pour les femmes sur les listes électorales des partis, dans le but d'améliorer leur représentation dans le Parlement et les conseils locaux.
Hrisprime Grigoryan défend l’importance de ces quotas : « Dans une société encore très masculine, les quotas sont indispensables pour initier le changement. » La ministre, du même avis, répond : « Si vous n'utilisez pas de quotas, vous n'aurez jamais la possibilité de faire venir des femmes. Il s'agit donc de créer une possibilité. Et peut-être qu'après 10 ou 15 ans, nous n'aurons plus besoin de ces quotas. Mais aujourd'hui, nous en avons besoin. »
De son côté, Zhanna Andreassian évoque des réformes éducatives en cours pour renforcer l’égalité des sexes : « Nous sommes en train de changer notre programme scolaire, nos standards scolaires, et ils sont totalement sensibles au genre. » Elle explique que ces réformes, réalisées en partenariat avec des organisations internationales, visent à éliminer les stéréotypes dans les manuels scolaires et à motiver tous les enfants, sans distinction de genre : « Nous fournissons des formations spécifiques pour nos enseignants et pour les développeurs de programmes afin qu’ils soient plus sensibles au genre et remarquent les choses acceptées comme normales en général, comme les photos dans les manuels, les formulations des histoires, du texte. » Un autre objectif majeur est de renforcer la participation des filles aux matières scientifiques : « Nous avons un objectif spécifique d’augmenter l’implication des filles dans les matières STEM. » (NDLR: science, technologie, ingénierie et mathématiques)
Malgré ces progrès, les normes culturelles et les stéréotypes constituent toujours des obstacles à la pleine égalité entre les hommes et les femmes. Si le cadre législatif a permis de renforcer la présence des femmes en politique, leur impact dans la société va bien au-delà des institutions gouvernementales. Les femmes arméniennes jouent un rôle essentiel dans la société civile, où elles se battent pour les droits des femmes et l'égalité des sexes à travers des organisations et des initiatives sociales.
Femmes et Société Civile : Actrices du Changement en Arménie
En Arménie, la population active est composée de 59,9 % d'hommes et de 49,6 % de femmes. Ces dernières représentent 54 % des fonctionnaires contre 46 % pour les hommes (2016). 83 % des postes les plus élevés de la fonction publique sont occupés par des hommes, contre seulement 17 % par des femmes. 70 % des postes les plus bas de la fonction publique sont occupés par des femmes, contre 30 % pour les hommes (2016). Elles représentent aussi environ 20,7 % des propriétaires d'entreprises de toutes les entreprises actives combinées (16 200 sur 78 000 entreprises). Les femmes représentent 66 % des chômeurs enregistrés en Arménie et à poste équivalent, elles sont payées à hauteur de 75 % du salaire d’un homme.
En analysant ces chiffres, nous comprenons que les femmes ont une importance élevée mais limitée dans l’économie et la politique du pays. Elles sont tout de même primordiales pour l’Etat et l’avancement de réformes progressistes, notamment dans les domaines des droits humains, de la promotion de l'égalité des sexes et de la participation au processus de paix. Bien que les défis liés aux stéréotypes de genre et à la sous-représentation dans la politique persistent, les femmes en Arménie sont particulièrement actives dans plusieurs secteurs de la société civile.
Nikol Pashinian a déclaré lui-même que les femmes avaient « joué un rôle majeur » dans le renversement de Serge Sarkissian et du parti républicain au pouvoir, lors de la révolution de velours. Elles manifestent et sont très actives dans les activités caritatives et associatives. De nombreuses ONG arméniennes sont dirigées par des femmes, qui occupent des postes de direction et influencent la mise en œuvre des programmes. Par exemple, Women's Resource Center et Society Without Violence sont des ONG qui se concentrent sur la lutte contre la violence de genre et l'autonomisation des femmes. Ces organisations offrent des services tels que des refuges pour les victimes de violence domestique et des programmes de sensibilisation sur les droits des femmes. Des campagnes de sensibilisation sont menées par des femmes pour éduquer le public sur les droits des femmes et les lois existantes.
Ces femmes ne se contentent pas de participer à la vie politique, elles transforment activement la société en créant des organisations qui luttent pour les droits des femmes et l'égalité des sexes. Leur travail de terrain, loin des projecteurs, influence les politiques publiques et suscite un changement durable dans la société arménienne. Diana souligne : « Ces initiatives permettent aux femmes de s’organiser et de faire entendre leur voix, ce qui est essentiel pour compenser leur sous-représentation politique (…) « Les femmes qui s’impliquent dans des initiatives sociales ou communautaires font souvent un travail immense, mais trop peu sont reconnues pour cela. Nous devons faire plus pour les valoriser. »
Plusieurs femmes, journalistes, institutrices, juristes, et autres jouent le rôle de modèles pour la société, comme Berdjouhi Barseghian, députée de la première République d’Arménie et militante indépendantiste, ou encore Anna Hakobian, journaliste, première dame et formatrice du détachement « Erato » de 13 femmes prenant part à la guerre au Haut-Karabagh. Pour Mariam, ces exemples sont inspirants : « Les femmes comme Tatevik Revazian montrent que nous avons notre place dans les secteurs traditionnellement dominés par les hommes. »
Les femmes interviewées estiment que leur présence accrue pourrait réorienter les priorités nationales vers des enjeux tels que l’éducation, la santé et l’égalité des sexes. « Les femmes apportent des approches différentes, souvent plus inclusives et empathiques, » affirme Hrisprime Grigoryan. Elle insiste sur l’importance de donner de la visibilité à ces initiatives : « Beaucoup de femmes dans la société civile accomplissent un travail incroyable, mais elles restent souvent dans l’ombre. Mettre en lumière leurs contributions encouragerait davantage de jeunes femmes à s’impliquer (…) Il est important de créer des plateformes où les femmes peuvent partager leurs expériences et influencer les politiques, en dehors de la politique traditionnelle. Ces espaces peuvent être des moteurs puissants pour le changement. »
La ministre Avanesyan affirme que sans la participation des femmes, les décisions politiques risquent de manquer de perspectives essentielles : « Si vous ne tenez pas compte des opinions de la moitié de la population, les solutions que vous apportez ne seront pas les meilleures possibles. »
« Je crois que la représentation active des femmes au niveau communautaire pourrait vraiment changer la situation de manière significative. Mais, malheureusement, nous n'avons pas une implication vraiment active des femmes, par exemple, dans les conseils communautaires. » Pour elle, l'engagement local constitue une étape essentielle vers des rôles de leadership nationaux : « C'est une partie de l'engagement civique qui commence au niveau communautaire et peut être poursuivie par une implication plus importante à d'autres niveaux. »
Malgré les défis, ces engagements inspirent les jeunes générations. Anahit Avanesyan explique : « Quand les jeunes filles voient des femmes s’impliquer dans des rôles importants, elles réalisent qu’elles aussi peuvent accomplir de grandes choses. »
Pour Mariam, cet effet de modèle est crucial : « Les femmes engagées aujourd’hui montrent qu’avec de la persévérance, on peut dépasser les obstacles et changer les mentalités. »
Cependant, au-delà de l’engagement des femmes, il est essentiel de considérer aussi les points de vue masculins sur la place des femmes en politique. Les hommes, qu’ils soient engagés ou non dans la politique, offrent des perspectives qui éclairent bien les défis persistants.
Les points de vue masculins
Sevan a pu apporter une perspective différente sur le rôle des femmes en politique. Bien qu’il reconnaisse que les femmes peuvent avoir un impact dans la société civile, il reste pragmatique quant à leur place en politique. Lorsqu'on lui demande s'il pense que les femmes peuvent apporter des changements importants, il répond simplement : « Oui, pourquoi pas ? Mais je pense que la politique aujourd’hui, c’est plus une question d’individus que de genres. » Pour Sevan, ce qui compte avant tout, c’est la compétence et les idées, pas le sexe de la personne. Il ajoute : « Peu importe qui gouverne, il faut que ce soit des gens compétents. »
En revanche, un autre homme interviewé a exprimé son désintérêt total pour la politique. Lorsqu’on lui a posé des questions sur la place des femmes en politique, il a répondu : « Je ne suis pas la bonne personne à qui poser toutes ces questions. C’est comme demander à quelqu’un qui ne boit jamais d’alcool ce qu’il pense de la vodka. » Il a ajouté qu’il ne s’intéressait pas à la politique et que « peu importe qui gouverne, je m’en fiche. » Il a expliqué que « les Arméniens sont tellement déçus par les gouvernements successifs qu’ils ont perdu l’espoir. » Selon lui, cette désillusion est un phénomène global où la politique devient de moins en moins un sujet de débat pour une large portion de la population. « Je pense que peu importe qui gouverne, la majorité des gens se foutent de la politique parce qu’ils sont déçus, » a-t-il ajouté.
Les points de vue des hommes interviewés montrent une diversité de perceptions concernant le rôle des femmes en politique, mais il est clair que la question de l'égalité des sexes reste un enjeu majeur.
Malgré leur faible présence gouvernementale, les Arméniennes jouent un rôle clé dans la société civile, en améliorant les conditions de vie des femmes et en promouvant l'égalité des sexes. Leur travail continue de transformer la société et de faire progresser les droits des femmes en Arménie. « L'Arménie est sur la bonne voie avec les réformes législatives, mais le changement de mentalité viendra avec le temps », a souligné la ministre Avanesyan. Des progrès se manifestent lentement, comme en témoigne la nomination de Srbouhi Galyan au poste de ministre de la Justice, qui œuvre pour une justice plus prévisible et respectée, ainsi que la toute récente nomination d’Arpine Sargsyan au poste de ministre de l’Intérieur.