En visite à Erevan le 3 octobre, la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna a annoncé l'accord de la France sur la livraison d'armes à l'Arménie.
Par Olivier Merlet
« Je voudrais indiquer publiquement que la France a donné son accord à la conclusion de futurs contrats forgés avec l'Arménie qui permettront la livraison de matériel militaire pour qu'elle puisse assurer sa défense. Vous comprendrez que je ne puisse pas entrer dans plus de détails pour le moment ».
Plusieurs fois reporté puis même annulé, le point-presse attendu de la ministre française des Affaires étrangères a finalement eu lieu hier soir aux côtés de son homologue arménien, Ararat Mirzoyan, au terme d'une visite au programme bousculé.
Catherine Colonna devait initialement se rendre dans le Syunik, « région mobilisée la première pour accueillir les réfugiés arméniens contraints de fuir leurs terres». Elle devait aussi y installer symboliquement la nouvelle consul honoraire nommé par Paris. Contrainte par les conditions climatiques, officiellement, et sans doute au regard de ses priorités, elle a préféré rester sur Erevan. Arrivée dans la matinée, elle a enchaîné les visites: au Centre National des grands brûlés, aux délégations humanitaires dont celles de la Croix-Rouge arménienne, mais aussi les entretiens avec la ministre de la santé, le directeur du CICR, puis, en fin d'après-midi, avec le Premier ministre. La conférence de presse conjointe avec Ararat Mirzoyan marquait la fin de cette journée-marathon.
La visite de Catherine Colonna à Erevan, « pour manifester le soutien de la France à l'Arménie et au peuple arménien dans les épreuves qu'ils traversent aujourd'hui », se voulait aussi comme la réponse de la France, une semaine après la disparition actée du Haut-Karabagh et l'exode massif -quasi total- de sa population. « Une façon de marquer l'extrême vigilance qui sera celle de la France face à toute tentative de menacer ou de songer à porter atteinte à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de l'Arménie,[…] Toute action en ce sens donnerait lieu à des réactions robustes, que personne n'en doute ».
Soutien confirmé et renouvelé à l'Arménie, humanitaire bien sûr, « devoir d'humanité et de solidarité » dont la ministre a rappelé le montant - 12,5 millions d'euros depuis le début de l'année –, s'engageant à ce qu'il se poursuive « et se manifeste à nouveau si cela est nécessaire ». Quatre grands brulés de la catastrophe d'Askeran seront à ce titre évacués vers les hôpitaux français ce week-end.
La réponse est également politique et diplomatique, « dans ce qui reste la base de la poursuite de nos efforts, la réaffirmation des deux états du respect mutuel de leur intégrité territoriale sur la base des frontières internationales de 1991 et de l'accord d'Almaty ».
Dans ces conditions désormais entérinées, le ministre français de la défense, Sébastien Lecornu, avait déjà fait savoir en fin de semaine dernière qu'il « examinait le cas échéant leurs besoins [de l'Arménie], notamment en matière de défense et de protection ». Catherine Colonna a donc confirmé hier « l'accord [de la France] à la conclusion de futurs contrats forgés avec l'Arménie qui permettront la livraison de matériel militaire. […] Nous agissons bien sûr dans ce domaine avec un esprit de responsabilité de part et d'autre et sans aucun esprit d'escalade, tout en notant qu'à côté de l'Arménie, un pays voisin n'a eu de cesse de s'armer pour entreprendre des actions offensives, comme on l'a vu encore hélas le 19 septembre ».
Interrogée enfin sur d'éventuelles conditions supplémentaires qui auraient permis cet accord et notamment un engagement de l'Arménie à se retirer du traité de défense commune qui la lie à la Russie -l'OTSC-, la cheffe de la diplomatie française a laissé répondre son homologue arménien. « Nos partenaires ne nous ont jamais soumis une telle exigence ou une telle question concernant le retrait de l'OTSC » a assuré Ararat Mirzoyan.