Pour que ce soit bien clair avec Moscou

Actualité
06.09.2024

Deux jours après la convocation de l'ambassadeur russe au ministère des Affaires étrangères iranien, le ministre lui-même, Abbas Araghtchi, prévient que l'Iran ne tolèrera pas la moindre menace d'un redécoupage des frontières de ses voisins.

Par Olivier Merlet

 

« La paix, la sécurité et la stabilité régionales ne sont pas simplement une préférence, mais un pilier de notre sécurité nationale. Toute menace émanant du Nord, du Sud, de l'Est ou de l'Ouest et visant l'intégrité territoriale de nos voisins ou le redécoupage des frontières est totalement inacceptable et constitue une ligne rouge pour l'Iran ». C'est sur son microblog X que le nouveau chef de la diplomatie iranienne a fait cette déclaration le 5 septembre.

Deux jours plus tôt, Alexeï Dedov, l'ambassadeur de Russie en Iran, était convoqué au ministère iranien des Affaires étrangères. La raison en était le soutien récemment affiché de Moscou au projet de "corridor" dit du Zangezur, devant relier l'Azerbaïdjan au Nakhitchevan à travers le territoire de l'Arménie.

A l'issue leur entretien, Mojtaba Demirchi le chef du département Eurasie du ministère iranien des Affaires étrangères, soulignait une fois de plus que l'Iran s'opposait au changement des frontières géopolitiques et internationalement reconnues de la région. « Une attention particulière doit être accordée à toutes les préoccupations et intérêts légitimes des pays de la région », ajoutait-il,  qualifiant le respect de leur souveraineté nationale, de leur intégrité territoriale et de leurs intérêts mutuels de « garantie d'une paix stable dans le Caucase ».

Fin octobre, les dirigeants russes et iraniens doivent se retrouver à Kazan pour le sommet des BRICS. Moscou espère signer à cette occasion un contrat historique avec l'Iran qui lui garantirait l'accès aux ports de l'Océan Indien par l'ouverture du corridor Nord-Sud, via l'Azerbaïdjan. A six semaines de cette rencontre, Téhéran rappelle donc avec insistance à la Russie son attachement aux frontières actuelles de l'Arménie. Moscou devrait certainement en tenir compte.