La faculté des arts et des sciences de l’Université libano-américaine (LAU) s’engage pour la sauvegarde de cette langue, menacée de disparition, dans la communauté arménienne du Liban.
Par Nour KREIDY, L'Orient-Le Jour
Le programme de formation continue mis en place par l’Université libano-américaine (LAU) s’adresse aux enseignants scolaires en langue arménienne.
« Le département des sciences sociales et éducatives de la LAU a réussi à obtenir une subvention compétitive offerte par la Fondation Calouste Gulbenkian pour financer un programme de recherche et de développement visant à renforcer les capacités professionnelles des enseignants de langue arménienne au Liban, et cela grâce aux efforts des professeurs Rima Bahous et Hagob Yacoubian », explique Cathia Jenainati, doyenne de la faculté des arts et des sciences à la LAU.
Depuis novembre dernier, vingt-cinq enseignants libanais d’origine arménienne bénéficient d’une formation universitaire gratuite dispensée par la LAU sur une période de deux ans dans l’objectif d’acquérir des connaissances théoriques et des outils éducatifs innovants. Un cursus qui les familiarise à plusieurs techniques novatrices leur permettant d’expérimenter de nouvelles méthodes d’enseignement et de faciliter l’apprentissage de l’arménien. Rima Bahous, membre du corps professoral au département des sciences sociales et éducatives à la LAU et coresponsable de la gestion du projet sur le plan opérationnel, précise : « Au sein de la diaspora arménienne, on parle l’arménien occidental enseigné en dehors de l’Arménie et qui, selon l’Unesco, figure parmi les langues menacées de disparition. Or, nous savons tous que les Arméniens du Liban constituent l’une des communautés les plus actives au monde en raison de leur rôle et de leur présence dans la société libanaise, d’où l’urgence d’agir avec le personnel éducatif des écoles arméniennes du Liban afin d’empêcher cette extinction culturelle. »
La nécessité de cette initiative découle également du fait que les enseignants de langue arménienne au Liban « n’ont pas assez d’opportunités de développement professionnel, ni d’accès aux ressources éducatives adaptées au contexte libanais », comme le soulève Rima Bahous. « À vrai dire, nous avons un véritable devoir en tant qu’éducateurs d’intervenir dans la préservation et la diffusion du patrimoine culturel (arménien, NDLR), renchérit Cathia Jenainati. Autrement, nous serions complices de la dégradation du multiculturalisme qui fait la singularité de notre société libanaise. Même si ce projet peut paraître simple, ses principes ont une portée mondiale et une signification profonde sur la diversité des cultures que notre université tient à encourager. » Ainsi, et malgré les difficultés d’ordres économique et sanitaire auxquelles la plupart des Libanais se heurtent au quotidien, c’est dans une ambiance chaleureuse et positive que les participants se réunissent pour échanger. « Je dois dire que je n’ai jamais vu des personnes aussi motivées et engagées ! » s’enthousiame Rima Bahous. Ce projet, signe d’espoir en ces temps difficiles, constitue un exemple d’engagement promouvant l’éducation pour sauvegarder l’identité des futures générations arméniennes de la diaspora au Liban, terre d’accueil et de coexistence des civilisations.