L’existence du théâtre Goy est menacée. Le ministère de l'Éducation et de la Culture a annoncé sa décision de fusionner le théâtre "Goy - laboratoire expérimental" avec le Théâtre National Académique Sundukyan.
Par Lusine Abgaryan
Plusieurs rencontres du directeur du théâtre, ainsi que de son équipe avec le vice-ministre de la culture Ara Khzmalyan ont précédé et suivi cette décision annoncée il y a quelques jours. Révoltés contre cette décision, les artistes du théâtre la trouvent insensée et s’expriment contre toute tentative de fusion avec le grand théâtre académique : une décision destructrice rendrait l’existence de ce théâtre impossible. L’optique du ministère est claire : poursuivre cette politique de fusion pour arriver à une gestion commune de différentes structures éducatives et culturelles. En dessous de cette intention annoncée : coupes de budget et de transgression du droit de la liberté de l’expression.
En effet, selon les propos de l’équipe de Goy, ils sont notamment poursuivis par le ministère à cause des visions politiques de leur premier metteur en scène, ainsi que de toute l’équipe, qui ne ménagent pas de critiques explicites le gouvernement actuel. Le moment déclencheur fut la création de la pièce « Garégin Nzjdeh », une pièce qui parle de cette figure victorieuse pour les Arméniens : le lendemain de la première le directeur Sargis Tcholoyan était convoqué au ministère pour apprendre la nouvelle de la fusion, qui cache, en effet, l’intention de faire disparaître ce théâtre.
Pourtant, le motif principal de cette fusion qu’annonce le ministère est le déficit financier que le théâtre n’a pas pu combler lors de l’année précédente. Le directeur a donc proposé de doubler ou même de tripler le plan, de renoncer à la subvention de l’Etat : le ministère n’a pas l’intention de céder. « J’ai proposé de nous donner un peu de temps, six mois, un an, la réponse du vice-minstre était « non » », a dit Sargis Tcholoyan, le directeur par intérim du théâtre lors de la conférence de presse du 23 mars.
Cette décision a provoqué une grande vague de mécontentements et de révoltes de l’intelligentsia et des artistes en Arménie, qui s’expriment contre cette politique dévastatrice et non favorable à la culture, qui empêche les artistes de créer et de promouvoir le style et le répertoire qui est propre à ce théâtre.
Ce théâtre, avec une histoire de 35 années, était fondé comme un centre expérimental en 1988. Ayant traversé le tremblement de terre, puis la guerre, les bases du théâtre n’ont pas été ébranlées par les difficultés quotidiennes existentielles. Un théâtre avant-gardiste, son répertoire a connu plusieurs directions du théâtre : des pièces classiques, le théâtre de l’absurde, des œuvres de la dramaturgie contemporaine. Avec un répertoire riche et varié, le théâtre a aussi son public fidèle depuis toutes ses années.
La culture est une arme. Le ministère de l’Education et de la Culture demande à ce théâtre de déposer les siennes.