Dans un démenti implicite des propos de Reccep Tayip Erdogan tenus le 28 juillet, Bakou affirme que le soutien turc à l'Azerbaïdjan lors de la guerre des 44 jours n'était que purement politique.
Par Olivier Merlet
En déplacement à Rize, dans l'antique région du Pont sur les bords de la Mer Noire, où il participait à l'inauguration d'un programme immobilier social de son gouvernement, le président turc Recep Tayyip Erdoğan a menacé le 28 juillet d'envoyer ses troupes, celle du poids lourd de l'OTAN dans la région, en Israël pour intervenir en faveur des Palestiniens. « La Turquie doit être très forte pour qu'Israël ne puisse pas infliger ces choses ridicules à la Palestine. Tout comme nous sommes entrés au Karabakh, tout comme nous sommes entrés en Libye, nous pourrions faire quelque chose d'exactement similaire à ce qu'ils ont fait ». De façon très claire, le président turc a ainsi reconnu publiquement et officiellement que le Kharabagh, l'Artsakh, a été occupé par les armées azerbaïdjanaise et turque. L'occupation de ces terres se poursuit aujourd'hui.
Deux jours après cette déclaration du leader turc, l'Azerbaïdjan lui-même semble vouloir mettre un bémol aux propos de celui qu'Ilham Aliyev appelle pourtant son « frère de sang ». Interrogé par le media en ligne 1 News, un représentant du ministère azéri de la défense à souligné le 29 juillet qu'il n'existe aucune base pour affirmer la participation des militaires d'un pays quelconque « aux batailles en cours uniquement liées à la restauration de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de l'Azerbaïdjan. Pendant la guerre de 44 jours, la Turquie et le Pakistan ont apporté leur soutien politique à l'Azerbaïdjan pour lequel le président Ilham Aliyev a exprimé sa gratitude à plusieurs reprises aux dirigeants de ces pays. […] Le personnel des forces armées d'aucun État n'a participé aux batailles pour la restauration de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de l'Azerbaïdjan ».
À Erevan, le député Tigran Abrahamyan du parti "J'ai l'honneur" estime que « Bakou est furieux des aveux du président turc sur la guerre contre l'Artsakh et sa participation directe à l'invasion de l'Artsakh, les qualifiant de "sans fondement" et notant que la Turquie et le Pakistan n'ont apporté qu'un soutien politique à la guerre de 44 jours ». Pour le représentant de l'opposition au Parlement, ces propos font fait dévier Bakou du cap politique qu'il s'est fixé et du message qu'il souhaite communiquer sur l'état de ses propres forces.
« Commentant la déclaration d'Erdogan depuis l'Azerbaïdjan, [les officiels de Bakou] Je ne dirai rien de nouveau si je mentionne que l'implication directe de la Turquie dans les activités de guerre était claire dès le début pour les principaux acteurs représentés dans la région, du recrutement des terroristes à la planification, au déroulement des opérations, à l'utilisation de certaines armes, etc. L'un des fondements de la propagande est que leur armée a atteint un niveau de combat tel qu'elle a gagné la guerre. […] Deuxièmement, l'Azerbaïdjan a toujours essayé de faire circuler de fausses thèses selon lesquelles les Arméniens auraient gagné la guerre des années 90 avec l'aide de l'étranger, et maintenant son principal allié ramène le sujet à Bakou ».