Un mois jour pour jour après l'appel du président Arayik Harutyunyan à la communauté internationale de se mobiliser en actes pour le Karabagh, cinq partis de l'Assemblée nationale d'Artsakh rappellent l'Arménie à ses engagements.
Par Olivier Merlet
Le 13 février, il y a tout juste un mois, le président de la République du Haut-Karabagh demandait « à la France, aux États-Unis et la Russie qui coprésident le groupe de Minsk de l’OSCE, comme à l’ensemble de la communauté internationale, de mettre en place, ensemble ou séparément, des mesures efficaces pour débloquer la route de la vie de l’Artsakh et pour prévenir de nouveaux crimes ». L'appel a été entendu, les réactions et prises de position se sont multipliées, le 23 février, la Cour internationale de justice des Nations-Unies a même rendu deux verdicts en ce sens : la condamnation de l'Azerbaïdjan est unanime. Rien n'y a fait cependant, le Karabagh attend toujours des actes (quels actes peut-il bien espérer, d'ailleurs ?), et malgré les déplacements de quelques personnalités, malgré deux-trois navettes diplomatiques dont on se demande si la finalité ne visait pas davantage à importuner la Russie que l'Azerbaïdjan, la situation demeure inchangée.
Elle s'est même aggravée peut-on dire, puisque depuis le limogeage de Ruben Vardanyan et l'ouverture avouée de négociations directes entre Stepanakert et Bakou, celle-ci ne parle plus de l'enclave arménienne qu'en termes de réintégration et fait monter les enchères à coups de provocations et d'actes qui s'apparentent à du terrorisme d'État.
Cinq partis constituants de l'Assemblée nationale du Karabagh, "Patrie libre - UCA", "Patrie unie", "Justice", la "Fédération révolutionnaire arménienne" et le "Parti démocratique d'Artsakh" ont lancé un appel commun, cette fois à la seule intention de l'Arménie, pour garantir le respect de ses droits et notamment celui à l'autodétermination.
« Cela fera bientôt 100 jours que les 120 000 habitants de la République d'Artsakh sont soumis au blocus de l'Azerbaïdjan. Au mépris de la décision de la Cour internationale de justice de La Haye concernant le désencerclement de l'Artsakh, les dirigeants azerbaïdjanais poursuivent toujours leur politique de dépeuplement de l'Artsakh fondée sur la menace et l'usage de la force.
Dans son intention d'annexer la République d'Artsakh, l'Azerbaïdjan n'hésite pas à avoir recours à des mesures inhumaines et des actions terroristes. Les perturbations de l'approvisionnement en gaz naturel et en électricité, les intimidations de la population civile, les restrictions à la libre circulation, et récemment, le 5 mars, les tirs meurtriers sur des policiers dans l'exercice de leurs fonctions, prouvent que les pourparlers de dialogue direct sont inacceptables dans de telles conditions.
Dans le même temps, nous sommes convaincus que le conflit du Karabagh, en tant que question à l'agenda international, doit être résolu par des négociations avec la médiation et les garanties de structures internationales compétentes, en particulier celles des pays coprésidents du groupe de Minsk qui sont dotés d'une telle autorité.
La direction militaro-politique de l'Azerbaïdjan désinforme ses propres institutions publiques et internationales avec diverses artifices de propagande dans le but de leur donner l'illusion d'une "ère de paix".
Les Partis de l'Assemblée nationale de la République d'Artsakh, exprimant la volonté et la position du peuple, demandent aux autorités de la République d'Arménie d'adhérer à la résolution du 8 juillet 1992 du Conseil suprême de la République d'Arménie et de ne pas remettre en cause le droit à l'autodétermination du peuple d'Artsakh.
Toutes les Partis du Parlement d'Artsakh réaffirment leur fidélité aux documents fondamentaux exprimant la volonté de son peuple et continueront d'être guidées par les idées et principes qui en découlent ».
Pour rappel, la décision en question, celle du Conseil suprême de la République d'Arménie du 8 juillet 1992, n'aborde pas précisément la question de l'autodétermination du peuple du Karabagh mais celle de ses droits d'une façon générale, qu'elle s'engage à « soutenir constamment », au même titre que la République du Haut-Karabagh dont elle est citoyenne. Elle considère cependant « comme inacceptable tout document international ou national dans lequel la République du Haut-Karabakh serait mentionnée comme faisant partie de l'Azerbaïdjan ».