Discours du Premier ministre à l'occasion du 30e anniversaire des pogroms anti-arméniens à Bakou

Actualité
13.01.2020

Chers compatriotes,

Aujourd'hui, nous commémorons la mémoire des victimes des pogroms arméniens, des nettoyages ethniques et des déportations massives à Bakou, la capitale de l'Azerbaïdjan. Il y a trente ans, la communauté internationale a condamné les massacres de la population arménienne à Bakou dont elle a été témoin.

En raison de la politique d'escalade, de répression et de nettoyage ethnique qui a suivi le massacre de Sumgaït, en 1990, il ne restait que 35 à 40 000 des 250 000 membres de la communauté arménienne de Bakou, pour la plupart des personnes âgées et sans défense aucune. Leur sort ultérieur a été plus tragique. Des centaines de tués, mutilés et disparus, des dizaines de milliers de réfugiés. C'est le résultat des massacres anti-arméniens qui ont fait rage à Bakou pendant environ une semaine.

Les Arméniens de Bakou ne représentaient aucune menace pour l'Azerbaïdjan, pour ses autorités ou pour les forces politiques. Ils voulaient seulement continuer à vivre dans la leur pays natal et dans celui de leurs ancêtres. Cependant, ces personnes étaient perçues par l'Azerbaïdjan comme une menace de part leur origine ethnique.

Les Arméniens vivaient à Bakou depuis des siècles, donnant à la ville une image véritablement multiculturelle. Au XIXe siècle, ils ont largement contribué à la fondation et au développement de l'industrie pétrolière de la ville. Le rôle des Arméniens dans le développement de la ville à l'époque soviétique est également inestimable.

30 ans après les événements en Azerbaïdjan, il n'y a ni respect ni compassion pour les victimes des massacres anti-arméniens de Bakou. Les quelques voix qui ont même eu le courage de commémorer la tragédie infligée aux Arméniens à Bakou dans les œuvres littéraires sont devenues cibles de mépris et ont officiellement été qualifiées de traîtres.

Aujourd'hui encore, les massacres commis contre des personnes sans défense font partie des héros de l'Azerbaïdjan et leurs crimes sont considérés comme une page glorieuse dans la lutte pour la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan.

Nous devons affirmer avec grand regret que les trois dernières décennies en Azerbaïdjan ne sont pas devenues une période de réinterprétation, de repentance et de réconciliation.

Au cours de cette période, nous avons été témoins de la tentative d'extermination de la population d'Artsakh, de la libération et de l'héroïsation de Ramil Safarov, qui purgeait sa peine pour crime de meurtre, de la torture brutale et du meurtre de personnes âgées et sans défense dans la zone frontalière d'Artsakh en avril 2016. L'arménophobie est devenue la politique et la conviction de l'Azerbaïdjan.

Chers compatriotes,

Aujourd'hui, nous exprimons notre gratitude à toutes les structures internationales et instances parlementaires qui ont réagi et documenté ces événements en les condamnant et en les montrant au monde.

M'inclinant devant la mémoire de nos victimes innocentes, je déclare en toute responsabilité que nous ne permettrons pas de nouvelles tentatives d'extermination ou de déportation en masse d'Arméniens. La République d'Arménie, la République d'Artsakh et tous les Arméniens du monde entier uniront l’ensemble de leur potentiel pour garantir le droit du peuple arménien à l'existence et au développement pacifique dans leur patrie historique, y compris en Artsakh.