Lors de la session gouvernementale ce 15 février, Nikol Pashinyan, a tenu à répondre aux menaces du président azerbaïdjanais prononcées lors de sa cérémonie d'investiture, hier à Bakou.
Hier, 14 février, Ilham Aliyev prononçait son discours d'investiture - le cinquième en vingt ans de règne - devant les députés du Milli Medjlis, le parlement azerbaïdjanais. « Notre armée a montré sa force non pas dans les entraînements, ni dans les défilés, mais sur le champ de bataille. L’Arménie et ceux qui la soutiennent militairement doivent savoir que rien ne peut nous arrêter. Si les revendications territoriales contre nous ne cessent pas, si l'Arménie ne remet pas sa législation en ordre normal, il n'y aura bien sûr pas de traité de paix », a-t-il déclaré.
À Erevan ce matin, Nikol Pashinyan en session gouvernementale a évoqué devant ses ministres les incidents survenus à la frontière dans la nuit du 12 au 13 février dans la province du Syunik. « La description des événements montre que les intentions de l'Azerbaïdjan restent les mêmes : poursuivre une politique de coercition militaire contre la République d'Arménie », a-t-il noté, mettant fortement en doute la volonté réelle des autorités de Bakou quant à la reconnaissance mutuelle de la souveraineté territoriale des deux États et à la sécurisation de leur frontière. « Dès 2022, il a été convenu que les questions de sécurité des frontières devraient également être incluses dans le mandat des commissions chargées des questions de démarcation. […] L'Azerbaïdjan, contrairement à l'accord, a qualifié la commission créée par lui-même de commission d'État pour la démarcation de la frontière d'État entre la République d'Azerbaïdjan et la République d'Arménie, en omettant le volet sécurité ».
Le Premier ministre a également mentionné les discussions sur les territoires arméniens et azerbaïdjanais passé sous contrôle ennemi ces trente dernières années. « Vous avez certainement remarqué que l'Azerbaïdjan parle régulièrement des territoires de 4 villages, tout en refusant de reconnaitre que les territoires vitaux de 31 villages non enclavés de la République d'Arménie sont sous occupation azerbaïdjanaise. Ce 31 contre 4 s’applique donc aux villages hors enclave », a fait remarquer le chef du gouvernement. Se référant une nouvelle fois aux principes de la déclaration d'Alma Ata, reconnus et acceptés à deux reprises par Ilham Aliyev depuis la guerre des 44 jours, il a estimé qu'il ne restait plus qu'un « travail technique pour reproduire sur des cartes et sur le terrain la frontière de jure existante entre les RSS d'Arménie et d'Azerbaïdjan à partir de 1991. La question des enclaves ou exclaves devrait également être abordée selon le même principe. »
« L'Azerbaïdjan continue de poursuivre la politique consistant à "donnez-moi ce que je veux par la négociation, sinon je l'accepterai par la guerre" », a commenté Nikol Pashinyan. « Un certain nombre des déclarations officielles de Bakou ces derniers jours concernant le cadre législatif de l'Arménie constituent une violation de la souveraineté de notre pays et une ingérence dans les affaires intérieures de notre pays. […] il n'y a aucune disposition dans la législation de la République d'Arménie qui empêche la mise en œuvre de l'accord de paix ».
Rappelant enfin le droit légitime de chaque pays à disposer d'une armée « forte et prête au combat », le Premier ministre a une nouvelle fois souligné : « La République d'Arménie reconnaît l'intégrité territoriale de tous les pays voisins et n'a aucun objectif en dehors de son propre territoire ».