Bakou condamne le graffeur français à 3 ans de prison

Région
13.09.2024

Le verdict rendu par le tribunal de Bakou le 10 septembre est un nouveau signe de la détérioration des relations entre Paris et Bakou qui reproche au président français, Emmanuel Macron, son soutien à l'Arménie.

Par Olivier Merlet

 

Nous en parlions il y a quelques jours, Théo Clerc, 38 ans, est arrivé le 25 mars à Bakou accompagné de deux autres graffeurs, un Néo-zélandais et un Australien, trois amis de longue date. Le 30 mars dernier, les trois artistes réalisent chacun un graffiti sur trois rames de métro différentes de la capitale. Des œuvres qui ne présentaient aucun caractère politique. Le lendemain, ils sont arrêtés à l'aéroport de Bakou alors qu'ils étaient sur le point de quitter le pays.

Après plusieurs mois de détention, Théo Clerc a été jugé et condamné mardi dernier, 10 septembre, à 3 ans de prison ferme alors que les deux autres artistes ont reçu de simples amendes pour les mêmes faits. Selon leur avocat, azerbaïdjanais, « la seule différence entre les trois cas, c'est la nationalité ». Dans un communiqué le Quai d'Orsay dénonce un traitement arbitraire et discriminatoire.

« La France dénonce le traitement arbitraire et ouvertement discriminatoire dont est victime notre compatriote Théo Clerc en Azerbaïdjan. […] Dès son arrestation en avril dernier, l’ambassade de France à Bakou a pris l’attache des autorités azerbaïdjanaises compétentes pour exercer la protection consulaire à son bénéfice de notre compatriote, conformément aux dispositions de la convention de Vienne sur les relations consulaires. Elle a assisté à toutes les audiences du procès.

Pour mémoire, il est déconseillé, sauf raison impérative, aux ressortissants français, y compris binationaux, de se rendre en Azerbaïdjan en raison du risque de détention arbitraire et de jugement inéquitable dans ce pays, dont le système judiciaire ne présente aucune garantie d’indépendance ou en matière de droits de la défense ».

L'Azerbaïdjan a rejeté ces critiques qualifiées d'inadmissibles. « La déclaration du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères de la France sur la prétendue discrimination à l’égard du citoyen français Théo Clerc et la « décision injuste » du tribunal à son encontre, ainsi que le fait que la France, qui se qualifie d’« État de droit », ignore les procédures judiciaires de l’Azerbaïdjan, sont inadmissibles».

Depuis plusieurs mois Bakou reproche à Paris son soutien militaire et diplomatique à l'Arménie, les relations entre les deux pays sont exécrables. Aïkhan Hadjizadé, le du porte-parole du ministère azerbaïdjanais conclut son communiqué en ces termes : « Tout le monde est bien conscient des violations du droit international, de la politique néocoloniale, des activités racistes, discriminatoires et islamophobes, ainsi que des restrictions des droits de l’homme en France, qui avance des allégations sur l’autorité judiciaire et les droits de l’homme en Azerbaïdjan et tente de donner au monde une « leçon de démocratie »…