La seconde édition du concours francophone de plaidoirie pour les Droits humains se déroulait à l’Université française d’Arménie (UFAR) le mercredi 12 avril. À la clef, un stage d’un mois dans un cabinet d’avocat de Montpellier pour les deux lauréates.
Par Allan Branger
« Faites entrer l’accusée ! » Face à un jury composé d’une délégation d’avocats professionnels français et arméniens, six équipes de deux étudiantes juristes s'affrontaient dans des joutes verbales, pour tenter de remporter le premier prix de ce concours d'éloquence. Organisé par l'Institut des Droits de l'Homme (IDH) en coopération avec la Chaire Senghor de Francophonie d'Arménie et rattaché aux Chambres des Avocats de Montpellier et d'Arménie, la compétition avait retenu pour thème cette année "Liberté d'expression et discours de haine".À partir d’un cas fictif de violation des droits de l’Homme, une équipe défend une militante yézidie, mise en cause pour une vive et très sévère critique du gouvernement arménien sur les réseaux sociaux.
« La liberté d’expression est un droit de plus en plus menacé en Arménie, il est nécessaire que chaque citoyen puisse jouir de sa liberté d'opinion », affirmait Susana Nagoyan lors de l’ouverture du procès. « Critiquer l’État est un droit essentiel dans une démocratie. Nous vous demandons de considérer l’importance de la liberté d’expression et d’en assurer les droits complets pour notre cliente » renchérissait sa collègue.« La liberté d’expression n’est pas un droit absolu : lorsqu'elle représente un danger pour la sécurité nationale, il faut la combattre” répondait l’une des avocates du gouvernement porté partie civile. À l’issue de ce premier procès opposant les futurs juristes durant une cinquantaine de minutes, les défenseuses finissent par avoir gain de cause.
Pour Naira Zororyan, avocate et vice-présidente de l’IDH, l'enjeu en filigrane de cette compétition de plaidoiries consistait « à faire comprendre aux juristes Français ce qui se passe en ce moment en Artsakh. Et avec des plaidoiries sur les droits fondamentaux, on est en plein dedans ». En parallèle, la délégation du barreau de Montpellier s’était d'ailleurs rendue dans le Syunik le 11 avril et avait constaté par elle-même « la grave mise en danger du droit à la vie » dans cette région du sud de l’Arménie. Les avocats français avaient aussi rencontré leurs collègues et les autorités arméniennes, notamment pour aborder la notion du respect des droits de l’Homme face à la crise à laquelle les populations arméniennes sont actuellement confrontées dans le Corridor de Latchine.
Venera Gevorgyan et Silva Baveyan sont les deux heureuses élues. « J’avais envie de comprendre quelles étaient les conditions réelles d’un procès. Mon but dans le futur est de pouvoir œuvrer pour l’Arménie en tant qu’avocate » déclarait Venera Gevorgyan, lauréate du prix de la meilleure plaideuse et de la meilleure équipe avec sa partenaire Anahit Zakaryan.
Les deux étudiantes s’envoleront prochainement pour Montpellier pour un stage d’un mois dans un cabinet d’avocats spécialisé en droit international et droit des affaires.
« Ce concours a permis de faire vivre l’esprit de justice dans le cœur de cette jeunesse arménienne » s'est réjouie la vice-présidente de l’IDH, Naira Zororyan. Elle a conclu « C’était également l'occasion de renforcer les liens qui unissent le barreau d’Arménie et celui de Montpellier, tout en donnant un coup de pouce à la francophonie en Arménie ».