Le Premier ministre Nikol Pashinyan a tenu hier, 7 mai, une très longue conférence de presse au complexe sportif Karen Demirchyan d'Erevan.
Par Olivier Merlet
Quatre heures et trois minutes ! Il s'en est fallu de peu que Nikol Pashinyan batte son propre record (4 heures et 20 minutes le 19 mars 2019). Mais il était important pour le Premier ministre d'occuper la scène - plus que jamais peut-être depuis l'après-guerre des 44 jours - pour tenter de calmer le vent levé il y a dix jours sur les frontières du Tavush, et qui souffle actuellement sur le feu couvant d'une large contestation.
La conférence s'est déroulée en deux temps, un discours dont le populisme n'était pas absent, suivi des réponses aux questions d'actualité et à quelques réflexions. Suivant ce schéma, nous en rapportons la teneur sous deux articles dont voici le premier, consacré au discours d'ouverture du Premier ministre dans lequel il présente les étapes pour la réalisation de sa vision de " l' Arménie réelle".
« Avant, pendant et après la guerre de 44 jours. Nous avons considéré qu'il était important de diagnostiquer les problèmes mentionnés, considérant que leur solution était vitale. Le processus de résolution pratique de tout cela nous a révélé non seulement l’insolubilité de certains problèmes, mais aussi leur incompatibilité avec les idées et les pratiques d’indépendance, de souveraineté et d’État.
[…] Il en ressort la nécessité de revoir la vision stratégique du développement de l'Arménie. […] C'est la vision de l'Arménie réelle, aujourd’hui, je veux faire un pas de plus vers la réalisation de cette vision ».
Nikol Pashinyan pose alors les fondements de son "Arménie réelle"
« La République d'Arménie est un État souverain [qui] mène et doit mener une politique étrangère indépendante. […] Lorsque nous parlons de souveraineté, nous entendons nos relations avec le monde extérieur, mais il est également très important de prendre la souveraineté comme base des relations internes également, dans le sens où la législation nationale et les relations internes doit être réglementé.
[…] Le territoire de la République d'Arménie, la superficie est de 29 mille 743 kilomètres carrés.
[…] La République d'Arménie a un système de gouvernement parlementaire et il est garanti que le gouvernement est formé exclusivement sur la base de la libre expression du peuple.
[…] Le sens de l'existence de la République d'Arménie n'est pas de servir la justice historique, ni de servir les agendas nationaux, mais d'assurer la liberté, le bonheur et le bien-être des citoyens de la RA ».
Puis il en définit les principes
« L'État de droit, une justice fondée sur une loi acceptée par le peuple. […] Nous, citoyens et peuple de la République d'Arménie, [devons etre] nous-même l'auteur, le créateur, la source de la justice. Je le répète, le peuple ne devrait être l'auteur du texte, mais l'auteur des principes, l'auteur des normes.
L’ordre économique […]une justice sociale basée sur la liberté du travail et des affaires. […] La justice sociale doit être fondée sur le travail. […] mais nous devons également soutenir ceux qui ont besoin de l'aide sociale afin qu'ils puissent subvenir aux besoins de leur famille par le biais du travail,
L'environnement régional, […] Approfondir et développer le voisinage avec la Géorgie et l'Iran, gérer, réduire, éliminer l'inimitié avec la Turquie et l'Azerbaïdjan, l'intégration régionale des transports, établir des liens économiques, [les] approfondir et [les] développer. […] "Gestion de l'inimitié" signifie, d'une part, veiller à ce qu'elle ne se manifeste pas de manière incontrôlable dans notre région, et d'autre part, l'amener au stade de la réduction et, en termes de stratégie à long terme, l'orienter vers une remise à zéro.
La sécurité nous l'envisageons comme la diversification des relations extérieures, la réforme de l'armée, l'introduction d'un système global de sécurité et de défense […] l'outil d'arrière-plan est la légitimité ».
Et affiche sa préoccupation
« Notre problème est le développement économique, car c’est grâce au développement économique qu’il est possible d’assurer la mise en œuvre et la réalisation de toutes les thèses susmentionnées.
Pour légitimer en conséquence sa politique
« Notre procédure. En conséquence, toutes nos décisions doivent découler de la vision exposée ci-dessus. En d’autres termes, nous devons d’abord ajuster nos objectifs et faire en sorte que toutes nos décisions servent ces objectifs. [..]les décisions doivent être fondées sur l'intérêt de l'État. […] L'intérêt de l'État de la RA est le développement en général et le développement socio-économique en particulier ».
Et en justifier les moyens
« Pour réaliser tout cela, la paix est nécessaire, et c’est pourquoi le gouvernement a adopté et met systématiquement en œuvre un programme de paix[…]Seule la paix peut garantir la sécurité de l'Arménie[…]Nous avons adopté l'agenda de paix comme moyen d'assurer la sécurité de la République d'Arménie et nous le mettons en œuvre comme un système [la] garantissant. […] Il y a beaucoup de problèmes de sécurité où les garanties que nous imaginions auparavant ne fonctionnaient pas.[…] Les postes frontières en cours d'installation dans la région de Tavush sont les piliers des garanties de sécurité de la RA, et nous faisons tout et ferons tout dans le sens des garanties, en renforçant et en multipliant ces postes ».
Plus Arménien qu'Arménien
« Nous avons parlé du territoire, du statut, de l'économie, de la sécurité, mais, bien sûr, [la valeur] la plus importante et la plus centrale pour l'État est son système de valeurs, celui sur lequel cet État est fondé. […] La stratégie de développement de l'Arménie devait être revue, […] la stratégie de sécurité nationale de l'Arménie doit être revue,[…] je ne pense pas que les valeurs nationales qui inscrites [dans la stratégie de sécurité nationale] devraient être révisées.
État arménien, République d'Arménie,
Indépendance, souveraineté, citoyenneté, démocratie, armée de la République d'Arménie,
L'histoire de l'Arménie, le folklore du peuple arménien, les épopées, les croyances, les légendes, les mythes,
Langue et lettres arméniennes, littérature arménienne, y compris littérature traduite, connaissances, sciences,
Potentiel pan-arménien, diaspora arménienne,
Patrie, famille, individu,
Sainte Église apostolique arménienne, Église catholique arménienne, Église évangélique arménienne, Christianisme,
Ashugh arménien, Gusan, musique folk, classique, originale et pop, danse arménienne, beaux-arts arméniens, art de la scène arménienne, architecture arménienne,
La nature indigène avec sa biodiversité,
Progrès, libéralisme, amour-propre, hospitalité, éducation, diligence, respect des lois, respect et tolérance envers les autres, les peuples, les religions,
Les sentiments et relations fraternels envers les minorités nationales et l'union inséparable avec elles, exprimés par la citoyenneté de la République d'Arménie,
La cuisine arménienne, tous ces échantillons du patrimoine matériel et immatériel qui expriment, représentent, décrivent ou symbolisent les valeurs nationales du peuple de la RA décrites ci-dessus ».