Alors que les craintes de reprise d'un conflit à grande échelle sur le territoire arménien s'expriment de plus en plus clairement à travers les médias et alimentées par les réseaux sociaux du pays, le Comité des ministres de l'Union européenne, réuni à Strasbourg le 6 septembre, a fait part de ses grandes inquiétudes et appelé Bakou et Erevan à la plus grande retenue au travers d'une déclaration formelle et très circonstanciée en treize points.
« La violence, les menaces, la rhétorique dure et la diffusion de fausses informations doivent cesser afin de créer un environnement propice à la paix et aux pourparlers de normalisation. Il est plus urgent que jamais de s'engager à nouveau à dialoguer de bonne foi. Il faut pour cela que toutes les parties s'engagent véritablement à œuvrer en faveur de résultats négociés. Les questions humanitaires doivent être résolues et des mesures concrètes doivent être prises d'urgence pour rétablir la confiance ».
Déclaration de l'UE sur les récents développements autour du corridor de Lachin
- L'Union européenne suit avec une grande inquiétude la poursuite des restrictions à la libre circulation le long du corridor de Lachin et les graves conséquences humanitaires et sécuritaires qui en découlent pour les Arméniens du Karabagh.
- La circulation dans le corridor de Lachin est entravée depuis près de neuf mois et, depuis le 15 juin, le corridor est presque complètement bloqué, à l'exception d'évacuations médicales sporadiques. En conséquence, les fournitures médicales et les produits de première nécessité manquent cruellement ou sont déjà épuisés, ce qui a des conséquences désastreuses pour la population locale.
- L'UE déplore que les activités du Comité international de la Croix-Rouge dans la région aient été fortement entravées et demande qu'elles reprennent pleinement et rapidement, y compris le transport de fournitures humanitaires.
- L'UE réitère l'appel lancé par le HRVP (Haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères, NDLR : Josep Borell) le 26 juillet pour assurer la liberté et la sécurité de circulation dans les deux sens le long du corridor de Lachin et pour garantir que la crise ne s'aggrave pas davantage, conformément à la déclaration trilatérale de novembre 2020, aux mesures provisoires prises par la Cour européenne des droits de l'homme en décembre 2022 et à l'ordonnance rendue par la CIJ en février 2023.
- L'UE a pris note de la volonté exprimée par les autorités azerbaïdjanaises de fournir des marchandises via la ville d'Aghdam. L'UE est fermement convaincue que le corridor de Lachin doit être débloqué, conformément aux accords passés et à l'ordonnance de la CIJ.
- L'UE a suivi de près les tensions croissantes entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie le long de leur frontière internationale au cours des derniers mois, avec des incidents de tir signalés presque quotidiennement. Nous appelons toutes les parties à éviter de nouveaux incidents et à reprendre le dialogue.
- Afin d'observer et de rendre compte de la situation sur le terrain, la mission de l'UE en Arménie (EUMA) effectue des patrouilles le long du côté arménien de la frontière internationale entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. L'objectif de la mission est de contribuer à la résolution du conflit et de renforcer la confiance entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan.
- L'UE réitère ses appels à la retenue et au dialogue entre toutes les parties concernées. Des efforts continus sont nécessaires pour rétablir la confiance entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, afin de garantir une paix et une stabilité durables dans la région, au bénéfice de la population civile locale. L'établissement rapide d'un dialogue entre Bakou et les représentants des Arméniens vivant dans l'ancienne région autonome du Haut-Karabakh est essentiel, en particulier pour résoudre la crise humanitaire dans la région, mais aussi en ce qui concerne les droits et la sécurité des Arméniens du Karabakh et d'autres questions.
- L'UE note également que le Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe est prêt à coopérer avec tous les interlocuteurs concernés pour aider à surmonter les difficultés humanitaires actuelles.
- L'UE, et en particulier le président du Conseil européen Charles Michel, s'est fortement engagée à soutenir le processus de normalisation entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan.
- Lors de la dernière réunion trilatérale du 15 juillet 2023, organisée par le président Michel avec le président azerbaïdjanais Aliyev et le premier ministre arménien Pashinyan, les dirigeants des deux pays ont réaffirmé leur ferme engagement en faveur du processus de paix. Ils ont notamment reconfirmé leur respect total de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de l'autre pays et leur engagement sans équivoque à l'égard de la déclaration d'Almaty de 1991 en tant que cadre politique pour la délimitation de la frontière. La délimitation définitive de la frontière devrait être convenue par le biais de négociations. De nouveaux progrès substantiels en matière de délimitation constituent un facteur important pour réduire les tensions, éviter les malentendus et les incidents à la frontière internationale.
- La violence, les menaces, la rhétorique dure et la diffusion de fausses informations doivent cesser afin de créer un environnement propice à la paix et aux pourparlers de normalisation. Il est plus urgent que jamais de s'engager à nouveau à dialoguer de bonne foi. Il faut pour cela que toutes les parties s'engagent véritablement à œuvrer en faveur de résultats négociés. Les questions humanitaires doivent être résolues et des mesures concrètes doivent être prises d'urgence pour rétablir la confiance.
- L'UE reste pleinement déterminée à faciliter le dialogue entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan et à soutenir les efforts visant à renforcer la paix et la sécurité dans le Caucase du Sud, dans l'intérêt de tous les habitants de la région. Nous ne devons pas perdre la dynamique créée ces derniers mois pour régler le conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Il est important de poursuivre les négociations.