Les États-Unis pourraient accroître leur coopération en matière de sécurité dans la région

Actualité
15.09.2023

Dans le compte-rendu classé sensible mais non confidentiel de son intervention devant le Sénat américain, hier 14 septembre, Yuri Kim, Secrétaire d'État adjoint aux affaires européennes et eurasiennes et proche conseillère de Joe Biden affirme, au conditionnel, que les États-Unis pourraient s'engager davantage en matière de sécurité dans la région.

Par Olivier Merlet

 

De quelle sorte ? Cette proche de Joe Biden s'en est tenue là. Elle a toutefois répété à plusieurs reprises que l'intérêt stratégique que représentait la région du Sud-Caucase constituait pour les Etats-Unis, précisant même très clairement à quel titre : « L'administration reste convaincue que la paix dans le Caucase du Sud est susceptible de transformer la région et de faire progresser les intérêts des États-Unis. Nous avons aujourd'hui une opportunité stratégique de combattre l'influence néfaste dans la région d'acteurs tels que la Russie, la Chine et l'Iran en instaurant une paix durable qui élargira notre coopération bilatérale en matière d'économie et de sécurité et de renforcer la sécurité énergétique des partenaires et alliés européens ».

Yuri Kim répondait en fait au sénateur démocrate Bob Menendez, président de la Commission des Affaires étrangères du Sénat américain. Très engagé depuis longtemps en faveur du règlement de la crise au Haut-Karabagh, celui-ci, en employant des mots forts, a pointé du doigt les discours et attitudes de bonne figure inutiles affichés ces derniers mois au sortir de chaque plateforme de négociations : « Au cours de l'année écoulée, les États-Unis ont contribué à faciliter la conclusion d'un accord plus long et plus durable entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Je soutiens tous les efforts visant à assurer une paix durable, la sécurité et les droits fondamentaux de tous les habitants de la région. Mais la réalité est la suivante : les discussions n'ont aucune valeur lorsque l'un des participants à ces pourparlers mène une campagne de nettoyage ethnique. […] Quelles options avons-nous pour contraindre le gouvernement de Bakou à ouvrir enfin l'accès au corridor de Lachin ? Que faisons-nous pour dissuader Aliyev de déclencher un nouveau conflit ? Pourquoi n'envisageons-nous pas plus publiquement des sanctions pour des activités dont je pense que nous sommes tous d'accord pour dire qu'elles sont clairement sanctionnables ? ».

La Secrétaire d'État adjoint aux affaires européennes et eurasiennes s'est malheureusement gardée de la moindre allusion à de quelconques sanctions, ni même au contournement de la section 907 de la loi sur le soutien à la liberté* contre lequel Bob Menendez s'était encore élevé trois jours auparavant : « J'ai exprimé à plusieurs reprises ma profonde opposition à la renonciation à la section 907, qui permet aux États-Unis d'apporter une aide à son régime [NDLR : celui d'Ilham Aliyev ». Cela modifie clairement l'équilibre des forces militaires entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie en faveur d'Aliyev. […] J'espère que la communauté internationale est vigilante, car lorsque le président Aliyev sera jugé pour crimes contre l'humanité - comme je pense qu'il devrait l'être - la charge de la preuve sera très élevée ».

En revanche, annonçant donc que « Les États-Unis pourraient accroître leur coopération en matière de sécurité dans la région et renforcer la confiance et la capacité de chaque pays à préserver et à protéger sa souveraineté et son indépendance », Yuri Kim a exigé de l'Azerbaïdjan « de fournir des garanties internationalement vérifiables du respect de leurs droits et de leur capacité à rester chez eux et à vivre sans crainte. Je tiens à être clair sur un point essentiel : les États-Unis ne toléreront aucune action ou effort - à court ou à long terme - visant à procéder à un nettoyage ethnique ou à commettre d'autres atrocités à l'encontre de la population arménienne du Haut-Karabakh ».

Le sénateur Bob Mendez avait auparavant refermé ses interrogations en ces termes : « Je dois être honnête avec vous. Je ne comprends pas quand nous nous réunissons et que nous disons "Plus jamais ça". Plus jamais". Et nous voilà, sous nos yeux, en train de voir l'histoire se dérouler d'une manière qui défie notre supposé engagement en faveur du "plus jamais ça". Est-il si important pour nous, malgré le fait qu'Aliyev se rapproche de plus en plus de la Russie, que nous nous unissions à quelqu'un qui est en train de créer un nettoyage ethnique ? Est-ce là l'histoire que veulent les États-Unis ? Est-ce le côté de l'histoire que nous voulons défendre ? »