Pourparlers de paix ? L'Europe prend note

Actualité
07.04.2022

En fin de soirée hier, Bruxelles publiait le communiqué rendant compte de la réunion tripartite entre le premier ministre Nikol Pashinyan, Ilham Alyev, président de la république d'Azerbaïdjan et Charles Michel, président du Conseil de l'Europe.

Par Olivier Merlet

La montagne a accouché d'une souris. C'est le sentiment laissé en substance à la lecture du communiqué résumant la rencontre des trois dirigeants le 6 avril à Bruxelles. Les divers échanges entre Erevan et Bakou depuis la mi-mars et les déclarations respectives de leurs ministres des Affaires étrangères semblaient avoir posé le cadre d'une négociation « globale et rapide » dont on attendait au moins l'ouverture. Il a été simplement précisé que « Le Président Michel a pris note de la volonté exprimée tant par le Président Aliyev que par le Premier Ministre Pashinyan de progresser rapidement vers un accord de paix entre leurs pays » et de « charger les ministres des affaires étrangères de travailler à la préparation d'un futur traité de paix, qui abordera toutes les questions nécessaires » dont « le suivi adéquat [sera assuré] au niveau des dirigeants ».

Lors d'une conversation privée avec Charles Michel en préalable à la réunion, Nikol Pashinyan a « souligné la nécessité d'une réponse ciblée de la communauté internationale sur les actions récentes des unités azerbaïdjanaises et les problèmes humanitaires en Artsakh ». Le communiqué final de l'entretien tripartite, sans y faire nommément référence, évoque « la discussion des récentes tensions signalées et ont réaffirmé la nécessité d'adhérer pleinement aux dispositions de la déclaration trilatérale des 9 et 10 novembre 2020 ».

Revenant sur « la nécessité d'un règlement complet et rapide de toutes les questions humanitaires en suspens, y compris la libération des détenus restants et le traitement complet de la question des personnes disparues », le président Michel réaffirme le soutien de l'Union européenne aux « efforts de déminage humanitaire, en continuant notamment à fournir des conseils d'experts et en renforçant l'aide financière, ainsi que l'aide aux populations touchées par le conflit, la réhabilitation et la reconstruction »

C'est peut-être sur la question de délimitation et de démarcation des frontières que porte le résultat les plus significatif de ces échanges, avec l'annonce de la constitution d'ici à la fin de ce mois d'avril, d'une « commission frontalière mixte ». Avant de préciser à ce sujet qu'« assurer une distance appropriée entre les forces est un élément essentiel de la prévention des incidents et de la réduction des tensions », le communiqué définit le mandat de cette commission en deux points : «délimiter la frontière bilatérale entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan et assurer une situation de sécurité stable le long et à proximité de la frontière ».

Saluant enfin, « les mesures prises en vue du rétablissement des lignes ferroviaires, tout en encourageant l'Arménie et l'Azerbaïdjan à trouver également des solutions efficaces pour le rétablissement des liaisons routières », l'Union européenne se dit prête à soutenir le développement des liens de connectivité entre les deux pays « notamment dans le cadre de son plan économique et d'investissement »

Rendez-vous a été pris par les dirigeants pour suivre ultérieurement l'avancée de ces questions. En l'absence du groupe de Minsk, dont la médiation était réclamée par Erevan, et sans doute celle de Moscou, concentrée sur d'autres enjeux, peut-être faudra-t-il attendre l'apaisement des tensions mondiales avant de résoudre les questions sécuritaires arméniennes et celle du statut du Karabakh. Un nouveau statu quo semble se dessiner, le temps joue peut-être en faveur de l'Arménie...