Après leur rencontre informelle du 3 mars à New Dehli, c'est dans un cadre tout à fait officiel qu'Ararat Mirzoyan et le chef de la diplomatie russe mèneront une série d'entretiens ce 20 mars à Moscou.
Par Olivier Merlet
Les relations bilatérales entre l'Arménie et la Russie ont connu des jours meilleurs, c'est le moins que l'on puisse dire. Dans un contexte de rupture éventuelle avec l'OSCE, des reproches à l'encontre de Moscou pour sa non-insistance à assurer la sécurité des Arméniens du Karabagh et du déploiement d'observateurs européens aux marches de sa zone d'influence, la visite d'aujourd'hui semble revêtir une importance indéniable à en juger par la longueur inhabituelle du communiqué de presse annonçant la visite d'Ararat Mirzoyan; publié hier par le ministère russe des Affaires étrangères.
Il rappelle que celle-ci s'inscrit dans « la continuité des contacts traditionnellement étroits entre Moscou et Erevan à tous les niveaux » et qu'elle prévoit d'aborder « de manière approfondie les prochaines étapes du développement de la coopération russo-arménienne […], consolidé par l'alliance privilégié et son orientation stratégique réaffirmées conjointement par les dirigeants de la Russie et de l'Arménie le 19 avril 2022 ».
Si l'on pouvait douter de l'intensité et de l'importance que Moscou attache à ses relations avec l'Arménie, le communiqué en énumère presqu'exhaustivement tous les aspects: financiers, économiques, culturels et bien sûr politiques, à tous les niveaux de l'appareil gouvernemental des deux pays. Il insiste tout particulièrement sur les contacts nombreux et ininterrompus, non seulement des ministres des Affaires étrangères mais surtout de Nikol Pashinyan et Vladimir Poutine.
Le communiqué ajoute qu'au cours des réunions de ce jour, « les ministres discuteront des questions de l'agenda régional de la mise en œuvre des accords entre la Russie, l'Arménie et l'Azerbaïdjan ainsi que des perspectives de renforcement de la coopération dans les associations d'intégration communes - la CEI, l'UEE et l'OTSC».
Dans son dernier briefing, la porte-parole du ministère russe, Maria Zakharova, prévoyait des discussions « sur le règlement de la situation autour du corridor de Latchine et, en général, la mise en œuvre des accords sur la question du Haut-Karabakh ». Elle ajoutait à propos du lancement du processus de délimitation de la frontière arméno-azerbaïdjanaise, destiné à contribuer à la cessation des incidents frontaliers : « la Russie fournira l'assistance consultative nécessaire à la demande des parties. Nous considérons les pourparlers à venir comme la poursuite d'un travail commun visant à maintenir un dialogue de confiance et à développer toute la gamme des liens alliés. Nous leur accordons une grande importance dans le contexte des tentatives éhontées des pays occidentaux de brouiller nos États et de saper l'architecture de sécurité en cours de construction dans la région ».
Le 17 mars à Erevan, lors d'une réunion de commission à l'Assemblée nationale, le vice-ministre des Affaires étrangères, Paruyr Hovhanisyan remarquait : « Nous savons tous que la Russie est sensible à la mission de l'UE et nous discutons de cette question avec nos partenaires. Elle sera à l'ordre du jour de la visite du ministre des Affaires étrangères à Moscou prévue dans les prochains jours ».