Lors de son intervention au troisième "Forum arménien de la démocratie » organisé le 1er juillet à Erevan, le Premier ministre, prudent mais bien maladroit, a rejeté l'idée de la tenue d'un referendum populaire sur une candidature arménienne a l'adhésion européenne.
Par Olivier Merlet
« En tant que fonctionnaire autorisé à représenter le peuple arménien, je connais l'opinion du peuple arménien » a rapporté hier l'agence de Presse officielle Armenpress, citant le Premier ministre Nikol Pashinyan. Propos pour le moins populistes et d'autant plus surprenants qu'ils étaient exprimes au 3eme Forum arménien de la démocratie.
Faisant allusion aux récentes consultations parlementaires qui proposaient l'organisation d'un referendum sur le rapprochement de l'Arménie et de l'Union européenne. le Premier ministre a ajouté « Ils disent qu'il faut organiser un référendum pour manifester, pour donner l'occasion au peuple de soutenir cette idée. Je suis désolé, j'ai moi-même annoncé, m'exprimant au Parlement européen, que l'Arménie était prête à se rapprocher de l'UE pour autant qu'elle le jugeait possible. Si je pensais que le peuple arménien ne soutenait pas cette idée, je n’aurais pas fait une telle déclaration ou si je faisais une telle déclaration dans des conditions où le peuple arménien ne soutient pas cette idée, je ne serais pas Premier ministre arménien ».
Ce rejet de l'idée de la tenue d'un referendum, bien que maladroitement exprimée, sans doute, illustre cependant et la prudence et le réalisme du gouvernement, finalement, face aux espoirs que ses nouvelles orientations de politique étrangères ont pu un moment susciter. La « rupture de facto » du processus géorgien d'adhésion signifiée la semaine dernière par les responsables européens, mais aussi, et sans doute surtout, la situation économique et sociale en Arménie, l'engagent en effet à ne pas nourrir d'ambitions qu'elle ne pourrait tenir et placerait son gouvernement en porte à faux devant un peuple arménien dont il dit si bien connaitre l'opinion.
« Les gens demanderont, entre autres, si l'Union européenne elle-même souhaite l'adhésion de l'Arménie. Et je ne pourrai pas répondre à cette question. Car aujourd'hui, des processus sont en cours au sein de l'Union elle-même, et nous devons les évaluer. Des élections ont eu lieu dans ses pays membres dont les résultats soulèvent au moins des questions », a conclu le Premier ministre.