Avant que le Premier ministre ne se rende finalement à Sardarapat le 28 mai pour célébrer la journée de la République, les forces de police ont tenté d'en empêcher l'accès au Catholicos de tous les Arméniens.
Par Olivier Merlet
Souhaitant éviter toute provocation et tout contact direct et avec les partisans du mouvement "Pour la Patrie", ce n'est qu'après leur départ, en milieu d'après-midi, que le Premier ministre a rejoint le mémorial de Sardarapat pour y célébrer la journée de la République. Ses opposants, menés par l'archevêque Bagrat Galstanyan, y avaient passé la nuit et l'avaient attendu toute la matinée.
Peu avant l'arrivée de Nikol Pashinyan, une délégation du Saint-Siège d'Etchmiadzine menée par le Catholicos de tous les Arméniens, Karekin II, avait elle aussi souhaité se rendre, comme tous les ans, sur les lieux de la victoire contre les turcs à laquelle l'Église arménienne est particulièrement associée. Elle a été accueillie par un mur serré de policiers et bérets noirs dont les ordres étaient d'empêcher son accès à la plateforme. Ceux-ci ont cependant préféré ne pas user de tous leurs moyens contre les hommes d'église et après quelques instants de tension et de légère confusion, ceux-ci ont finalement forcé le barrage.
« Le comportement répréhensible de la police à l'égard du patriarche arménien et des membres de l'Église ainsi que les interdictions et actions violentes initiées pour entrer dans le complexe mémorial est un autre épisode des activités honteuses et antinationales des autorités », a réagi le Saint-Siège un peu plus tard. La scène, évidemment, a été filmée et immédiatement diffusée sur les réseaux sociaux, particulièrement suivis ces derniers jours. La nouvelle s'est répandue dans Erevan comme une trainée de poudre et provoqué une profonde indignation parmi la population.
« Hier a eu lieu le plus grand blasphème de notre période récente », déclarait ce mercredi matin le chef du diocèse du Tavush. « Leur comportement ne devrait pas nous surprendre, ils n'ont rien à voir avec notre peuple, ni avec ses souhaits, ses idées, ses rêves, ses symboles ou ses sentiments ». Désignant sans le nommer le Premier ministre Nikol Pashinyan, il a ajouté : « Qu'il s'agisse d'une instruction directe de cette personne ou d'une instruction directe de l'extérieur, c'est toujours l'expression de ses pensées, de son attitude à l'égard de nos valeurs, de l'Église et de notre vie en général ».
À 9h30 ce 29 mai, Bagrat Galstanyan et ses partisans se sont rassemblés sous les fenêtres du ministère de l'intérieur dans l'intention d'obtenir des explications quant aux faits survenus la veille et les violences policières des derniers jours. Alors qu'il demandait à rencontrer le ministre, Vahe Ghazaryan, celui-ci lui a fait savoir par l'intermédiaire de son porte-parole qu'il accepterait un entretien à la condition qu'il se déroule en privé. Le leader du mouvement populaire qui attend toujours une réunion publique a organisé une action de "sit-in" qui se poursuit actuellement devant le ministère.