
Aujourd'hui, les médias arméniens ont presqure tous publié cet article du Premier-ministre Nikol Pashinyan. Cette publication a accompagné l'information sur l'ouverture, par le territoirte arménien, de voies de transportation de marchandises allant de l'Azerbaïdjan vers son enclave Nakhidjevan.
« La question de la connectivité régionale est celle qui est le plus souvent exploitée ou mise en avant par l'Azerbaïdjan. L'Azerbaïdjan affirme que l'Arménie ne respecte pas ses obligations, faisant référence à un fait évident que les voies de communication entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan sont fermées.
Il faut tout d’abord de souligner que l’Arménie n’a aucune obligation unilatérale. Les deux parties se sont engagées à ouvrir toutes les voies de transport et toutes les communications économiques entre elles. Aujourd’hui, aucune voie de transport ou de communication économique de l’Azerbaïdjan n’est ouverte à l’Arménie ou à ceux qui passent par l'Arménie, aucun chemin, aucune voie ferrée, aucun pipeline, aucune ligne de transmission électrique, aucun câble.
Toutes les routes d'Arménie sont ouvertes à l'Azerbaïdjan. Depuis 2022, le gouvernement a mis en circulation un projet de décision pour ouvrir trois points de passage à la frontière entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, permettant aux camions et véhicules de passagers azerbaïdjanais d'entrer sur le territoire arménien et de circuler vers le Nakhitchevan et la Turquie.
Ces décisions n'ont pas été adoptées uniquement en raison de la position de rejet de l'Azerbaïdjan, mais elles pourraient être adoptées par le gouvernement arménien d'ici une semaine ou deux. Bien sûr, il n'y a pas encore d'infrastructures pour entrer vers le Nakhitchevan, et elles doivent être construites, mais cela pourrait être fait assez rapidement.
Mais actuellement, en termes d'infrastructure physique, par exemple, les camions peuvent entrer sur le territoire de la République d'Arménie à travers le point de passage de Kornidzor, sur le tronçon de Latchine-Kornidzor, et circuler jusqu'à la frontière arméno-turque et entrer en Turquie par le point de passage de Margara. Et inversement. L'infrastructure physique nécessaire au transport de marchandises en transit est déjà prête, il reste à prendre une décision juridique. Nous sommes prêts à prendre cette décision si l'Azerbaïdjan et la Turquie sont intéressés.
Nous assurons la sécurité du transport de marchandises, mais s'il existe des difficultés psychologiques parmi les conducteurs et les camions azerbaïdjanais, le transport de marchandises peut être organisé par des camions turcs, qui ont toujours roulé et continuent de rouler activement sur les routes d'Arménie. Les camions d'autres pays peuvent également le faire.
Mais je tiens à souligner officiellement que l'Arménie n'a jamais pris d'engagement écrit ou oral, n'a jamais accepté, et n'a même pas sous-entendu qu'elle pourrait déléguer la sécurité sur son territoire, y compris pour les transports internationaux ou azerbaïdjanais de passagers ou de marchandises, à un autre pays. Cela n'a jamais eu lieu et cela n'existe tout simplement pas. Au contraire, l’Arménie s’est engagée à garantir la sécurité du passage, ce que nous sommes prêts à faire.
L'Arménie n'a jamais pris d'engagement écrit ou oral, n'a jamais accepté, et n'a même pas sous-entendu qu'elle pourrait accepter une quelconque limitation de sa souveraineté, de sa juridiction ou de son intégrité territoriale, y compris sur la question de la communication de l’Azerbaïdjan occidental à travers le territoire de la République d’Arménie vers la République autonome du Nakhitchevan.
La communication de l’Azerbaïdjan occidental à la République autonome du Nakhitchevan à travers le territoire de la République d’Arménie est un sous-thème du thème des voies de communication régionales, et ici aussi l’Arménie n’a jamais constitué un obstacle.
De plus, dans cette question aussi, nous avons été et continuons à être créatifs et flexibles au maximum. En 2022, pour répondre aux préoccupations de l'Azerbaïdjan, nous avons proposé, sur la base du principe de réciprocité, de confier à une organisation internationale spécialisée le contrôle des passages frontaliers pour les passeports des citoyens et le contrôle douanier et autres des marchandises. L'Azerbaïdjan n'a pas accepté.
Maintenant, compte tenu de l'affirmation de l'Azerbaïdjan selon laquelle en raison du conflit de longue date, les citoyens azerbaïdjanais éviteront de passer par la frontière de la RA et le contrôle douanier, nous avons proposé qu’à ce stade, l'ouverture de la communication dans les directions Zangelan-Meghri-Ordubad et vice versa, et dans les directions Yeraskh-Ordubad-Meghri et vice versa commence par le transport de marchandises par chemin de fer.
Par ailleurs, nous avons également proposé par écrit une option qui ne diminue la souveraineté, la juridiction ni l'intégrité territoriale de l'une ou l'autre des parties. Si la préoccupation de Bakou est d'assurer des livraisons fiables avec le Nakhitchevan et dans l'autre direction, cette question est résolue. Il reste à l'Azerbaïdjan de dire oui. La construction de la ligne ferroviaire Nrnadzor-Karchevan sur le territoire arménien prendra un certain temps. Une courte section de la voie ferrée devrait également être construite sur le tronçon Yeraskh-Sadarak, mais cela est nécessaire pour la liaison ferroviaire Arménie-Arménie et Azerbaïdjan-Turquie, et ces travaux peuvent également être réalisés rapidement.
Sur le même principe, nous sommes prêts à assurer le transit des pipelines, des lignes de transmission électrique, et des câbles de l'Azerbaïdjan vers le Nakhitchevan. Il est incompréhensible pourquoi ces propositions sont rejetées par l'Azerbaïdjan. J’espère ne pas créer de faux prétextes pour une escalade.
L'Azerbaïdjan déclare aussi que si l'Arménie ne fournit pas de route vers le Nakhitchevan, ils assureront la connexion entre l'Azerbaïdjan occidental et le Nakhitchevan à travers le territoire de la République islamique d'Iran. Pas de problème, nous ne nous opposons pas, cela relève des relations entre la République islamique d'Iran et l'Azerbaïdjan, et de leur propre décision.
Mais pour être clair, nous affirmons que la République d'Arménie est prête à fournir le même passage de l'Azerbaïdjan occidental vers la République autonome du Nakhitchevan, dans les mêmes conditions juridiques que celles proposées par l’Iran.
En réponse, l’Azerbaïdjan affirme que le passage doit se faire sans entrave. En d’autres termes, le passage par l’Iran est-il entravé ? Après tout, nous disons que nous sommes prêts à assurer le même passage dans les mêmes conditions juridiques.
Sur la base de la réciprocité, nous sommes prêts à mettre en œuvre certaines simplifications des procédures de transition et à introduire des mécanismes automatisés. Alors pourquoi l'Azerbaïdjan rejette-t-il nos propositions constructives?
Ma conviction est claire. L'ouverture de toutes les communications économiques et de transport régionales, y compris de l'Azerbaïdjan occidental à travers le territoire de la République d'Arménie vers la République autonome du Nakhitchevan et retour, de Meghri de la République d'Arménie à Yeraskh à travers le territoire de l'Azerbaïdjan (République autonome du Nakhitchevan) et retour, est entièrement préparée et seul l'accord de l'Azerbaïdjan est nécessaire pour sa mise en œuvre. »
NIKOL PASHINYAN
Premier ministre de la République d'Arménie