Le 27 octobre dernier, douze membres de la Confrérie de Saint-Jacques ont publié un communiqué condamnant la décision de Nurhan Manoukian, du père Baret Yeretsyan et de l'archevêque Sevan Gharibian de louer un terrain pour 99 ans à un homme d'affaires australien pour construire l'hôtel Goveroun Bardez. Le terrain non aménagé du Mont Sion, qui fait partie du quartier arménien depuis le 14e siècle, jouxte le séminaire et la résidence du patriarche. Sa perte aurait été un énorme préjudice pour la présence arménienne dans la ville sainte, vieille de 1 600 ans. Dans un communiqué, les clercs ont exigé que le patriarche retire sa signature du traité.
Les douze ecclésiastiques ont fait preuve d'un courage étonnant, d'une incorruptibilité et d'un amour inébranlable pour le Patriarcat arménien, l'Église arménienne et le peuple arménien en s'opposant ouvertement à ce projet malhonnête. Selon la constitution de la Fraternité de Saint-Jacques, seule la Fraternité est habilitée à prendre des décisions sur les transactions immobilières à long terme. En outre, le père Yeretsyan, responsable de la transaction en tant que chef du département immobilier du patriarcat, n'est pas autorisé à signer de tels documents en raison d'un possible conflit d'intérêts.
Dans les jours et les semaines à venir, les douze religieux courageux auront besoin du soutien des Arméniens du monde entier pour contrer la pression attendue du patriarche Nurhan et de son conseiller, un entrepreneur immobilier. Il n'est pas exagéré de dire que douze membres de la Confrérie de Saint-Jacques ont risqué leur carrière pour empêcher une transaction illégale.
Le roi Abdallah de Jordanie, Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne, la République d'Arménie et le Catholicos d'Etchmiadzine doivent agir immédiatement pour contraindre le patriarche Nurhan et le père Yeretsyan à retirer leur signature de l'accord. Les Arméniens du monde entier devraient écrire au roi de Jordanie et à M. Abbas et les exhorter à user de leur position pour contraindre les deux religieux dévoyés à renoncer à l'accord immobilier.
Dans l'idéal, le patriarche Nurhan et le père Yeretsyan devraient démissionner et quitter Jérusalem dès que possible. Tous deux, selon les rapports locaux, ont la citoyenneté américaine. L'archevêque Sevan Gharibian, quant à lui, est trop âgé pour déménager ailleurs.
Lettre de protestation (traduction, voir la copie plus bas)
Dans cette lettre, nous, les ministres soussignés de l'Église de Saint-Jacques de Jérusalem, protestons contre l'accord signé le 8 juillet 2021 par l'archevêque Nurhan Manoukian, patriarche du Patriarcat arménien de Jérusalem, l'archevêque Sevan Gharibian, du Saint-Siège et le révérend Baret Yeretsyan, surveillant de la propriété, pour la construction d'un hôtel sept étoiles dans le « Goveroun Bardez ».
L'accord « Goveroun Bardez » a été signé sans être discuté et ratifié par le Saint Synode et l'Assemblée Générale de la Fraternité. Ceci est inconstitutionnel car il ignore l'article 67 du Règlement intérieur, qui place toutes les décisions immobilières sous la juridiction du Saint Synode. L'accord n'a pas non plus tenu compte de la ratification de l'Assemblée générale unifiée qui a voté à trois reprises (2002, 2006 et 2015) que « les accords couvrant une période d’un à vingt-cinq ans devraient être ratifiés par le Saint-Synode et les accords de vingt-cinq à quarante-neuf ans être présentés par le Saint-Synode à l'Assemblée générale pour ratification ». De plus, selon la règle approuvée par un triple vote lors de l'assemblée de 2015, « ...les accords pour une période de un à vingt-cinq ans doivent être signés par au moins trois personnes : le patriarche (en cas d'absence, le Locum Tenens), le secrétaire exécutif de l'assemblée ordinaire et le surveillant des biens immobiliers. Les accords conclus pour une période de vingt-cinq à quarante-neuf ans doivent être ratifiés par le Saint Patriarche, (en cas d'absence, par le Locum Tenens), le Primat du Saint-Siège, le Secrétaire exécutif de la Congrégation et le Secrétaire exécutif de la Congrégation générale. Leurs signatures sont contraignantes.
Le contrat pour le « Goveroun Bardez » a été signé non seulement par le Patriarche et le Saint-Père mais aussi par le Superviseur des biens immobiliers, ce qui contredit la règle ci-dessus. Le Superviseur n'a jamais eu et n'a pas le droit de signer un quelconque accord pour 25 à 49 ans, et encore moins pour 99 ans.
Après la signature de l'accord susmentionné, le superviseur de la propriété, le révérend Baret Yeretsyan, à l'insu du patriarche, a publié plusieurs déclarations sur la page Facebook du patriarcat, affirmant que le primat et l'assemblée générale de la congrégation avaient donné leur consentement et leur bénédiction.
Dans cette lettre, nous déclarons : ces déclarations n'ont rien à voir avec la réalité. Ni l'abbé ni les congrégations n'ont entendu parler de cet accord. Les deux plus hautes autorités du Saint-Siège, le Supérieur et l'Assemblée générale de la Congrégation, n'ont pas donné leur consentement et leur bénédiction pour la signature de cet accord.
La construction d'un hôtel à côté du complexe monastique, du Patriarcat et du Séminaire théologique créerait de nombreux désagréments et perturberait le fonctionnement normal du Patriarcat et du Séminaire théologique, compromettant sérieusement l'accomplissement de notre future mission.
En conclusion, nous tenons à souligner que le Saint-Siège de Jérusalem est un trésor commun arménien et qu'il fait l'objet de l'attention et des soins de tous les Arméniens depuis des siècles. Avec leur peuple, les membres dévoués du Saint-Siège lui apportent leur soutien moral et financier autant qu'ils le peuvent avec leur dévouement. Ce patrimoine sacré doit être traité avec la plus grande diligence et responsabilité, toujours dans le respect des statuts du Saint-Siège, afin de ne pas mettre en péril son parcours séculaire et de le transmettre aux générations futures.
27 octobre 2021