Absents notoires de la bénédiction du Myron, les principaux représentants du gouvernement ont assisté à la cérémonie de re-consécration de la cathédrale mère d'Etchmiadzine dimanche 29 septembre après 12 ans de rénovation et 6 ans de fermeture.
Par Olivier Merlet
« C'est une vérité historique indéniable : lutter contre Saint Etchmiadzine, c'est lutter contre l'existence et l'identité des Arméniens, c'est frapper le cœur de l'État arménien, c'est vider la vie arménienne de sa substance nationale et spirituelle. Toute tentative d'affaiblir la mission de Saint Etchmiadzine est une tentative d'affaiblir notre nation, de saper les fondements d'une vie indépendante et souveraine, dont l'Église arménienne est l'avocate et le défenseur ».
Comme tous les messages de Karekin II, celui délivré par le Catholicos ce 29 septembre à l'occasion de la re-consécration de Saint Etchmiadzine était bien sur destiné à tous les Arméniens. Cependant les trois grands représentants de l'État assis au premier rang des 500 invites à la cérémonie ont certainement dû se sentir davantage concernés. Entre l'église et le gouvernement le torchon brûle depuis au moins quatre ans. L'étendard du Kharabagh devrait-on dire, ainsi que des symboles de l'Arménie dont elle lui reproche l'abandon ou le projet de le faire et de diviser la nation arménienne. Une Arménie seulement « historique », comme la qualifie Nikol Pashinyan, défendue par un clergé coupable à ses yeux de davantage promouvoir la nation plutôt que l'État arménien.
Après avoir boudé, samedi 28, la bénédiction du Myron – symbole, justement, d'une unité nationale sur lequel s'accordent la plupart des Arméniens du monde entier- le Premier ministre Nikol Pashinyan, le Président de l'Assemblée nationale Alen Simonyan et le président de la République Vahagn Khatchaturyan ont cette fois répondu à l'invitation du Saint-Siège pour cette cérémonie plus fermée que celle de la veille. Ils ne sont livrés à aucune déclaration.
Depuis la fin de la guerre des 44 jours, Etchmiadzine a plusieurs fois appelé à la démission du Premier ministre, ses positions n'ont pas changé. Le 17 septembre, lors de l'annonce des célébrations qui se sont déroulées ce week-end à Etchmiadzine, Arshak Khachatryan, chancelier du Saint-Siège avait bien précisé qu'« inviter les autorités à des événements ou des cérémonies d'ordre nationale ne doit absolument pas être interprétées dans le sens d'une renonciation de l'Église à ses positions ni d'une totale loyauté envers la ligne politique qu'elles adoptent ».
Dans son homélie d'hier, Karekin II l'a de nouveau soutenu : « Saint Etchmiadzine est devenu la pierre angulaire et la forteresse imprenable de l'identité et de l'existence arméniennes, le symbole de l'unité de notre nation et de l'existence éternelle, comme le Mont Ararat sacré. […] Ancré dans l'or, établi par le Christ, il sera toujours l'axe de notre vie nationale et spirituelle ».
Message intégral de Sa Sainteté Karekin II, sous ce lien