Duduk - instrument arménien ancestral fabriqué à partir du bois d’abricot et dont le son est généré par la vibration de deux plaques de roseau sous l’influence de l’air soufflé ; il possède une sonorité légère au timbre de velours. L’instrument a désormais perdu l’un de ses grands maîtres, Djivan Gasparyan. Une légende du duduk dont le succès peut être décrit par son art de faire « de la prière, et non de la musique », comme l’avait énoncé William Saroyan après avoir écouté le maître. Ces mots figurent ainsi sur son album (Duduk. Armenian folk songs (Мелодия / Melody), sorti en 1983.
Par Lusiné Abgarian et Aurélia Bessède
Ambassadeur d’un instrument traditionnel propre au peuple arménien, les sons de sa musique ont résonné dans les films hollywoodiens les plus célèbres tels que « Gladiator ». Né en 1928 dans le lointain village de Solag dans la région de Kotayk, en Arménie, il traverse très jeune, une vie tourmentée entre le décès de sa mère et le départ de son père au front lors de la Seconde guerre mondiale. A l’orphelinat où il grandi, il commence à jouer du duduk à l’âge de huit ans. Cette passion est née lors de sa première écoute des dudukistes connus, qui jouaient aux premiers rangs du cinéma estival « Moscou » à l’époque.
Dans la période d’après-guerre, il commence à se produire plus fréquemment et sa première performance professionnelle a lieu à Moscou, en 1947. Il se produit avec la délégation arménienne devant les maîtres des arts des Républiques de l’Union soviétique. Lors de ce concert, un événement vient se graver dans sa mémoire d’artiste : Joseph Staline en personne assiste à la performance. Profondément impressionné par la musique du jeune Djivan, il lui offre une montre « Pobéda ».
Sa carrière s’accélère au milieu des années 50. Il reçoit un premier prix prestigieux au concours des dudukistes, puis, en 1959, la médaille d’or du 4ème Festival international organisé sous les auspices de l’UNESCO. Mais c’est le titre honorifique d’Artiste National de son pays, décerné en 1973 qui lui était le plus cher.
Le début des années 80 marquent l’apogée de sa carrière de maestro. En 1983, il offre à ses fans un premier album complet, composé de ballades anciennes de son pays au même moment où commence sa carrière internationale. En 1988 il est invité à Londres, puis aux Etats-Unis pour plusieurs concerts.
Sa vie se partage alors entre l’Arménie où il enseigne au Conservatoire national, les Etats-Unis et ses tournées à l’étranger. Le compositeur est mondialement connu pour sa participation au soundtracks du film « Gladiator » qui lui a valu le Globe d’Or, ainsi que « La Dernière Passion du Christ » (1988, Etats-Unis), « Ronnie » (1998, Etats-Unis), « Onegin » (1999, Etats-Unis), « Syriana » ( 2005, Etats-Unis), « Le diamant de sang » (2006, Etats-Unis), etc.
Avec plus de 20 CD, 1000 enregistrements et environ 20 000 concerts, Djivan Gasparyan ne jouait que sur les duduks qu’il avait lui-même élaborés. Ils étaient ainsi dotés d’un timbre spécial et raffiné. Écouter la musique du duduk magique de Djivan Gasparyan signifie éprouver de l’empathie, de l’amour, de la tristesse. Le son de sa flûte modestement taillée dans un abricotier incarne une mélancolie, aussi ancienne que le monde.
Le Maestro a rejoint l’éternité le 6 juillet 2021.
P.S. Pour écouter l'album de Djivan Gasparyan sur Armenian Folk Tunes:
https://www.discogs.com/ru/Djivan-Gasparyan-%D0%94%D0%B6%D0%B8%D0%B2%D0%...