La Secrétaire générale de la Francophonie Louise Mushikiwabo, élue à ce poste lors du Sommet d’Erevan, était en visite de travail à la Fédération Wallonie-Bruxelles. Le Courrier d’Erevan est parti à sa rencontre pour découvrir les priorités de son mandat à la tête de l’OIF.
Par Anna Baghdassarian
- La présidence arménienne du Sommet de la Francophonie est entamée depuis quelques mois. Quelles sont, selon vous, les points important de ce mandat, mais aussi, quelles sont les priorités de votre mandat à la tête de l’OIF ?
- Je pense que ce qui était très claire à Erevan, c’est que (et c’est la raison pour laquelle j’ai été élue aussi) les chefs d’Etats et de gouvernements s’attendent à un changement dans le sens d’une modernisation de la Francophonie : une Francophonie qui est plus concrète, qui est plus axée sur les résultats, beaucoup moins sur la représentation, beaucoup moins sur l’aspect relations publiques qui a toujours caractérisé notre organisation.
En ce qui me concerne, peu d'organisations multilatérales sont dédiées à la jeunesse, c'est pourquoi je compte bien lui donner la priorité durant mon mandat de quatre ans, d'autant que l'Afrique, qui compte trente Etats membres, est un continent très jeune et en croissance.
L’année prochaine, la Francophonie aura 50 ans. On aura un Sommet tout spécial en Tunisie, la deuxième semaine de novembre 2020, et là, je compte présenter aux chefs d’Etats et des gouvernements quelques propositions par rapport aux perspectives à l’avenir de l’organisation. Je pense que si la Francophonie ne s’occupait pas d’une manière particulière de la jeunesse, on aurait raté un petit peu notre mission.
Je voudrais positionner la langue française sur Internet, comme langue de vie du style moderne, et encourager une relation décomplexée à notre langue commune, encore trop souvent considérée comme une langue élitiste réservée à des puristes. Et cela passe par la jeunesse. Donc, le numérique et la jeunesse seront, en tout cas, pendant les prochaines années une priorité des priorités.
Quant à la valeur ajoutée de la Francophonie, c’est d'être présente sur les cinq continents et de représenter une plateforme où toutes les cultures se rencontrent. Notre ADN, c'est de créer des liens de solidarités culturelles et humaines. Il faut remonter à cette vocation d'harmonie qui était celle des pères fondateurs. On assiste d'ailleurs à davantage d'harmonie entre pays du Nord et du Sud, sur des sujets politiques comme techniques, et cela nous différencie d'autres organisations.
- Est-ce que vous allez apporter une touche personnelle au niveau du « Vivre ensemble »? Avez-vous une certaine priorité ?
- Certainement. Le vivre ensemble est inévitable. Aujourd’hui, avec tout ce qui se passe dans le monde, c’est le moment de créer des liens solides, d’harmonie sociale, de cohabitation mutuellement utile. Ça, c’est la base de tout ce qui va se faire à la Francophonie. Je serai très très à l’écoute directe des Etats membres. Mon approche est une approche d’accompagnement des Etats. Personnellement, je compte à utiliser les atouts et les forces des autres pour s’enrichir mutuellement.
- Quels sont vos souvenirs les plus marquants du Sommet d’Erevan ?
- Je connaissais l’Arménie depuis assez longtemps, mais j’ai découvert le pays pendant ma campagne. Je suis allée en Arménie, j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec le Premier ministre Nikol Pachinyan qui était très très bien et faisait des efforts pour parler français, et le ministre des affaires étrangères Zohrab Mnatcakanyan, qui est devenu un ami.
C’est un pays très attachant. Le plus beau souvenir c’est bien-sur mon élection. Mais même avant ça, quand j’ai eu le temps de visiter, de parler aux gens, de comprendre, j’ai compris que c’est un pays fascinant. Je garde un souvenir d’un peuple très digne, très tourné vers l’avenir aussi. Je compte y retourner l’année prochaine puisqu'on va travailler ensemble avec l'Arménie sur la préparation du sommet de Tunisie.