La session de novembre de l’Atelier d’Art dramatique accueillait l'artiste française Anne Consigny, césarisée à plusieurs reprises et récipiendaire au théâtre de deux Molières.
Par Lusine Abgaryan
Anne Consigny, s’est produite sur scène sous la direction du metteur en scène britannique Peter Brook et à la Comédie-Française, avant d’enchaîner les rôles au cinéma, à la télévision et au théâtre. Sa première rencontre avec l’Arménie, elle ne la doit pas à son métier mais à la rencontre d’une famille arménienne à Paris. De cette rencontre est né un film, "Je prends ta peine", "Taved Tanem", sorti en France en 2019. Il raconte, à travers la caméra d’Anne Consigny, sans pathos imposé ni sentimentalisme excessif, les derniers jours d’une jeune fille arménienne atteinte d'un cancer foudroyant, à Paris, puis son enterrement à Erevan.
Par un certain "effet papillon", Anne Consigny a reçu la proposition de revenir en Arménie, en tant qu’artiste invitée cette fois-ci, au sein de l’Atelier d’Art dramatique pour partager ses expériences avec les stagiaires.
Vous aviez réalisé, en 2019, un documentaire sur une famille arménienne, intitulé "Je prends ta peine". Qu’est-ce que vous a donné envie de venir à Erevan et travailler avec l’Atelier d’Art dramatique ?
J’ai fait ce documentaire parce que j’ai rencontré une famille arménienne, en 2014, dont je suis véritablement tombée en amour. Serge Avédikian a vu ce film et m’a invité à venir en Arménie. Cette opportunité est une chance et un honneur.
Je ne suis pas du tout habituée à donner des cours. Je suis plutôt venue pour donner des conseils. Nous sommes "à la même enseigne" avec les jeunes artistes, confronté aux mêmes peurs, aux mêmes mystères, aux mêmes plaisirs et aux mêmes envies.
Qu’avez-vous découvert après cette semaine de travail avec eux ?
Je ne sais pas si j’ai découvert un autre monde mais j’ai progressé dans ma connaissance de l’être humain à travers les jeunes avec qui j’ai travaillé. Les acteurs sont internationaux, on parle la même langue, on partage les mêmes recherches, les mêmes espoirs, les mêmes douleurs. Je n’ai pas eu l’impression d’être à l’étranger.
C’est aussi un stage pour aider les jeunes à apprendre le français, et quelques-uns des stagiaires ont fait l’effort d’apprendre leur texte en français. C’est vraiment compliqué pour eux de jouer dans une langue qu’ils ne maîtrisent pas. Je préférais; moi, qu’ils jouent en arménien. Ma concentration portait surtout sur le jeu et non pas sur l’apprentissage de la langue.
Vous leur avez certainement offert une nouvelle expérience et des méthodes de travail. Et vous ? Que rapportez-vous de cette rencontre ?
Je me suis dit qu’en une semaine j’allais essayer de leur donner tout ce que j’ai pu apprendre, comprendre… Les questions que j’ai pu poser, tout ce que j’ai reçu et retenu des metteurs en scène avec qui j’ai travaillé. Évidemment, je n’ai pas pu faire tout ce que je voulais faire. J’ai accroché un micro à ma chemise et je me suis enregistrée. Je repars avec ce matériel et j’aimerais bien en écrire un livre qui s’appellerait "Jouer la comédie pour les nuls". C’est le titre générique d’une collection qui traite de toutes les disciplines. Je me suis dit que si j'ai pu donner quelque chose à ces jeunes, j’aimerais aussi pouvoir le partager avec tout le monde. C’est avec cela que je repars.