Résoudre les problèmes au lieu de les couvrir: un grand nombre de journalistes parmi les députés de la nouvelle Assemblée nationale

Actualité
15.01.2019

Hier, le 14 janvier 2019, a eu lieu la première séance de l’Assemblée nationale d'Arménie nouvellement élue. Parmi les 132 députés du nouveau parlement, un nombre sans précédent de journalistes qui ont renoncé à leur carrière pour faire de la politique. Lors de l’entretien accordé à l’agence « Armenpress », certains journalistes ont précisé les raisons de leur décision.  

Tagouhi Tovmasian, l’ex éditrice du quotidien « Peuple » ("Joghovurd") et député du bloc « Mon pas » a déjà transmis les responsabilités de l’édition à sa collègue, et elle est prête pour le travail au Parlement. « Depuis 15 ans, j’ai couvert les travaux du Parlement. Pour moi, il n’e reste plus d'inconnus dans le fonctionnement de l’Assemblée. Tout simplement, j’ai été de l’autre côté de la barrière, et je me trouve aujourd’hui de ce côté-là, et les problèmes que j’ai couverts en tant que journaliste ou éditeur, j’essayerai de les évoquer dans mes discours et initiatives législatives. Autrement dit, je tâcherai de résoudre par les tuyaux parlementaires les problèmes qui sont impossibles à résoudre par des articles », - a déclaré Tovmasian.

Vahagn Hovakimian, ancien journaliste du journal « Temps arménien » ("Haïkakan jamanak"), estime que l’écart entre un journaliste couvrant des sujets politiques et un homme politique n’est pas si grand. « Le journaliste qui traite des sujets politiques fait de la politique aussi, mais à titre de quelqu’un qui pose des questions, et son article peut nuire ou contribuer à la carrière politique de quelqu’un. Le journaliste devient homme politique quand il ne se contente plus de poser uniquement des questions mais veut également les résoudre », a dit Hovakimian.

Il en va de même pour Gayané Abrahamian (bloc « Mon pas »), journaliste de la télévision arménienne, qui a décidé de faire de la politique pour que les questions qu'elle avait évoquées soient résolues ; elle a mis terme à sa carrière de journaliste il y a quelques mois. « A un moment donné j’ai compris qu’il fallait prendre la responsabilité de s’engager et d’utiliser les leviers parlementaires pour au moins tenter de trouver une solution aux questions au lieu de les soulever », a dit Gayané Abrahamian.

Selon l’animatrice télé et radio Loussiné Badalian, également membre du bloc « Mon pas », la présence des journalistes au Parlement est un avantage. « Si leur nombre était très grand, je ne le considérerais pas comme un avantage, mais comme leur nombre se situe aux alentours d’une dizaine, je crois que c’est une nécessité car les journalistes sont souvent mieux informés et, de ce fait, peuvent être utiles à l’Assemblée nationale dans le sens où il y aurait une autre attitude aux problèmes”, a noté Loussiné Badalian.

Sarkis Khandanian de Civilnet partage son opinion, et il est déterminé à ne plus faire de journalisme. « L’expérience de journaliste sera très utile rien que grâce à la connaissance des procédures. En plus, un journaliste, qu’il/elle le veuille ou pas, a trait à plusieurs domaines et c’est un atout pour les députés qui sont journalistes. Le bloc (« Mon pas », NDLR) en profitera aussi, car il y a des ex-journalistes qui sont spécialisés dans les domaines tels que le droit, l’économie. Parfois je regarde mes collègues journalistes avec nostalgie, car je dois faire un travail d’autre genre, dans une autre culture politique, mais j’ai la ferme détermination de ne plus faire de journalisme », a dit Khandanian.

Au fil des années l’économiste et journaliste Babken Tounian a pointé du doigt les manquements du gouvernement dans le domaine économique, et actuellement il est prêt à écouter les critiques constructives en tant que député. « J’ai indiqué les manquements de manière objective. Autrement dit, je les ai indiqués en les appuyant par les arguments et pas au niveau des ragots et des conversations et je serais heureux d’écouter une critique constructive également à notre adresse », a noté Babken Tounian.