L'opération de maintien de la paix au Karabakh se caractérise par une logistique très complexe. La reconstruction et la modernisation de l'aérodrome de Stepanakert permettront d'accueillir les avions de transport militaire de l'armée de l'air russe, de créer de nouvelles capacités opérationnelles et de résoudre les problèmes d'approvisionnement du groupe militaire.
L’Arménie n’est reliée au Karabakh que par le corridor de Lachin de 5 km de large. La route est sous la garde des soldats de la paix russes, et pourtant elle reste extrêmement vulnérable en cas d'une éventuelle aggravation de la situation dans la région. À l'avenir, la construction d'une nouvelle route (corridor) après le transfert du district de Lachin à l'Azerbaïdjan est prévue. Cependant, une livraison rapide des personnes et des biens est indispensable déjà aujourd'hui.
Le trajet routier de Stepanakert à Erevan (base aérienne d'Erebuni, aéroport de Zvartnots) est de 320 km. Dans les premiers jours de l'opération, les soldats de la paix se sont rendus à Stepanakert par cette route. Puis (depuis le 28 novembre) ils ont commencé à appliquer l'itinéraire combiné : des voitures avec des cargaisons et des machines en provenance de Russie arrivent à la gare azerbaïdjanaise de Barda et après avoir été chargées en voitures, elles sont transportées vers le Karabakh (environ 100 km de l'itinéraire Barda - Agdam – Stepanakert). Dans les deux cas, c'est un long chemin.
Le transfert rapide d'unités, d'équipements et de cargaisons sur des centaines de kilomètres dans les conditions du Haut-Karabakh se transforme en une opération militaire complexe. Deux fois par an - rotation du groupe des soldats de la paix. La complication de la situation dans la région peut nécessiter des forces et des ressources supplémentaires. En même temps, à neuf kilomètres de Stepanakert, il y a un aéroport qui est hypothétiquement capable d'accueillir des avions de transport militaire lourd.
Les vols s'y sont arrêtés au début des années 1990 en raison des combats. L'infrastructure de l'aéroport a été endommagée par des attaques à la roquette par l'Azerbaïdjan en septembre et octobre 2020, mais la longueur de la piste est de 2 200 mètres. Le relief permet d'étendre la piste de 1000 mètres si nécessaire et d'en construire une deuxième à proximité. Le prix de la relance et de la modernisation de l'aéroport près de Stepanakert dans un avenir proche ne sera peut-être pas plus cher que de nombreuses années de vols longue distance, une dépense énorme de temps et d'efforts. L'aéroport pourrait également devenir un centre logistique pour la circulation du fret civil et un élément important de la future croissance économique du Haut-Karabakh.
L'aéroport de Stepanakert était déjà en cours de réparation et était prêt à recevoir des avions en 2012. Mais cela n'a pas eu lieu à cause de l'opposition de Bakou. Cependant, avec la conclusion de l'accord tripartite et le lancement de l'opération de maintien de la paix russe, la situation dans la région a radicalement changé. Il est temps de revoir les approches de la sécurité des vols et de lever les interdictions. D'autant plus qu'il existe des précédents de « compensations » Azerbaïdjan-Arménie : les vols de Bakou à Nakhitchevan passent par des corridors internationaux au-dessus de l'Arménie, et les compagnies aériennes arméniennes utilisent des corridors aériens protégés au niveau international au-dessus du territoire de l'Azerbaïdjan.
Le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev a déclaré plus tôt : « Le jour viendra où les Arméniens et les Azerbaïdjanais qui vivent aujourd'hui dans le Haut-Karabakh, et qui y retourneront certainement, vivront à nouveau dans des conditions de bon voisinage. Il y a des questions de logistique, de transport, de sécurité énergétique. Nous allons examiner toutes ces questions ».
C'est rassurant. Et si l'aéroport alpin déploie bientôt ses ailes, il profitera à la paix et à la stabilité régionales.
Source : armeniasputnik.am
