Le séisme du 6 février qui a frappé les villes turques et syriennes est considéré à ce jour comme la plus grande catastrophe naturelle de ce début de 21e siècle et la plus meurtrière depuis le séisme de 2010 en Haïti. L'Arménie a été l’un des premiers pays à avoir envoyer des sauveteurs et de l’aide humanitaire en Syrie, aussi bien qu’en Turquie.
Par Lusine Abgaryan
Selon les premières données continuellement mises à jour, plus de 37 000 personnes au moins ont trouvé la mort dans le tremblement de terre qui a frappé la Turquie et la Syrie le 6 février dernier. L’ONU avertit que ce nombre pourrait doubler et dans le nord-ouest de la Syrie, toujours selon l’ONU, le nombre de victimes atteint 5 714 personnes.
Les sanctions américaines et européennes qui frappent le régime de Damas en raison de la guerre civile l'ont empêché de recevoir l'aide d'urgence que souhaitaient lui faire parvenir de nombreux pays. Elle en a reçu beaucoup moins en tous cas, proportionnellement, que la Turquie. « Les pays qui veulent envoyer de l'aide humanitaire ne peuvent pas utiliser d'avions-cargos », déplorait même Bassam Sabagh, représentant de la Syrie à l’ONU. Pourtant les besoins sont énormes et augmentent d’heure en heure. « Environ vingt-six millions de personnes dans les deux pays ont besoin d’aide humanitaire », a déclaré Hans Kluge, directeur du Bureau régional européen de l'Organisation mondiale de la santé.
« L’aide humanitaire est politisée, même le tremblement de terre n’a pu adoucir les sanctions ou les annuler temporairement, afin que l’on puisse recevoir de l’aide », a dit Zarmik Poghikyan, rédactrice en chef du journal "Gandzasar", lors d'un bref entretien à la première chaîne publique arménienne. Elle a ajouté que l’aide humanitaire médicale et l'envoi de sauveteurs sont principalement arrivés des pays arabes comme la Lybie, l’Irak, l’Iran ou l’Égypte, mais aussi du Pakistan, de Chine, d’Inde, et d’Arménie. « Les relations arméno-syriennes sont historiques et se placent en dehors des agendas politiques. Cela a été prouvé par l’histoire, lors du génocide de 1915, du séisme de Spitak en 1988, de la guerre de Syrie et aussi de ce tremblement de terre », a dit-elle.
L’Arménie a envoyé une équipe de secours de vingt-neuf sauveteurs à Alep, ainsi que deux avions d’aide humanitaire. Le premier lot de trente tonnes est parti le 8 février, le deuxième, de plus de 25 tonnes d’aide humanitaire constituées de nourriture, de médicaments et de fournitures médicales, a été envoyé en Syrie depuis l'aéroport d'Erebuni à Erevan, comme le rapporte le ministère arménien des Situations d'urgence d'Arménie.
Le séisme a fortement aggravé la pénurie que connaissent les Syriens depuis le début de la guerre et augmente considérablement les difficultés économiques qui se font sentir quotidiennement. Des médicaments d’urgence et de la nourriture pour enfants sont nécessaires. Le diocèse de l’Église arménienne d'Alep et les dirigeants de la communauté arménienne ont ouvert sept points d’accueil pour les citoyens victimes du tremblement de terre. Les jeunes de la communauté arménienne de Syrie ont activement participé aux secours aux côtés des sauveteurs et les organes d’état de sauvetage aux travaux de recherche sous les décombres des bâtiments effondrés.
Le patrimoine culturel de Syrie a également été endommagé, dont 248 établissements d’enseignement. Des églises, des clubs et des centres culturels arméniens dont le séminaire Kilikia d’Alep et le collège Mkhitaryan nécessitent d'importants travaux de restauration,
L’UGAB organise déjà des collectes de dons pour aider les Arméniens de Syrie blessés, sans abris et frappés cette fois-ci par le séisme. La collecte est organisée via le portail de l’organisation.
L’Arménie a également envoyé deux convois d’aide humanitaire à la Turquie. Le premier, avec 100 tonnes d’aide humanitaire réparties en cinq camions est parti le 11 février via la frontière terrestre entre l’Arménie et la Turquie, fermée par cette dernière depuis 1993. Le deuxième a suivi trois jours plus tard. « L’Arménie continue d’envoyer de l’aide humanitaire dans les régions touchées par le tremblement de terre. Tard hier soir, les camions avec le deuxième lot d’aide humanitaire ont traversé la frontière arméno-turque par le pont de Margara» annonçait le 15 février, le porte-parole du ministre arménien des Affaires étrangères, Vahan Hunanyan, sur son compte Twitter
Le ministre des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, s’est personnellement rendu en Turquie le 15 février pour rencontrer son homologue turc, Mevlüt Çavuşoğlu, ainsi que les sauveteurs arméniens qui effectuent sur place des travaux de recherche et de sauvetage.