Dimanche 27 septembre. Après avoir préparé mon café du matin, j’ai pris mon portable pour lire les actualités et passer un peu de temps sur Facebook, comme je le fais chaque jour. La première publication que je vois me choque : Dmitri Betskov, mon ami qui habite à Stepanakert, la capitale de l’Artsakh, explique ce qu’il faut faire pendant les bombardements...
Par Izabella Abgarian, membre du Conseil municipal de Erevan, secrétaire générale de la section arménienne de l’UPF, enseignante de Français, blogueuse.
C’est la guerre qui est revenue. La guerre – le pire souvenir de mes années d’école secondaire. La guerre que je voulais oublier. Mais comment pourrais-je l’oublier ? Comment oublier ce qui se répète et peux se répéter sans que le problème soit réglé, sans une paix durable et définitive. Mais le fait le plus terrible pour moi c’est que ce sont déjà mes enfants qui auront les mêmes souvenirs, verront les atrocités, les larmes et même se confronteront aux pertes des proches, des gens qu’ils aiment. Mes enfants, qui sont loin de la zone de contact, qui sont en sécurité relative dans la capitale de l’Arménie. Et les enfants de l’Artsakh, comment leur vie va-t-elle changer ?
Stupéfiée, la première idée qui me vient c’est de réveiller le monde, réveiller la communauté internationale, les organisations dont la mission est arrêter la guerre, protéger la stabilité, défendre les droits de l’Homme. Mais le monde ne voulait pas se réveiller ... Même les bombardements des civils ne les réveillaient pas. Il y en a qui dorment encore ou font semblant de dormir pour ne pas réagir. On s’est mobilisé. Nous qui connaissons des langues étrangères, nous qui comprenons que les bombardements des civils sont un crime de guerre, pour jeter de l’eau sur les visages de ceux qui dorment ... Et c’était énormément difficile de briser ce silence effrayant.
Et voilà que la France casse le silence ! En Arménie et Artsakh, dans les abris de
Stepanakert ou appartements d’Erevan, Goris, Gyumri... On cite les déclarations d’Emmanuel Macron, président de la France, ses remarques et les constations des faits. En tant que membre du groupe de Minsk de l’OSCE, la France reprend le drapeau de la mission de stabilisation dans la région du conflit. Les Arméniens qui avaient toujours une attitude particulière envers la France deviennent encore plus francophiles.
Peu à peu la glace du silence commence à se fondre. Les médias étrangers, certains journalistes qui ont été blessés suite aux bombardements azéris, couvrent la situation de la ligne du front et montrent au monde entier les images terribles de destructions, des enfants et des personnes âgées qui passent leurs jours dans des abris sombres et froids ... Les médias montrent le visage vilain de la guerre.
La grande diaspora arménienne sort dans les rues partout dans le monde, s’organise pour arrêter l'offensive lancée par l'Azerbaïdjan, protéger les civils, protéger la Patrie. Eux qui sont les descendants de la génération rescapée du Génocide arménien savent très bien la signature de la Turquie qui entre dans la guerre comme troisième partie en poussant Aliev, le leader de l'Azerbaïdjan, à cette aventure sanglante, en transportant des groupements terroristes au champ de bataille. Une assistance financière, informatique, humanitaire ... La diaspora fait son possible pour ne pas permettre la répétition du destin de ses ancêtres, pour ne pas lutter après contre l’injustice comme elle le fait il y a plus de cent ans ...
La guerre ne s'arrête pas. Les villes arméniennes bombardées, les civils ciblés, les « listes noires » des jeunes soldats tombés annoncées chaque jour en déchirant les cœurs. Né en 2000, né en 2001, né en 2002... Les jeunes qui devaient vivre, tomber amoureux, gouter le bonheur de devenir parent ... Les jeunes qui ont sacrifié leurs vies pour contrecarrer les plans génocidaires de la Turquie et de l'Azerbaïdjan, pour empêcher les terroristes de vaincre leur patrie et après se propager comme les métastases de cancer dans la région, dans le monde ... Gloire à l’armée arménienne ! #հաղթելուԵնք (#nousGagnerons).