La compagnie Cie Saté-Âtre était de retour en Arménie afin d’offrir au public arménien le spectacle musical « Les Preux de Sassoun », aux motifs de l’épopée arménienne.
Par Lusiné Abgarian
Il s'agit de l’épopée populaire arménienne qui parle des exploits historiques et qui est inscrite par UNESCO sur la liste représentative du Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité (2012). En la mettant en scène, Saté Khachatryan, la fondatrice de la compagnie, tenait à souligner particulièrement l’universalité de cette épopée et de son propos, ce qui a notamment été mis en œuvre grâce à la participation des musiciens et des comédiens venus de différentes cultures: Congo, Guadeloupe, Martinique... Ce mariage des cultures à travers l’épopée n’est rien d’autre qu’un dialogue interculturel d’une liberté et d’une richesse extraordinaires, qui a permis au public de percevoir le récit de l’épopée avec un regard extérieur et différent.
Plusieurs instruments de musique accompagnaient le spectacle, dont notamment des instruments africains. Ce qui est le plus marquant, c’est que chaque artiste a apporté à cette représentation de l’épopée arménienne quelque chose de soi et de sa propre culture dans une liberté et simplicité naturelles, mais bien évidemment sous l’œil vigilant de la metteuse en scène. Il convient de noter que ce spectacle musical n’est pas dépourvu d'improvisations également.
Ce dialogue culturel, ce partage apporte une autre vision de l’épopée nationale arménienne et permet également de montrer à quel point son propos parlant peut être abordé et perçu à l’échelle mondiale, celle de l’humanité : « Cette richesse n’est pas seulement à nous, aux Arméniens, mais bien celle de l’humanité entière », - dit Saté Khachatryan.
Après une tournée avec ce spectacle musical dans les villes arméniennes, dont Goris, Sevan, Gavar, Gumri, Erevan, Saté Khachatrian avait réservé une autre surprise, cette fois-ci pour le lecteur arménien ; une présentation du livre des pièces traduites de Florian Zeller publié chez la maison d’édition « Zangak » a eu lieu hier au théâtre Hamazgayin d’Erevan. Deux des pièces traduites, « La vérité » et « Le mensonge » ont déjà retrouvé leur place dans le répertoire de ce théâtre.
La dramaturgie de Zeller est très parlante pour le public arménien, notamment parce qu’elle s’approche aux sujets familiaux et quotidiens avec une certaine projection et permet au spectateur de se poser des questions et d’en trouver certaines réponses en regardant les épisodes de la vie quotidienne sur les planches.
Saté Khachatryan persiste à souligner l’importance de la traduction des pièces contemporaines pour les théâtres arméniens : « Avec ces traductions, c’est aussi l’histoire du théâtre arménien contemporain qui s’écrit », - réclame Saté. Elle note également qu’il est absolument primordial que les théâtres arméniens disposent de textes contemporains, avec une traduction de qualité et à partir de la langue originale, dans ce cas, le français, étant donné que souvent les traductions des pièces se font en passant par une langue intermédiaire, qu’est souvent le russe.