Par Arouce Khatchatrian
« Rouges comme les chaussettes et les pulls portés par les montagnards de mon enfance » : voilà l’explication pourquoi les livres publiés chez les éditions Guérin portent cette couleur, symbole de la montagne pour leur fondateur Michel Guérin. En 1995, cet ancien libraire et publicitaire passionné de la montagne retourne à Chamonix, sa ville d’origine au pied-même des Alpes françaises, pour y créer une maison d’éditions consacrée à la montagne et à l’alpinisme.
L’idée initiale était ambitieuse, un vrai « travail d’orfèvre » étant nécessaire pour sa réalisation, remarque M Raylat. En fait, Michel Guérin avait décidé de rééditer des livres classiques d’alpinisme en enrichissant les textes d’images de manière à ce que ces deux éléments « se racontent » directement et intimement, au point de retrouver à chaque fois sur les photos les personnes présentes dans le texte. Pourtant, la place particulière et la position solide que les éditions Guérin continuent à garder sur le géant marché du livre français (cas où la taille « minuscule » des éditions Guérin par rapport à des géants nationaux comme Hachette et Gallimard ne joue aucun rôle) justifient pleinement l’aventure débutée il y a 20 ans.
« Les Conquérants de l’Inutile » de Lionel Terray (1995) – premier livre réédité chez Guérin dans sa collection Texte & Images qui a consacré la maison -, « Immortelle Randonnée : Compostelle malgré moi » du prix Goncourt Jean-Christophe Rufin en 2013, « Berezina » de Sylvain Tesson en janvier 2015, pour ne citer que quelques gros succès de la maison spécialisée initialement dans la littérature sur la montagne mais qui entend s’ouvrir de plus en plus au grand public, notamment à travers l’édition des récits de grands auteurs, note son président.
Questionné sur le présent de la lecture et l’avenir du livre papier, M Raylat se montre optimiste : « Le plaisir de la lecture est un plaisir qui ne se remplace pas », et l’expansion de l’édition numérique ne condamnerait pas le livre « objet », contrairement aux avis lui prédisant le même avenir que celui du disque musical avec l’arrivée d’Internet.