Annoncé il y a déjà une semaine, le rassemblement de dimanche prochain, 26 mai, Place de la République décidera de l'avenir du plus grand mouvement de contestation populaire qu'ait connu l'Arménie depuis 2018.
Par Olivier Merlet
Tout se jouera dimanche prochain à 16 heures sur la place de la République. De l'ampleur du rassemblement annoncé dépendra en effet la poursuite ou l'échec du "Mouvement pour la patrie" né sur les frontières "reproduites" du Tavush fin avril.
« Nous connaissons vos nombreuses questions, nous avons des réponses claires » a assuré l'archimandrite Bagrat Galstanyan dans un message vidéo posté hier soir sur les réseaux sociaux et largement repris dans la presse ce matin. « [Les gens] sauront qui est le candidat au poste de Premier ministre, ils sauront quel est le plan, ils sauront comment nous allons avancer, comment le pouvoir sera transféré » répondait-il encore aux journalistes.
Si le succès est effectivement au rendez-vous dimanche soir, le processus légal et démocratique que promet de suivre le mouvement marquera en fait le début d'un véritable chemin de croix dont la première station sera d'engager, à l'Assemblée nationale, une procédure de destitution du Premier ministre à laquelle doivent s'associer au moins 36 députés. Ceux de l'opposition en totalisent 35, et le député indépendant dont on évoquait le ralliement, Ishkhan Zakaryan, ne s'est toujours pas exprimé officiellement à l'étranger.
Avec encore un nouveau "si", (pour "mettre Erevan en bouteille"), le projet devra bien sûr être débattu et soumis au vote du Parlement très majoritairement détenu par le Contrat Civil au pouvoir. Son adoption requerrait cette fois 54 des 107 suffrages parlementaires, soit de convaincre au moins 19 fidèles de Nikol Pashinyan de tourner casaque.
« Nous avons mis au point une séquence d'étapes et une stratégie en parallèle. Maintenant, il y aura une destitution, il y aura des démissions, il y aura une question de suppression des mandats, toutes les options sont possibles », affirmait encore hier soir le révérend Bagrat.
Depuis une dizaine de jours, l'homme d'église et son équipe n'ont cesse de multiplier les contacts, tant dans les sphères politiques que de la société civile. Serge Sargsyan, troisième président d'Arménie, a officiellement annoncé son soutien et celui de son parti, le parti républicain. « Nous sommes prêts à tout, pour que ce mouvement réussisse et qu'il y ait un changement de pouvoir ». Bagrat Galstanyan a également laissé entendre la possibilité d'une rencontre avec les deux autres présidents sans en préciser la date ni si elle avait déjà eu lieu.
