En ouverture du deuxième sommet arménien mondial le 17 septembre, le haut-commissaire aux affaires de la Diaspora, Zareh Sinanyan a prononcé un discours dont le caractère constructif s'est révélé inattendu.
Par Olivier Merlet
Le deuxième sommet arménien mondial qui s'est ouvert le 17 septembre à Erevan et qui est censé réunir pendant trois jours plus de 1000 représentants de la diaspora arménienne ne semble guère passionner les médias arméniens. Dans la presse nationale ce matin, 18 septembre, pas une ligne, si ce n'est l'agence officielle Armenpress qui en fait ses gros titres, les journaux nationaux semblent bouder l'évènement dont il faut bien dire que la première édition, il y a deux ans, n'avait guère convaincu de son utilité, ni en Arménie, ni en diaspora.
Dans une tribune que lui consacrait alors le quotidien "Past" ("Fait" en arménien), Artur Karapetyan écrivait : « La question de la mise en œuvre d'initiatives d'importance pan-arménienne avec la diaspora a été mise au second plan, malgré le fait que les autorités discutaient constamment de la question de savoir si les projets seraient mis en œuvre par les Arméniens de la diaspora, si des investissements seraient réalisés, etc. Mais ces initiatives ne vont pas au-delà des mots. [...Outre le fait que les autorités ne promeuvent pas l'agenda pan-arménien, la conférence qu'elles ont organisée aura des conséquences négatives en termes d'unité des communautés de la diaspora, car la question de la division de la diaspora se pose alors. Les réalités sont examinées sous le prisme de ceux qui soutiennent le programme de paix des autorités et de ceux qui ne le soutiennent pas, et les deux parties se blâmeront mutuellement ».
Hier soir, du haut de sa tribune Zareh Sinanyan, le haut-commissaire aux Affaires de la diaspora « L'Arménie et la diaspora ne se comprennent pas, se sous-estiment et s'accusent mutuellement de divers échecs. Ce phénomène est non seulement fondé sur des évaluations inexactes et irréalistes, mais il n'apporte aucune valeur positive ni aucun résultat supplémentaire », a-t-il encore déploré.
Après avoir évoqué les deux années « difficiles et fatidiques » qui s'étaient écoulées depuis le premier "Global Summit", « les lourdes pertes, ainsi que des réalisations modestes mais encourageantes, la déportation forcée des Arméniens d’Artsakh qui devrait être un signal d’alarme pour tous les Arméniens véritablement patriotes » et la menace « très sérieuse » que constitue « les ambitions agressives de nos voisins envers les territoires de la République et sa sécurité » le haut-commissaire s'en est une nouvelle fois pris à ceux qui « aiment la patrie de loin, ou, dans l'espace virtuel, de font preuve d'un tel patriotisme en critiquant sur Facebook ».
« La responsabilité entière de la solution de ces problèmes les plus difficiles ne peut pas reposer uniquement sur les épaules des Arméniens vivant en Arménie », a-t-il plaidé. « Nous sommes réunis ici parce que nous tous, quels que soient nos convictions politiques et sociales, notre lieu de naissance, notre langue parlée et même notre religion, plaçons notre intérêt commun avant tout, c'est-à-dire l'intérêt de la République d'Arménie et du peuple arménien. Et nous le faisons par des actions et pas seulement par des paroles », s'est défendu Zareh Sinanyan.
Auparavant, lors de son discours inaugural, le Président de la République, Vahagn Khatchaturyan, s'était pourtant voulu beaucoup plus consensuel : « La République d’Arménie est la maison et le refuge des Arméniens du monde entier, quels que soient l’époque, les autorités et les développements internes et externes. Je dis très souvent, lors de réunions avec nos compatriotes de la diaspora, qu’ils sont les ambassadeurs de notre pays dans le monde entier. Ainsi, pour le dire au sens figuré, l’Arménie possède le plus grand appareil diplomatique au monde, car étant des citoyens dignes et responsables de vos pays, vous représentez simultanément l’Arménie d’aujourd’hui, notre culture, nos traditions et notre histoire.
[…] Votre implication est extrêmement importante, que ce soit par le biais d’initiatives culturelles, de programmes éducatifs ou d’investissements. Croyez que la distance ne peut pas réduire notre lien commun, votre voix est entendue, vos actions sont importantes et ensemble nous pouvons construire l’Arménie qui reflétera nos aspirations collectives ».
Le cycle de conférences, d'ateliers et de tables rondes de ce deuxième sommet mondial arménien s'est ouvert ce matin. Il se poursuit jusqu'au 20 septembre. Une intervention du Premier ministre Nikol Pashinyan est prévue ce 18 septembre sur le thème "Environnement de sécurité intérieure et extérieure de l'Arménie".